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Sanz del Rio
(Julian), philosophe né à Torre-Arevalo (Soria, Espagne)
en 1817, mort à Madrid le 12 octobre
1869. Ayant cultivé dans sa première jeunesse les études
juridiques, très lié d'amitié avec Navarro Zamorano,
le traducteur de la première édition de la Philosophie
du droit d'Ahrens (1841), Sanz del Rio abandonna bientôt le droit
pour se vouer à la philosophie. Commissionné
par le ministre Gomez de la Serna pour étudier le mouvement philosophique
en Allemagne (1843), il suivit pendant-quelques années les cours
de Heidelberg, et fréquenta la société des savants
allemands, tels que Weber, Röder et autres, avec lesquels il entretint
une active correspondance jusqu'à sa mort. Il embrassa, avec des
réserves consignées dans une lettre publiée en 1866,
le système philosophique de Krause, qui
s'accordait bien avec la tradition de la philosophie
espagnole.
Le gouvernement modéré, dans
sa dernière étape avant la révolution de 1854, nomma
Sanz del Rio professeur d'histoire de la philosophie
à l'Université de Madrid. Il vit bientôt ses cours
fréquentés par toute la jeunesse qui s'éveillait à
la vie de l'esprit, et qui préparait la renaissance qui éclata
dans la période révolutionnaire de 1869. Presque tous ceux
qui ont figuré plus tard dans l'enseignement et dans la politique
furent les disciples, directs ou indirects, de Sanz del Rio. Celui-ci ne
fit jamais un cours systématique de philosophie, mais des monographies
sur des questions particulières ou préliminaires (Introduction
analytique à la philosophie); son but était d'enseigner
à penser; l'enseignement de Sanz del Rio eut à cet égard
une action considérable sur toute une génération;
il provoqua, même chez ses ennemis, par contre-coup, un réveil
des études philosophiques. Dans l'ordre juridique, le krausisme
sera jusqu'à la remise en question philosophique opérée
par la "génération de 98" (Turro, Unamuno, Dominguez Berrueta,
etc.), caractéristique de l'école espagnole, tant libérale
que réactionnaire.
De son vivant, Sanz del Rio publia : traduction
espagnole du Manuel d'histoire universelle de Weber, avec des préfaces
et des notes (Madrid, 1853-56); El Ideal de la Iiumanidad para la vida,
sorte de catéchisme de la doctrine krausiste
qui eut un grand retentissement (1re éd.,
1860; 2e, 1871); Sistema de la Filosofia
: Analisis (1860); Doctrinal de Logica (1863); Programas
de Psicologia, Logica y Etica; Lecciones sobre et sistema de la
Filosofia (1868). Son discours d'ouverture à l'Université,
en 1857, est, non seulement une précieuse étude pédagogique,
mais un des plus beaux morceaux de la prose castillane.
La propagande des ennemis de Sanz del Rio,
qui l'accusaient de panthéisme et d'être
le corrupteur intellectuel de la jeunesse, entraîna le gouvernement
à lui interdire l'enseignement en 1867 (nonobstant les idées
de Sanz del Rio, plutôt conservatrices que radicales en politique).
En 1868, le gouvernement révolutionnaire lui rendit sa chaire et
lui offrit le poste de recteur qu'il refusa. Sanz del Rio a laissé
beaucoup d'oeuvres inédites, dont quelques-unes but été
publiées après sa mort : Analisis del pensamiento racional
(imprimés en 1877, par les soins de quelques-uns de ses disciples);
Cartas inédites (publiées par Revilla); Filosofia
de la muerte
(publiée par Sales y Ferré).
Plusieurs morceaux détachés et des notes prises au cours
de ses conférences ont paru dans le Boletin de la Institution
libre de enseñanza.
Tous les revenus laissés par Sanz
ont été appliqués, en vertu de son testament, à
la fondation d'un cours de philosophie à l'Université de
Madrid. (R. Altamira).
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