| Sémiramis est le nom d'une reine de Ninive et de Babylone, l'une des femmes les plus célèbres de l'histoire, et en même temps celle dont le caractère historique est le plus difficile à établir. Elle est devenue le type de la femme grande et puissante, de la reine dominatrice, fondant et administrant des villes et conquérant des empires lointains. La légende, telle qu'elle est parvenue à la postérité, remonte à une origine perse et mède, et les récits populaires de cette partie de l'Orient nous ont été surtout transmis par Diodore de Sicile, Justin et d'autres, suivant l'historien Ctésias de Cnide. D'après ces légendes, Sémiramis, belle et intelligente, avait été la femme d'Onnès, général de Ninus, roi d'Assyrie, placé par cet auteur vers 1 000 av. J.-C., et aurait, au siège de la ville de Pactra, montré à Ninus un chemin secret qui lui assura la prise de la ville. Après le suicide de son complaisant époux, Ninus aurait épousé la veuve d'Onnès et l'aurait associée à ses grandes entreprises. Après la mort de Ninus, peut-être provoquée par Sémiramis, celle-ci aurait régné avec son fils Nynias, pendant quarante-deux ans; une légende lui attribue des rapports incestueux avec son fils qui lui aurait succédé au trône, mais aurait été le type du tyran efféminé et impuissant. Sémiramis, après la mort de Ninus, dit la légende, envahit l'Inde avec une énorme armée, mais fut vaincue et repoussée. Tous les grands travaux d'architecture lui furent attribués; elle fonda Babylone, l'entoura de grandes murailles, édifia les jardins suspendus, et ces deux oeuvres furent classées parmi les sept merveilles du monde : nous savons néanmoins que ces constructions, ainsi que celles des digues et des temples, ont pour auteurs des monarques d'un caractère historique. Hérodote, plus consciencieux, parle d'une reine, nommée Sémiramis, qui aurait vécu cinq générations avant la reine Nitocris, vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C. En effet, les textes cunéiformes connaissent une reine du nom de Sammuramat, épouse du roi de Ninive, Adas-mirar (858-29), mais il est très douteux qu'une seule des légendes concernant Sémiramis puisse être attribuée à cette reine dont on ne connaît que le nom. Bérose mentionne une reine Sémiramis, vivant vers le milieu du XIVe siècle, et c'est peut-être à celle-ci que remontent les mythes relatifs à la grande reine. Le nom de Sémiramis signifiait "colombe", et ce mythe s'est confondu avec ceux de Dercéto et d'Astarté, la déesse syrienne. L'origine et le fond historique de toutes ces fables restent difficiles à élucider. (J. Oppert). - Sémiramis reçoit des nouvelles de la révolte de Babylone, par Raphael Mengs(ca. 1756). | |