| Alexandre Soumet est un poète français, né à Castelnaudary le 8 février 1788, mort à Paris le 30 mars 1845. Fils d'un ancien directeur du canal du Midi, il fit ses études à Toulouse, concourut sans succès pour l'Ecole polytechnique et se tourna vers les lettres, vit ses premiers vers couronnés par l'Académie des Jeux Floraux. Venu à Paris vers sa vingtième année, il y fit paraître son premier poème, le Fanatisme (Paris, 1808), chanta l'Empire dans un Dithyrambe au Conquérant de la paix (Paris, 1808); le Mariage de Napoléon et de Marie-Louise (1810), la Naissance du roi de Rome (1811), pièces qui le firent nommer auditeur au conseil d'Etat; de nouveaux poèmes : l'incrédulité (Paris, 1810), un des meilleurs; les Embellissements de Paris (Paris, 1812); les Derniers Moments de Bayard (Paris, 1815); la Découverte de la vaccine (Paris, 1815), ces trois derniers couronnés par l'Académie française, tandis que Mme de La Vallière, Hymne à la Vierge, l'étaient par les Jeux Floraux (1811). Bien que la chute de I'Empire lui eût fait perdre son titre d'auditeur, il ne bouda pas la Restauration, qui l'en récompensa par la place de bibliothécaire à Saint-Cloud, puis à Rambouillet, défendit la personne la plus influente alors dans sa brochure les Scrupules littéraires de Mme de Staël (Paris, 1814, in-8), où il se montre déjà partisan de ce que sera le romantisme et se montra poète élégiaque dans la Pauvre Fille (1814). - La pauvre fille, d'Alexandre Soumet « Oh! pourquoi n'ai-je pas de mère? Pourquoi ne suis-je pas semblable au jeune oiseau Dont le nid se balance aux branches de l'ormeau? Rien ne m'appartient sur la terre; Je n'eus pas même de berceau, Et je suis un enfant trouvé sur une pierre Devant l'église du hameau. Loin de mes parents exilée, De leurs embrassements j'ignore la douceur, Et les enfants de la vallée Ne m'appellent jamais leur soeur! Je ne partage pas les jeux de la Veillée; Jamais sous son toit de feuillée Le joyeux laboureur ne m'invite à m'asseoir; Et de loin je vois sa famille, Autour du sarment qui pétille, Chercher sur ses genoux les caresses du soir. Vers la chapelle hospitalière En pleurant j'adresse mes pas, La seule demeure ici-bas Où je ne sois point étrangère, La seule devant moi qui ne se ferme pas! Souvent je contemple la pierre Où commencèrent mes douleurs; J'y cherche la trace des pleurs Qu'en n'y laissant peut-être y répandit ma mère. Souvent aussi mes pas errants Parcourent des tombeaux l'asile solitaire, Mais pour moi les tombeaux sont tous indifférents. La pauvre fille est sans parents Au milieu des cercueils ainsi que sur la terre. J'ai pleuré quatorze printemps Loin des bras qui m'ont repoussée Reviens, ma mère, je t'attends Sur la pierre où tu m'as laissée! » (A. Soumet). | Retiré pendant cinq ans à Toulouse, il publia une Oraison funèbre de Louis XVI (1817, in-8). Par Resséquier, il connut alors Victor Hugo et collabora au Conservateur littéraire, Fondé par celui-ci (1820-1821), et à la Muse française, premier organe du romantisme. En même temps il travaillait pour le théâtre, et ses deux premières tragédies, Clytemnestre et Saül, jouées à deux jours d'intervalle (7 et 9 novembre 1822), furent deux triomphes que les romantiques inscrivirent à leur compte. L'Ode sur la guerre d'Espagne (Paris, 1824) et celle à P.-P. Riquet, ne sont que de médiocres pièces de circonstances. . Soumet dut surtout ses succès au théâtre, où il fit paraître : Cléopâtre, tragédie (2 juillet 1824) après laquelle il fut élu à l'Académie française à la place d'Aignan; Jeanne d'Arc (14 mars 1823); Pharamond, opéra (1825); Elisabeth de France (2 mai 1828), le même sujet que Don Carlos, de Schiller; Une Tête de Néron (28 décembre 1829), avec Belmontet; Norma, tragédie (6 avril 1831). Rallié à la monarchie de Juillet, il fut nommé par elle bibliothécaire à Compiègne. Depuis longtemps il travaillait à deux grands poèmes, l'un religieux et philosophique, la Divine Epopée, dont le sujet était le rachat de l'Enfer par le Christ et qui parut en 1840 (Paris, 2 volumes); l'autre héroïque et national, Jeanne d'Arc, qui parut seulement après sa mort (Paris, 1843), et qui a de très belles parties. On a encore de lui : le Siège de Corinthe, opéra (1826), Jeanne Grey, tragédie, 1844); le Gladiateur et le Chêne du roi (24 avril 1841); ces trois pièces en collaboration avec sa fille. (E. Asse). | |