|
Jacques Sobieski
est un guerrier, diplomate et historien polonais,
né en 1579, mort en 1647. Issu d'une famille fort ancienne du palatinat
de Lublin et qui compte plusieurs hommes de
guerre, il eut pour père Marc Sobieski (né en 1525, mort
en 1606), grand échanson de la couronne, puis palatin de Lublin,
et général valeureux. Il se distingua lui-même dans
la carrière des armes, notamment au siège de Moscou,
et fut l'un des plénipotentiaires pour la conclusion de la trêve
sollicitée aussitôt par les Moscovites à Divilino (11
décembre 1618). Il participa également à la négociation
de la paix avec les Turcs (9 octobre 1621)
après la célèbre victoire remportée sur eux
à Chocim, et il écrivit l'histoire de cette guerre : Commentariorum
Chotinensis belli libri tres (1646). Il signa aussi avec la Suède
les trêves d'Altmark (1629) et de Schtum (1635), remplit différentes
missions à Vienne, Rome
et Paris, et prit une large part aux négociations
préliminaires pour le traité de Westphalie.
En qualité de maréchal ou président élu de
quatre diètes (de 1629 à 1632), il se rendit célèbre
comme défenseur des libertés nationales. Après avoir
été investi de différentes dignités, il fut
nommé castellan de Cracovie en 1646.
Le récit de ses voyages en Europe,
de 1608 à 1612, offre un intérêt tout particulier pour
ce qui concerne Henri IV et la France.
(G. Pi.).
|
|
|
Jean Sobieski
est un roi de Pologne sous le nom de Jean
III, né à Olesko (Galicie)
le 2 juin 1624, mort à Willanow, près de Varsovie,
le 17 juin 1696. Fils du précédent, il voyagea d'abord avec
son frère aîné, Marc, en Europe et servit même
dans les mousquetaires rouges à Paris, en 1645. Dès 1648,
ils combattirent contre les Cosaques
révoltés. Marc y perdit la vie (1652) et Jean y avait gagné
par sa bravoure la charge de porte-enseigne de la couronne. Il contribua
au gain de la célèbre bataille de Berestetchko, qui dura
dix jours, contre les Cosaques et les Tatars réunis (1651). Dans
toutes les guerres successives contre les Suédois, les Cosaques,
les Tatars et les Moscovites, qui remplirent le reste du règne de
Jean-Kazimir (1653-1668), Sobieski se signala comme un capitaine habile
et intrépide. Il reçut le baton de grand général
de la couronne (connétable) en 1667.
Sous le règne désastreux
de Michel Wisniowieçki, il continua ses brillants exploits guerriers,
et il remporta une victoire éclatante sur les Turcs à Chocim
(10 novembre 1673), le jour même de la mort du roi Michel. Elu à
sa place (24 mai 1674), parmi dix-sept candidats, dont sept souverains
étrangers, il dut de suite marcher de nouveau contre les Turcs,
et, parle traité de Zurawno (1670), il fit restituer à la
Pologne les deux tiers de l'Ukraine, tandis
que l'autre tiers resta aux Cosaques.
Il fut couronné à Cracovie
le 16 octobre 1676, avec sa femme, Marie-Casimire. Six années se
passèrent en paix. Pendant ce temps, la reine, qui exerçait
un fort ascendant sur son mari, lui fit conclure avec l'Autriche
un traité d'alliance (31 mars 1683), en haine de la France. L'empereur
Léopold ler, assailli par les Hongrois,
les Turcs et autres, au nombre de 300.000
hommes, implora le secours de Sobieski. Celui-ci infligea aux envahisseurs
une défaite complète sous les murs de Vienne (12 septembre
1683).
Il ne fut payé que d'ingratitude
par son allié, et dut encore, à plusieurs reprises, sous
son instigation, mais sans son concours, guerroyer, avec des chances variables,
contre l'ennemi commun, de même que contre la Moldavie
et la Valachie, et cela presque jusqu'à
sa mort. Préoccupé depuis cette funeste alliance, grâce
aux suggestions de l'ambitieuse reine, de rendre la couronne héréditaire
dans sa famille, il se courba aussi devant le tsar moscovite et conclut
avec lui un traité désastreux pour la Pologne (6 mai 1686),
qui ne fut pas ratifié par les Etats du royaume, et devint le point
de départ de troubles à l'intérieur.
Grand guerrier, Sobieski fut un souverain
médiocre, en raison de la faiblesse de son caractère. Les
lettres, pleines de tendresse et d'intérêt historique, qu'il
adressa à son épouse pendant la campagne de Vienne, furent
découvertes et publiées par le comte Raczynski (Varsovie,
1823, trad. en français, Paris, 1826). (G. Pawlowski). |