| Salmanassar (en assyrien Sulmar-asarid, « le dieu Sulman est le premier né ») est le nom de plusieurs rois ninivites : Salmanassar Ier et II. Il est probable que le roi de ce nom qui, selon Assur-nasir-abal, bàtit le palais de Kalah, n'est pas le même qui est cité par Sennachérib comme ayant existé 600 ans avant lui. Nous ne savons guère davantage sur ces deux monarques qui étendirent la puissance assyrienne alors fort restreinte. Il en est autrement de Salmanassar III (906-861 av. J.-C.), fils d'Assur-nasir-abat. L'histoire de ce prince est très bien connue et éveilla l'attention des archéologues par la découverte faite par Layard d'un obélisque bien conservé, à Nimroud, en 1848. Hinckel appela le roi auteur de l'inscription très détaillée Divaru bar, Rawlinson Femembar II, jusqu'à ce qu'en 1853, Oppert y reconnut le nom de Salmanassar. L'obélisque et d'autre textes plus développés racontent les hauts faits de ce monarque valeureux qui, pendant trente ans, porta ses armes à l'Est, en Médie, soumit une partie de l'Arménie jusqu'au Pont-Euxin, ainsi que les pays orientaux de l'Asie Mineure. Comme ses prédécesseurs, la conquête de la Syrie le tenta dès sa sixième année, car le puissant roi de Damas, Hadad-ezer, le Ben-hadad de la Bible, avait réuni sous son égide douze princes de la Phénicie et de la Syrie, parmi lesquels le roi cite en toutes lettres Achab, roi d'Israël. Le monarque ninivite battit les alliés à Karkar, selon ce qu'il assure. Néanmoins, il ne s'aventura plus contre la Syrie, se contenta de harceler le successeur de Boenhadad, Hazaël, et de se vanter des tributs et des cadeaux que l'usurpateur Jéhu d'Israël lui envoya pour s'affermir sur son trône nouvellement acquis (887). Immédiatement après cette prétendue victoire de Karkar, Salmanassar s'était tourné vers le Nord de l'Arménie et raconte, dans le texte de l'obélisque, qu'il avait gravé aux sources du Tigre une grande inscription à côté de celles que son père et son grand-père y avaient laissées. Longtemps après la lecture du texte de Nimroud, le consul anglais Jones Taylor, visitant les sources du Tigre, y trouva les inscriptions du père et du grand-père de Salmanassar et rapporta à Londres la stèle même de ce dernier. Mais jamais le roi de Ninive n'eut raison des Babyloniens, il ne réussit qu'à favoriser les prétendants qui lui étaient agréables. Après avoir été en campagne pendant trente ans, il fêta une espèce de jubilé, mais il fut bientôt attaqué par son fils Asur-dannin-abal qui, pendant cinq ans et jusqu'à la mort de Salmanassar, se maintint à Ninive et dans les villes principales de l'Assyrie, jusqu'à ce qu'un autre fils du roi Samas-Adad s'arrogeât le pouvoir et succédât à son père (861). Moins atrocement cruel que son père, ce roi porta la dévastation dans tous les pays avoisinants, tandis qu'il fit beaucoup d'oeuvres architecturales dans l'Assyrie même. Aussi ses inscriptions sont-elles très nombreuses et rendent-elles un compte exact et détaillé de ses exploits et de ses constructions. Au point de vue artistique, il faut surtout citer les ouvrages en cuivre des portes de Balavat. Salmanassar IV, successeur et peut-être fils d'Adadnirar III et, dans ce cas, l'arrière-petit-fils du précédent, régna sur l'Assyrie de 830 à 819 av. J.-C. Nous n'avons aucun texte de lui, mais nous savons, par la liste des éponymes, qu'il guerroya surtout en Arménie pendant plusieurs années et qu'il attaqua Hadrach et Damas en Syrie. Si nous avions des documents émanant de ce roi, nous aurions sans doute quelques renseignements sur Amasias de Judas et Jéroboam Il d'Israël, ses contemporains. Salmanassar V, d'une famille inconnue, succéda à Teglathphalasar III comme roi d'Assyrie, en 727 av. J.-C., et se maintint sur le trône jusqu'au mois de janvier 721. Il est le seul roi de ce nom qui soit cité dans la Bible, car il attaqua Hosée, roi d'Israël, et assiégea Samarie pendant trois ans. Il semble être mort avant que son successeur, qui peut-être fut rebelle, parvint au trône dix jours après sa disparition. C'est Sargon qui se vante d'avoir pris Samarie, tandis que la chronique babylonienne, hostile à Sargon et à sa dynastie, attribue le fait à Salmanassar, comme du reste fait le texte des Rois (II), qu'il est impossible d'expliquer autrement. Tous les textes provenant de ce roi ont été systématiquement dénaturés, et si nous n'avions pas la liste des éponymes et le document dit Chronique babylonienne, on pourrait, comme l'ont fait avant ces découvertes, Hincks et Sayce, supposer que Salmanas-sar et Sargon étaient une même personne. Pendant les cinq années que Salmanassar régna en Assyrie, un nommé Ilulé, cité par le canon de Ptolémée, l'Ululai de la Liste des rois de Babylone, monta sur le trône à Babylone il n'y a aucune raison, jusqu'à preuve directe du contraire, d'admettre l'identité de ces deux personnages; il n'est pas probable que le canon de Ptolémée et la liste des rois aient substitué un nom obscur au nom illustre de Salmanassar, nommé toujours roi d'Assyrie. (J. Oppert). | |