| Sorbon (Robert de), théologien né à Sorbon, près de Rethel, le 9 octobre 1201, mort à paris le 15 août 1274 (Moyen âge). D'humble extraction, il était chanoine de Cambrai, lorsqu'il devint, grâce à l'influence du comte d'Artois, un des chapelains de saint Louis, clerc du roi, peut-être même un de ses confesseurs, en tout cas son familier. Il fut ensuite, en 1258, chanoine de l'église de Paris et chancelier de l'Université. Il est célèbre par la fondation du collège de Sorbonne (1257), qu'il compléta en fondant également le collège de Calvi, surnommé la petite Sorbonne, pour le recrutement des membres de la Société théologique (1274). Ayant pendant de longues années apporté tous ses soins au développement de son oeuvre, il lui donna par testament tous ses biens. Sa grande préoccupation fut en effet de restaurer la science de la théologie, et, pour cela, de venir en aide à ceux qui la cultivaient. En fait, c'était avant tout un moraliste, assez bon dialecticien, mais ayant plus de piété que de doctrine; par ses ouvrages, longtemps oubliés, on voit que son style, s'il n'a rien de littéraire, était vigoureux dans sa familiarité. On a de lui plusieurs traités : le De conscientia et le De tribus dietis, sujet qu'il a traité aussi sous le nom d'Iter Paradisi, les plus importants et qui ont été souvent imités, puis le De confessione, et le De matrimonio, qui offre un assez grand rapport avec le traité précédent. Les trois premiers (le 2e sous sa seconde forme) ont été imprimés dans la Bibtiotheca Patrum (Lyon, 1677, t. XXV,pp. 346-362); une édition du De conscientia, beaucoup plus correcte et due à F. Chambon, a été publiée en 1901. Quant au quatrième traité, il a été insérépar B. Hauréau dans ses Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque nationale (1890,-t. I, pp. 188-202; cf. ibid., pour le De tribus dietis, t. V, pp. 49-53 et 159). La plupart de ses sermons ont été prononcés en 1260 et 1264. Des extraits en ont été donnés par Hauréau également dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions (1884, t. XXXI, 2e partie). On a édité de plus ses Statuts de la Sorbonne (Chartul. Univ. Paris, 1889, t. I, pp. 505-508 ; cf. p. 544), son testament (ibid., pp. 485-86) et un certain nombre de gloses qu'il avait faites touchant la Bible (éd. des Commentaires de Menochius, par le père Tournemine, 1719, t. II, pp. 499-512). On trouve dans ses oeuvres des renseignements sur les moeurs de son temps qu'il a fustigées. Il a exalté le mariage et critiqué le luxe des vêtements. D'une grande bonté, c'était le type du prud'homme dont parle Joinville, lequel aimait pourtant à le contredire. Il a eu sa légende. Cent ans après sa mort, on l'a pris parfois pour le frère de saint Louis. On a appelé du nom de Robert (la Robertine) la thèse que l'on avait à passer pour être admis dans la maison. A partir du XVIIe siècle, son nom seul reste uni à celui de Richelieu, comme fondateur de la Sorbonne. L'image de Robert, qui se voyait sur les vitraux de la bibliothèque, s'est conservée longtemps aussi sur les jetons d'argent qui avaient cours dans les assemblées mensuelles. (M. Barroux). | |