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de Serres

Olivier de Serres, seigneur du Pradel, est un agronome né à Villeneuve-de-Berg (Ardèche) en 1539, mort au Pradel le 2 juillet 1619. Il était d'une famille noble protestante; de Thou et Agrippa Aubigné parlent de sa participation aux massacres commis par les réformés à Villeneuve-de-Berg en 1573, mais le fait paraît contestable. A part quelques voyages à l'étranger et surtout à Paris, sa vie se passa tout entière au Pradel, dont il fit une véritable ferme modèle; la culture du mûrier, celle du maïs, les prairies artificielles, bien d'autres améliorations agricoles y furent mises en pratiques et enseignées par l'exemple aux propriétaires du Vivarais

Olivier de Serres préparait aussi, avec les encouragements de Henri IV, un traité d'agriculture; sur la demande da roi, il publia d'abord un chapitre isolé, la Cueillette de la soie (1599). En 1600 parut le Théâtre d'agriculture et ménage des champs, dédié à Henri IV. Le roi le fit venir à Paris pour commencer une plantation de mûriers au jardin des Tuileries. L'ouvrage d'Olivier de Serres eut un très grand succès; dix-neuf éditions se; succédèrent jusqu'en 1675; après un oubli assez long, il fut remis en honneur, vers 1789, par Arthur Young et Grégoire. On a élevé à l'auteur une statue à Vileneuve-de-Berg en 1858, une autre à Aubenas en 1882. (G. Weil). 
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L'eau

« Commenceant par l'eau, je dirai qu'en ceci elle surpasse les autres éléments [l'eau est la meilleure des choses, dit Pindare (Olympiques, I, 1)] que de servir d'aliment [ = en ce qu'elle sert d'aliments]; en tant qu'elle abbruve toute sorte d'animaux, ne donnans immédiatement aucune nourriture ni le feu, ni l'agir ni la terre [ = le feu, etc, ne donnant immédiatement aucune nourriture]. C'est par l'eau que toutes habitations sont rendues agréables et saines et tous terroirs fertils. Quel plaisir est-ce de contempler les belles et claires eaux coulantes à l'entour de vostre maison semblans vous tenir compaignie? Qui rejaillissent en haut par un million d'inventions, qui parlent, qui chantent en musique, qui contrefont le chant des oiseaux, l'escoupeterie des arquebusades, le son de l'artillerie, comme tels miracles se voyent en plusieurs lieux, mesme à Tivoli, à Pratoli et autres de l'Italie? Et très naifvement [ = au naturel] à Sainct-Germain en Laie, où le roi a de nouveau faict construire telles et autres magnificences admirées de tous ceux qui les contemplent. Quant à la santé, les salubres eaux courantes rafreschissent l'aer en esté, en toutes saisons servent à la netteté [ = propreté], lavans les immondices du mesnage : faute de quoi faire n'ayant l'eau à commandement, souvent l'on tombe en grandes maladies et langueurs. La peste, à faute d'eau, se fourre quelquesfois parmi les armées. Le bestail aussi n'estant bien abbruvé, ne faict jamais bonne fin : au contraire, tousjours se porte d'autant mieux que mieux il est accommodé d'eau. Du profit qu'en dirons-nous? N'est-ce pas l'eau qui par ses arrousemens convertit en bonne la mauvaise terre, la rendant propre à produire abondamment, arbres, fruicts d'iceux, foins, herbes des jardinages, et plusieurs autres biens, mesme [ = surtout] blés et vins? Aussi à telle occasion, est-elle dicte asseurée alchumie [ = alchimie qui ne trompe pas] d'autant qu'en peu de temps elle se convertit en or et argent, par le moyen des choses susdictes; et par les divers moulins qu'elle anime, souventes fois avec revenu excédant celui de la terre. En l'article du profit venant de l'eau sera couchée [ = enregistrée] la pesche; autant grand qu'on le pourrait imaginer; comme ailleurs particulièrement je l'ai représenté [ au chapitre XIII du lieu V].

Ces choses recogneues de toute ancienneté, les hommes ont tasché de s'accommoder d'eau, selon que leurs esprits et facultés leur en ont suggéré les moyens. La Nature aussi y a travaillé d'elle-mesme, en plusieurs lieux, mais avec grande merveille, en Égypte où l'eau du Nil s'enflant inonde la terre trois mois continuels; passé ce temps-là, l'eau retirée laisse un gras limon sur lequel le peuple sème son grain avec peu de labeur et grand rapport. Mais par ne pouvoir estre imité tel arrousement naturel [= parce que tel arrosement naturel ne peul être imité], je n'en discourrai plus avant, ni de plusieurs autres admirables eaux, dont Pline, Vitruve et autres Anciens font mention, pour mettre en évidence l'ingénieuse invention de Crappone, gentil-homme Provençal qui en l'année mil cinq cens cinquante sept fit conduire à Selon de Craux en Provence un bras de l'eau de la Durence, par un large canal prins à cinq lieues de ladicte ville. Ceste eau-là, pour avoir faict changer de visage aux terroirs qu'elle arrouse, leur a causé d'autant plus de profit qu'auparavant ils estoient de peu de valeur, à raison de l'importune chaleur méridionale du pays : et si a utilement accommodé de moulins les peuples de ce quartier-là, à la louange de l'inventeur, duquel la mémoire se conserve avec la jouissance du fruict de son patient labeur.. » 
 

(O. de Serres, Théâtre d'agriculture; septiesme lieu, Avant-propos).
Pierre Marcel Toussaint de Serres est un géologue  né à Montpellier le 3 novembre 1783, mort à Montpellier le 22 juillet 1862. Entré en 1805 dans la magistrature et nommé en 1814 conseiller à la cour d'appel de Montpellier, il s'appliqua concurremment aux sciences naturelles et devint en 1820 professeur de géologie à  la Faculté des sciences de Montpellier. Il a soutenu l'un des premiers l'existence d'un système quaternaire et a contribué pour une large part à la découverte des riches cavernes à ossements humains du Midi de la France.

Marcel de Serres a publié plus de quarante ouvrages : Essai statistique et géographique de l'Autriche (Salsbourg, 1814, 3 vol.), documents recueillis au cours d'une mission dans les provinces illyriennes et dalmatiques en 1809 et 1810; Essai sur les arts et les manufactures de l'Autriche (Salzbourg, 1814, 3 vol.); Géognosie des terrains tertiaires (Montpellier, 1829); Mémoire sur les cavernes à ossements (Genève, 1885 ; 3e éd., 1888); Des Migrations des divers animaux (Paris, 1841 ; 2e éd., 1845); Manuel de paléontologie (Paris, 1846, 2 vol., collection Roret); Traité des roches simples et composées (Paris. 1863). etc.

Il est également l'auteur d'ouvrages où s'est attaché à concilier les découvertes de la science avec la révélation : Cosmogonie de Moïse comparée aux faits géologiques, 1838. 

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Dictionnaire biographique
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