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Somalie
Somalia

10 00 N, 49 00 E
La Somalie est un Etat de la Corne de l'Afrique riverain du golfe d'Aden et de l'ocĂ©an Indien. Il est frontalier avec Djibouti,  l'Ethiopie et le Kenya. D'une superficie de 637.657 km² et peuplĂ©e de 17 Ă  18 millions d'habitants (20252), la Somalie a pour capitale Mogadiscio (2,6 millions d'habitants). Les autres villes importantes sont : Hargeisa (478.000 hab.), Berbera (242.500 hab.), Kismaayo (235.000), Jamaame (185.000), Baydhabo (130.000).

Carte de la Somalie.
Carte de la Somalie. Source : The World Factbook.

Administrativement, le pays se divise en 18 régions :

Les régions de la Somalie

Awdal
Bakool
Banaadir
Bari
Bay
Galguduud
Gedo
Hiiraan
Jubbada Dhexe (Moyen-Jubba)
Jubbada Hoose (Bas-Jubba)
Mudug
Nugaal
Sanaag
Shabeellaha Dhexe (Moyen-Shabeelle)
Shabeellaha Hoose (Bas-Shabeelle)
Sool
Togdheer
Woqooyi Galbeed

Géographie physique de la Somalie

La cĂ´te est basse, faiblement Ă©chancrĂ©e, avec de nombreux ports naturels qui gĂ©nĂ©ralement sont de mĂ©diocres mouillages. Le plateau intĂ©rieur de la presqu'Ă®le somalie ou ogou, au Nord, d'une altitude moyenne de 1400 m, est bordĂ© par une chaĂ®ne cĂ´tière ou bor, parallèle au rivage du golfe d'Aden, Ă  50 km environ de distance; son versant septentrional est abrupt; au pied de ses falaises, coupĂ©es de cluses et de ravins, s'Ă©tale la plaine, maritime ou goban, avec ses ouadis et ses dĂ©pressions marĂ©cageuses ou salines, ses dunes et ses plages. L'une des cimes, au Sud de BerbĂ©ra, le Gan Libach ou Toro, dĂ©passe 2000 m. Au delĂ , dans la direction de l'Est, le faĂ®te se rapproche de plus en plus du littoral, la chaĂ®ne des monts Almèdo court Ă  une trentaine de km seulement de la cĂ´te. A l'Est de cette rĂ©gion, le littoral est bordĂ© par des falaises Ă  pic, tandis que par derrière, au Sud, Ă  une distance de 95 km environ, court la chaĂ®ne des monts Almascate. Les deux chaĂ®nes sont ensemble sĂ©parĂ©es au Sud par la vallĂ©e du Darror des monts de Karrar, ceux-ci courant Ă  une distance de 120 km du golfe d'Aden, de l'Ouest Ă  l'Est jusqu'Ă  l'ocĂ©an Indien. 

Les massifs volcaniques de la côte somalie, parallèles dans leur ensemble au rivage du golfe d'Aden, correspondent à ceux de la rive de l'Arabie en face. Vers l'Est, les montagnes sont calcaires, leurs couches sont régulièrement superposées, comme celles des côtes de la mer Rouge. Dans les monts des Ouarsanguélis, on trouve à de hautes altitudes des soulèvements argileux et crétacés, jonchés de fossiles, recouverts parfois d'une légère couche de sulfate de chaux. Un peu en dehors de la limite orientale de Ziyada, et au milieu des terrains volcaniques de Ras-el-Hamar, jaillit la source d'eau chaude de Bio Hololla, de 39°C. Dans la région des Ourlebé, au pied des monts Almédo, il y a des filons de baryte et de plomb argentifère. Dans les plaines de
Bar-Hâm, le sol est formé de couches de gypse mêlé d'argile, souvent en mamelons élevés. L'îlot de Mayet est constitué par des laves de couleur rouillée, ce qui lui a fait donner par les marins anglais le nom de Burnt-island « île Brûlée » : elle est couverte de guano; c'est le Djebel-Tiour, « mont, des Oiseaux ». Cet engrais est exploité de longue date. Signalons, près de Zeïla, les salines d'El Kori, elles aussi depuis longtemps exploitées.

Sur le versant méridional des chaînes de Somalie naissent des grands fleuves allant se jeter dans l'océan Indien. Ce sont : le Nogal, né vers Hadaftemo, à l'Est de la pyramide de Haïs, à 35 km du rivage du golfe d'Aden; il parcourt la vallée au Sud des monts de Karkar et débouche au Sud du cap Bédouin. Le Darror, naît au Sud de Las Gôré, parcourt la vallée au Nord des monts précédents et débouche entre le 10° et le 11° de latitude Nord. Il se forme à son origine, dans le pays des Ouarsanguélis, de plusieurs cours d'eau : Arror-Dahat, Guébi, Chemis, Rhat, Mogor, Edra. Le versant septentrional n'a que des cours d'eau insignifiants, en raison du peu de largeur de la zone littorale, ce sont plutôt des torrents, soit de l'Ouest à l'Est, et aussi à Las Goré, le Gueldora, puis le Sabé, le Sélid, le Dourdour.

Le pays est dans l'aire des alizés du Nord-Est, mais ces vents normaux sont changeants. La température moyenne est de 26°C en hiver, de 30°C en été. L'écart des extrêmes est de 12°C sur la côte de Berbéra. La sécheresse domine, et elle est une cause d'aridité. La mousson du Sud, d'avril à juillet, apporte des tempêtes et des averses et la période d'humidité.

La Somalie de l'espace.

La Somalie vue depuis l'espace. Image : Nasa.

Biogéographie de la Somalie

La flore somalienne est caractérisée par une dominance d'espèces xérophytes adaptées à la sécheresse. Les formations végétales principales sont des savanes arbustives à Acacia-Commiphora dans les plaines et plateaux, des steppes semi-désertiques, ainsi que des zones de forêts clairsemées dans les hauts plateaux. La région côtière orientale est influencée par la mousson et abrite des mangroves et des forêts littorales relictuelles. L'éco-région appelée "brousse xérophile de Somalie" est reconnue comme l'un des centres mondiaux d'endémisme, avec une richesse floristique remarquable notamment en Euphorbiaceae, Aloès, et Boswellia (source de l'encens).

La faune présente en Somalie comprend à la fois des espèces sahélo-soudaniennes, éthiopiennes et quelques éléments orientaux. Les grands mammifères comprennent l'oryx beisa, la gazelle de Soemmerring, le dik-dik de Salt, et parfois des populations reliques de zèbres et de guépards. Plusieurs espèces endémiques ou quasi-endémiques y sont recensées, notamment dans la zone du nord montagneux, comme le gecko de Somalie (Ptyodactylus somalicus) ou encore le singe colobe noir et blanc dans certaines poches forestières humides. La région est aussi une voie de migration aviaire importante entre Eurasie et Afrique, hébergeant de nombreux oiseaux d'eau et des rapaces migrateurs.

La biogéographie marine est également significative, avec un littoral de plus de 3000 km riche en récifs coralliens, herbiers marins et estuaires. Les écosystèmes marins abritent des dugongs, des tortues marines (notamment Chelonia mydas), ainsi que des cétacés tels que les dauphins et parfois les baleines. La biodiversité marine est influencée par les courants de l'océan Indien, notamment le courant de Somalie, qui génère des upwellings favorables à la productivité biologique.

La biogéographie de la Somalie est également caractérisée par l'isolement écologique de certaines zones comme le plateau de Cal Madow au nord, qui abrite un nombre important d'espèces endémiques de plantes, souvent relictuelles de climats plus humides. Ce plateau constitue une véritable "île biogéographique", comparable aux montagnes de l'archipel afro-alpin. En raison de l'hostilité du climat et de l'instabilité politique, plusieurs régions sont encore peu étudiées, ce qui laisse penser que la richesse biologique du pays est sous-estimée.

Le gradient climatique allant du nord aride vers le sud plus humide influe aussi sur la distribution de la biodiversité. Le sud de la Somalie, traversé par les fleuves Juba et Shabelle, dispose d'oasis 'ripariennes, de forêts-galeries et de zones humides saisonnières, qui servent d'habitat à de nombreuses espèces, notamment d'amphibiens et d'oiseaux. Ces zones fluviales contrastent avec l'aridité du reste du pays.

Ajoutons que les pressions anthropiques telles que le surpâturage, la déforestation pour la production de charbon de bois et la chasse non régulée affectent fortement les écosystèmes somaliens. L'instabilité géopolitique rend difficile l'établissement d'aires protégées efficaces, bien que certaines zones comme la réserve de Lag Badana au sud aient été identifiées comme prioritaires pour la conservation.

Géographie humaine de la Somalie

Population.
La Somalie possède une population majoritairement homogène sur les plans ethnique, linguistique et religieux, mais traversée par des clivages sociaux, claniques et géopolitiques profonds. Le pays compte environ 17 à 18 millions d'habitants selon les estimations récentes, bien qu'aucun recensement officiel n'ait été réalisé depuis 1975, en raison des conflits prolongés. La population est très jeune : près de 70 % des Somaliens ont moins de 30 ans, et plus de 40 % ont moins de 15 ans. Ce fort poids des jeunes, combiné à un taux de fécondité élevé (environ 5,7 enfants par femme), entraîne une croissance démographique rapide, avec un taux annuel qui dépasse les 2,9 %.

La majorité de la population est composée de Somali, qui parlent tous des variantes du somali et sont presque unanimement musulmans sunnites de rite chaféite. Toutefois, cette homogénéité apparente masque une organisation sociale très segmentée fondée sur le système des clans patrilinéaires. Les quatre grands clans majeurs – les Darod, les Hawiye, les Dir et les Rahanweyn – ainsi que les minorités claniques (Benadiri, Bantous, etc.) structurent la société, les alliances politiques, les conflits et l'accès aux ressources. Ce système clanique influe profondément sur les pratiques sociales, les mécanismes de gouvernance informels, et même sur la répartition des fonctions dans les institutions de l'État.

Les sociétés somaliennes reposent historiquement sur un mode de vie pastoral nomade ou semi-nomade, basé sur l'élevage de chameaux, chèvres, moutons et bovins. Bien que l'urbanisation progresse rapidement, une part importante de la population reste rurale (environ 60 %), et près d'un quart est nomade ou semi-nomade. Cette mobilité spatiale est aussi une réponse écologique à la rareté des ressources naturelles. L'agriculture de subsistance, concentrée le long des fleuves Juba et Shabelle, reste marginale dans le mode de vie somalien.

L'urbanisation s'est accélérée depuis les années 1990, en grande partie en raison des déplacements forcés par les conflits. Mogadiscio, la capitale, a connu une croissance explosive malgré les violences chroniques, et d'autres villes comme Hargeisa (capitale du Somaliland) ou Bosaso (Puntland) sont devenues des centres urbains dynamiques. Toutefois, cette urbanisation s'est souvent faite dans le chaos, sans infrastructures adéquates, avec de vastes bidonvilles, et une gouvernance locale inégale.

La sociologique de la Somalie est fortement façonnĂ©e par sa diaspora, estimĂ©e Ă  plus de 2 millions de personnes rĂ©parties notamment entre le Moyen-Orient, l'Europe du Nord, l'AmĂ©rique du Nord et l'Afrique de l'Est. Cette diaspora joue un rĂ´le important, notamment via les transferts d'argent,  qui reprĂ©sentent une part significative du PIB national, parfois supĂ©rieure Ă  20 %. Elle influence aussi les normes sociales, l'accès Ă  l'Ă©ducation et la dynamique politique Ă  travers les rĂ©seaux transnationaux.

L'éducation en Somalie reste un secteur fragile. Le taux d'alphabétisation est estimé à environ 38 %, avec de fortes disparités entre les sexes et les régions. Les zones urbaines et les régions relativement stables comme le Somaliland offrent un accès plus large à l'éducation, tandis que le sud et le centre du pays souffrent de l'effondrement des services publics. L'enseignement religieux (madrasa) reste largement répandu, et de nombreuses ONG ou institutions privées ont remplacé l'État dans la prestation éducative.

Les rapports de genre en Somalie sont fortement influencés par les normes patriarcales. Les femmes, bien que très actives dans les marchés informels et les dynamiques communautaires, sont sous-représentées dans les instances politiques et exposées à des pratiques violentes comme les mutilations génitales féminines (environ 98 % de prévalence). Toutefois, les mutations sociales liées à la guerre, aux migrations et à l'économie urbaine ont ouvert de nouveaux rôles pour les femmes, surtout dans les diasporas et les zones autonomes plus stables.

Les dĂ©placĂ©s internes constituent un pan fondamental de la rĂ©alitĂ© sociologique somalienne : on estime Ă  plus de 3 millions le nombre de personnes dĂ©placĂ©es Ă  l'intĂ©rieur du pays en raison de la sĂ©cheresse, des inondations, de la famine et du conflit. Ces populations vivent souvent dans des camps prĂ©caires, sans services de base, et sont parmi les plus vulnĂ©rables. 

Quelques-unes des principales villes de la Somalie

• Mogadiscio, la capitale de la Somalie, est la plus grande ville du pays et son principal centre politique, économique et culturel. Située sur la côte sud-est le long de l'océan Indien, elle possède une histoire riche, ayant été un port commercial prospère dès le Xe siècle, reliant l'Afrique de l'Est à la péninsule Arabique et à l'Asie. Malgré des décennies de guerre civile, Mogadiscio reste le coeur de l'administration centrale. Son architecture mêle vestiges coloniaux italiens, édifices islamiques anciens, et constructions modernes souvent anarchiques. La ville est densément peuplée, avec des infrastructures fragiles, des quartiers informels étendus, mais aussi un dynamisme entrepreneurial porté par la diaspora et le secteur des télécommunications. Le port de Mogadiscio est un atout économique stratégique.

• Hargeisa, capitale autoproclamée du Somaliland, est située dans le nord-ouest du pays. Elle s'est considérablement développée depuis les années 1990, devenant une ville relativement stable, moderne et prospère par rapport au reste du pays. Hargeisa est le centre administratif, commercial et éducatif du Somaliland. Sa croissance est alimentée par la paix relative, les envois de fonds de la diaspora, le commerce transfrontalier avec l'Éthiopie, et un investissement dans les infrastructures éducatives. La ville abrite plusieurs universités, des banques privées, des marchés très animés, et des galeries d'art qui témoignent d'un renouveau culturel. Sa population croissante dépasse aujourd'hui le million d'habitants.

• Bosaso est la plus grande ville du Puntland, région autonome du nord-est. Située sur la mer d'Arabie, elle est un port de commerce stratégique, servant de point de transit pour les exportations de bétail et de marchandises à destination des pays du Golfe. Bosaso est aussi une porte d'entrée pour les marchandises venant des Émirats arabes unis. Son développement est étroitement lié aux activités maritimes, au commerce transfrontalier, et à l'exploitation du corridor routier menant à Garowe et à la frontière éthiopienne. Elle accueille une population très diversifiée, incluant de nombreux déplacés internes et des migrants en route vers le Yémen.

• Kismayo, au sud du pays, est une ville portuaire située à l'embouchure du fleuve Juba. Elle a longtemps été un centre économique régional important grâce à son port en eau profonde et à ses plantations agricoles. Cependant, elle a été le théâtre de conflits entre milices rivales, groupes islamistes et forces gouvernementales. Aujourd'hui, Kismayo est sous l'administration de l'État régional du Jubaland, soutenu par certaines forces fédérales. La ville reste stratégique pour les exportations agricoles, la pêche, et les opérations militaires contre Al-Shabaab. Son avenir économique est lié à la sécurité et à la réhabilitation du port et des routes intérieures.

• Baidoa, dans le sud-ouest, est un centre urbain important de l'État régional de la South West State. Elle est située dans une zone agricole fertile, ce qui en fait un marché régional actif. Baidoa a été un bastion des combats entre le gouvernement fédéral et les milices islamistes. Depuis la mise en place d'une administration régionale, elle joue un rôle central dans la décentralisation du pouvoir somalien. La ville connaît un développement modéré, avec des efforts dans la reconstruction des routes, des écoles et des hôpitaux.

• Garowe, la capitale administrative du Puntland, est une ville de l'intérieur qui a émergé comme centre politique, bureaucratique et éducatif. Elle est connue pour sa relative stabilité, son développement planifié, et son rôle dans la gouvernance régionale. Garowe accueille plusieurs institutions éducatives, des ONG, ainsi que le parlement et les ministères régionaux. Elle entretient des liens étroits avec Hargeisa et Bosaso, formant un triangle de gouvernance stable dans le nord du pays.

• Berbera est un port stratégique du Somaliland sur le golfe d'Aden. Son importance historique comme port commercial est redynamisée depuis l'accord avec la société émiratie DP World pour réhabiliter et moderniser ses infrastructures. Berbera est appelée à devenir un hub logistique pour les importations à destination de l'Éthiopie. La ville combine activités portuaires, industries naissantes et une présence militaire étrangère croissante. Son aéroport modernisé renforce aussi sa connectivité.

• Galkayo, située au centre du pays, est une ville divisée entre l'administration du Puntland et celle de Galmudug. Cette division reflète les tensions claniques et politiques. Galkayo est un centre commercial important reliant le nord au sud, mais la ville a souvent été le théâtre d'affrontements. Sa croissance urbaine continue, mais les infrastructures sont fragmentées et souvent redondantes entre les deux administrations rivales.

• Marka (ou Merca), ancienne ville portuaire située au sud de Mogadiscio, possède un patrimoine historique important, avec une forte influence swahilie et arabe. Autrefois prospère grâce à l'exportation de bananes, elle a souffert des conflits et du déclin de l'agriculture. Elle reste néanmoins un pôle régional culturel et économique pour la région de la Basse Shabelle.

• Beledweyne, au centre, est située dans la vallée du fleuve Shabelle. Elle est une ville stratégique dans les échanges agricoles, avec un potentiel économique lié à la production de fruits et légumes. Cependant, elle est fréquemment touchée par les inondations et reste vulnérable à l'instabilité sécuritaire. Sa reconstruction dépend largement de l'aide humanitaire et des initiatives locales de développement.

Culture.
La culture de la Somalie repose sur un socle commun fortement homogène, qui combine des éléments pastoraux, islamiques, oraux et diasporiques. Elle est façonnée par des siècles de nomadisme, de commerce maritime, de religion et d'interactions avec les cultures de l'Afrique orientale, de la péninsule Arabique et de l'océan Indien. Malgré l'éclatement politique du pays depuis les années 1990, une identité culturelle somalienne reste puissamment ancrée dans les mentalités et les pratiques quotidiennes.

La langue somalie, parlée par presque l'ensemble de la population, est un vecteur fondamental de l'unité culturelle. Elle appartient à la famille couchitique, et utilise aujourd'hui un alphabet latin introduit officiellement en 1972. L'arabe joue aussi un rôle important dans les sphères religieuses et juridiques, et est enseigné dans les écoles coraniques. L'italien et l'anglais subsistent comme langues secondaires, notamment dans l'éducation supérieure et les relations diplomatiques.

L'islam sunnite, de rite chaféite, rythme les rituels de naissance, de mariage, de funérailles et les pratiques éducatives. Les mosquées sont omniprésentes, même dans les zones rurales, et la récitation du Coran constitue l'une des premières formes d'apprentissage chez les enfants. Les fêtes religieuses, comme l'Aïd al-Fitr et l'Aïd al-Adha, sont les principales célébrations collectives. L'islam soufi, autrefois dominant à travers les confréries comme la Qadiriyya ou la Ahmadiyya, a été affaibli par l'émergence d'un islamisme rigoriste dans les dernières décennies.

La tradition orale comprend la poésie (gabay), les proverbes, les contes populaires, les chants et les généalogies. Le peuple somali est parfois qualifié de "nation de poètes", en raison de l'importance sociale du verbe, de la rhétorique et de la performance orale. La poésie est utilisée pour exprimer l'amour, la politique, la sagesse, le conflit, et elle joue un rôle actif dans la résolution des tensions interclaniques. Les formes de poésie comme le geeraar ou le jiifto possèdent des structures métriques et stylistiques précises, transmises de génération en génération.

La musique somalienne, bien qu'influencée par les restrictions religieuses, a développé une tradition distinctive mêlant instruments traditionnels (oud, tambours durbaan) et sonorités plus modernes dans les années 1970-1980 avec des artistes comme Magool, Hassan Adan Samatar ou Maryam Mursal. Le théâtre populaire et les chansons engagées ont longtemps été des vecteurs d'éducation civique et politique. Aujourd'hui, la musique somalienne s'épanouit principalement dans la diaspora, notamment au Royaume-Uni, au Canada et en Suède.

L'art visuel somalien comprend l'architecture islamique des anciennes cités côtières comme Zeila, Mogadiscio ou Barawa, avec leurs mosquées anciennes, leurs portails sculptés et leurs fresques coraniques. Les motifs géométriques, les couleurs terreuses et les décors en stuc témoignent d'un héritage swahili-arabe. Les textiles sont aussi un support culturel important, notamment les tissus colorés comme le guntiino (vêtement traditionnel féminin) ou le ma'awis (sarong masculin), ainsi que les bijoux en argent, les broderies et les hennés utilisés lors des mariages.

L'alimentation somalienne est influencée par le pastoralisme, l'agriculture et les échanges maritimes. Le plat principal est souvent constitué de riz ou de pain plat (canjeero ou lahoh) accompagné de viande (agneau, chèvre, bœuf, chameau), avec des sauces épicées, du lait fermenté et du thé très sucré parfumé aux épices (shaah). Le halwo, confiserie à base de sucre, de ghee et d'épices, est une spécialité servie lors des grandes occasions. L'interdit de l'alcool est largement respecté.

Les rituels sociaux sont codifiés et fortement marqués par les rapports d'honneur (sharaf), de solidarité familiale et clanique, et de respect envers les anciens. Le mariage est un événement central dans la vie sociale, souvent arrangé, et accompagné de cérémonies élaborées. Les relations intergénérationnelles sont empreintes de respect, et les aînés jouent un rôle décisionnel dans la résolution des conflits. L'hospitalité est un principe culturel fondamental, renforcé par la notion musulmane de karam.

La diaspora somalienne, forte de plusieurs millions de personnes, joue un rôle de passeur culturel entre les traditions ancestrales et les sociétés d'accueil. Elle réinvente les identités somaliennes en les confrontant à la modernité, au multiculturalisme, aux enjeux du genre, de la citoyenneté et de la religion dans un contexte globalisé. Les jeunes générations diasporiques produisent de nouveaux contenus culturels – films, livres, podcasts, arts visuels – qui interrogent l'histoire, l'exil, le trauma et la résilience.

Economie.
L'Ă©conomie de la Somalie est duale et largement informelle, caractĂ©risĂ©e par une forte dĂ©pendance Ă  l'Ă©gard de l'Ă©levage, des envois de fonds de la diaspora, et de petites activitĂ©s commerciales. MalgrĂ© l'absence d'un État central fonctionnel pendant plusieurs dĂ©cennies, l'instabilitĂ© politique, les catastrophes naturelles et l'insĂ©curitĂ© qui ont entravĂ© un dĂ©veloppement Ă©conomique durable Ă  l'Ă©chelle nationale, certaines rĂ©gions ont dĂ©veloppĂ© des systèmes Ă©conomiques rĂ©silients. 

Le pilier traditionnel de l'économie somalienne est l'élevage pastoral, qui représente environ 60 à 70 % des revenus d'exportation du pays. Les Somaliens élèvent principalement des chameaux, chèvres, moutons et bovins. Le bétail est exporté surtout vers les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, Oman et les Émirats arabes unis. Cette activité repose sur des marchés informels, des réseaux commerciaux historiques et des systèmes d'échange profondément enracinés dans la culture pastorale. Les sécheresses récurrentes, dues aux dérèglements climatiques, menacent cependant la viabilité de ce secteur vital.

L'agriculture est pratiquée de façon limitée, concentrée dans le sud du pays le long des fleuves Juba et Shabelle. Les cultures principales comprennent le sorgho, le maïs, les bananes, le sésame, le sucre et les fruits tropicaux. Les infrastructures d'irrigation étant en grande partie dégradées, l'agriculture dépend fortement des précipitations saisonnières. Le secteur a été affaibli par les conflits armés, l'occupation des terres par des milices, les inondations et la salinisation des sols. Malgré ces contraintes, les exportations agricoles, notamment les graines de sésame, ont connu une reprise grâce à la demande régionale et internationale.

Le secteur des services joue un rĂ´le central, notamment grâce Ă  l'importance des transferts d'argent de la diaspora, qui injectent chaque annĂ©e environ 1,6 Ă  2 milliards de dollars dans l'Ă©conomie somalienne, soit environ 25 % du PIB. Ces fonds soutiennent la consommation des mĂ©nages, les dĂ©penses en santĂ© et Ă©ducation, ainsi que les investissements dans des microentreprises. 

Les tĂ©lĂ©communications constituent l'un des secteurs les plus dynamiques de l'Ă©conomie. MalgrĂ© l'absence de rĂ©gulation Ă©tatique stricte, des entreprises somaliennes ont dĂ©veloppĂ© des rĂ©seaux de tĂ©lĂ©phonie mobile performants, offrant des services d'argent mobile, d'internet et de transfert de fonds Ă  large Ă©chelle. Les sociĂ©tĂ©s de transfert d'argent (hawalas) comme Dahabshiil, Amal ou Hormuud Telecom, sont devenues des institutions financières incontournables, qui compensent l'absence de banques commerciales classiques et renforĂcet la connectivitĂ© Ă©conomique entre la Somalie et sa diaspora. Ce dĂ©veloppement a contribuĂ© Ă  l'inclusion financière dans un pays oĂą très peu de citoyens possèdent un compte bancaire formel. Le système mobile permet aussi le paiement de biens, de salaires et de services publics, mĂŞme dans les zones rurales.

Le commerce est un moteur vital de l'économie, surtout dans les zones urbaines comme Mogadiscio, Hargeisa ou Bosaso. Les marchés informels y prospèrent, alimentés par les importations de produits alimentaires, textiles, matériaux de construction, et carburants. Les ports commerciaux jouent un rôle stratégique. Le port de Berbera (au Somaliland) et celui de Bosaso (au Puntland) sont devenus des plaques tournantes régionales, qui attirent des investissements étrangers, notamment des Émirats arabes unis via DP World. Ces ports facilitent le commerce vers l'Éthiopie enclavée et les marchés de la péninsule Arabique.

L'économie maritime est sous-exploitée mais potentiellement riche. Le littoral de plus de 3000 km offre des ressources halieutiques abondantes. Toutefois, la pêche artisanale est peu développée et souffre de l'absence de contrôle des eaux territoriales, ce qui favorise la pêche illégale par des navires étrangers. Les tentatives de réglementation ou de création de zones de pêche protégées sont entravées par l'absence de capacités institutionnelles et par l'instabilité sécuritaire.

Le secteur industriel reste marginal, limité à quelques petites unités de transformation agroalimentaire, de fabrication de matériaux de construction, de textile et de produits artisanaux. L'absence d'électricité fiable, d'infrastructures de transport modernes, de capital et de sécurité empêche l'émergence d'un secteur manufacturier robuste. Des initiatives communautaires ou privées ont néanmoins permis de créer de petites zones de production autour des centres urbains stables.

L'économie somalienne est aussi fortement dépendante de l'aide humanitaire internationale, qui finance une grande partie des services sociaux, notamment dans les domaines de la santé, de l'éducation et de la sécurité alimentaire. Les agences des Nations Unies, les ONG internationales et les bailleurs bilatéraux sont des acteurs clés de l'économie humanitaire. Cette dépendance soulève des questions de soutenabilité, mais elle a permis de maintenir une forme de stabilité dans les régions les plus vulnérables.

Enfin, les flux illicites – notamment le commerce du charbon de bois, les extorsions de groupes armés, et les trafics divers – constituent une part souterraine de l'économie. Ces activités alimentent les conflits et affaiblissent l'autorité de l'État. La corruption, l'économie de rente et les systèmes clientélistes limitent également les effets positifs de la croissance dans certaines régions stables.

Cartes de la Somalie

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