| Samory ou Samori Touré. - Grand potentat africain qui a disputé longtemps à la France la possession du Soudan. Né vers 1833, on ne sait au juste, dans une des bourgades da bassin supérieur du Niger, il était fils d'une esclave d'un fama, c.-à-d. d'un roi de cette région du pays noir. Bel homme et d'une taille avantageuse, fort intelligent, grand stratège, extrêmement courageux, il devint un des conseillers les plus écoutés du roi, puis son principal homme d'action, exécuteur de ses volontés : faveurs dont il profite, dès qu'il eut le renom de guerrier invincible, pour renverser et décapiter son bienfaiteur. De razzia en razzia, il finit par fonder, de 1874 à 1882, l'empire du Ouassoulou, pays populations mêlées, Mandingues de Peules, qu'il eut bien vite épuisé à force d'y brûler les villages et d'en tirer des captifs, après massacre des "inutiles". Alors il se jeta sur les pays voisins, qu'il épuisa de même par des boucheries sans nom. Samori se heurta ensuite à la France quand son armée, qui menait elle aussi une guerre de prédation, passant du Sénégal au Niger, se disposait à remonter le grand fleuve vers ses sources en même temps qu'à le descendre vers Tombouctou (La conquête française du Soudan). La guerre entre les Français et lui, commencée en 1881-1882, dura jusqu'en 1898 Ayant ainsi lutté très habilement, très obstinément contre Borgnis-Desbordes, Combes, Humbert, Archinard, Bonnier, après avoir perdu sa capitale Bissandougou, en 1891, Samori abandonna le Niger, qu'il avait abominablement dépeuplé, et s'en alla vers l'Est, au pays de Kong, dans la région des fleuves côtiers. Samori s'y tailla un nouvel empire, dont les troupes françaises le chassèrent en 1898. Une poursuite acharnée, qui ne lui laissa pas un moment de répit, l'accula dans la région supérieure du fleuve Sassandra, au milieu de forêts et marais où il fut enfin pris le 29 septembre 1898. Déporté au Congo, à Ndjolé sur l'Ogôoué, il y est mort le 2 juin 1900. (O. R.). | |