| Syrianus, Syrianos, fils de Philoxène, était né à Alexandrie et y avait fait ses études dans la seconde moitié du IVe siècle, au temps de Théon, le père d'Hypatie et de l'archevêque Théophile; mais il s'était bientôt rendu à Athènes et attache à Plutarque le néo-platonicien, dont il secondait l'enseignement, lorsque y vint Proclus vers l'an 434 de notre ère. Deux ans après la mort de Plutarque, il devint le chef de l'école et de l'association, par conséquent le maître de Proclus, qu'il dirigea au delà de sa vingt-huitième année, ce qui place la mort du maître après 442. C'était à la fois un philosophe très savant et un mystique très crédule. Ses ouvrages, sa méthode, les sources où il puisait, et les textes qu'il expliquait avec ses élèves, prouvent l'un et l'autre. Sept livres de Commentaires sur Homère, quatre sur la Politique de Platon, dix sur l'accord d'Orphée de Pythagore et de Platon relativement aux Oracles, perdus pour nous, attestent son érudition. Isidore, le mari nominal d'Hypatie, qui ne cessait de scruter les anciens, Plotin surtout, mais aussi Jamblique, ses amis et ses compagnons, disaient que Syrianus était le meilleur d'entre eux. Syrianus, qui n'avait pas vu Jamblique, mort avant l'an 333, n'a pu être qualifié de compagnon de ce philosophe que dans un sens très large; il ne le connaissait que par ses écrits, mais il était son partisan; il était attaché à ce platonicien qui, tout en expliquant les Dialogues, songeait sans cesse à Pythagore aux Égyptiens et aux Chaldéens. C'était bien la le fond de ses prédilections et le secret de sa méthode. En effet, continuateur de celle de Plutarque, Syrianus lisait avec ses disciples, en moins de deux ans, tout Aristote. « Puis il passait avec ordre, dit Marinus (Vie de Proclus), de ces petits mystères aux vrais mystères, ceux qui dessillent les yeux et purifient l'âme, à Platon. » De Platon, Syrianus s'élevait aux Orphiques et aux Oracles de la Chaldée, abandonnant quelquefois à ses auditeurs le choix d'un cours sur les uns ou les autres. De concert avec Plutarque et la fille de ce dernier, qui seule conserva après lui la science des grandes orgies et toute la théurgie, Syrianus fut donc le véritable fondateur de cette portion de l'enseignement mystique qui distingue l'école de Proclus. Ce célèbre philosophe y eut sa part, mais son panégyriste Marinus la fait assez petite par le soin qu'il prend de la faire très grande. « En effet, quand il pria son maître, nous dit-il, de ne pas laisser inachevé le Commentaire sur les Orphiques, commencé d'après les communications de Syrianus, Proclus lui objecta qu'il en était détourné par une apparition de son vénéré maître, et se borna, malgré toute la ruse et les instances de son élève, à annoter ce que Syrianus avait écrit sur ces matières. » Cela nous prouve que, de l'aveu même de Proclus, c'est dans l'histoire plus approfondie des Origines philosophiques de Plutarque et de son élève Syrianus qu'il faut chercher les Origines philosophiques de Proclus pour ce qui regarde une partie notable de ses doctrines; qu'elles ne se trouvent pas dans ce qu'on appelle communément l'école d'Alexandrie; qu'elles se voient, au contraire, dans cette association athénienne qui se rattache à Jamblique et à Aedésius, l'un et l'autre auteurs de modifications si profondes dans l'enseignement de Porphyre et de Plotin. Il ne nous reste de Syrianus que des commentaires sur la Rhétorique d'Hermogène et sur trois livres de la Métaphysique d'Aristote, qui ont été traduits en latin par Bagolin, Venise, 1558. (J. M.). | |