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Les sols et les reliefs du Sahara |
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Le
Sahara
est une région au relief assez accidenté, surmonté de hauts massifs
de montagnes. Tous ces massifs se groupent au
centre du Sahara et le divisent en trois cuvettes d'inégale étendue :
la dépression qui s'étend au sud de l'Algérie
et de la Tunisie, le Sahara occidental et central,
le désert libyque. Toutes sont occupées par des plateaux
de 250 à 300 mètres, mais creusées de dépressions inférieures à 200
mètres et qui peuvent descendre jusqu'au-dessous du niveau de la mer.
Ce sont ces dépressions plus que les montagnes, accidentées, un peu arrosées,
qui constituent le véritable désert. Les deux formes essentielles du
relief qu'on y trouve, l'une et l'autre dues, pour la plus grande part,
à l'action éolienne, sont l'erg et la hamada.
L'érosion. - Dans la sculpture du relief, ce qui domine, c'est l'usure qui résulte des changements brusques de température et surtout de l'action du vent. Le sol, généralement dépourvu de toute protection végétale, est livré sans merci à l'attaque incessante et brutale de vents puissants, qui transportent des débris de roches dures, s'en servent comme de marteaux ou de polissoirs, impriment au paysage une allure décharnée, déchiquetée et, si l'on peut dire, tragique. Le rôle de l'érosion fluviale n'est pas à dédaigner dans l'étude du relief saharien, mais il est assez étroitement localisé et il est soumis ici à des lois spéciales : en particulier, l'oued saharien, qui ne peut entraîner ses alluvions à la mer, aboutit à une « aire d'épandage », fort indéterminée et provisoire, où il les entasse; d'autre part, son niveau de base, du fait même de cet entassement, change constamment, au contraire des fleuves ordinaires, dont le niveau de base, correspondant au niveau de la mer, est stable, et il suit de là qu'il est sans cesse à la recherche de voies nouvelles, qu'il modifie perpétuellement son cours; il tend aussi, du même coup, à se rapprocher de plus en plus du pied de sa montagne natale, puisqu'il obstrue progressivement ses débouchés par des entassements de matériaux, et il exerce sur les flancs de cette montagne une érosion capricieuse.Les montagnes On peut distinguer dans le Sahara plusieurs zones de hauts reliefs. Le
Hoggar.
Le
Tassili des Ajjer.
Le
Tibesti.
L'Aïr.
L'Adrar
des Iforas.
L'Ennedi.
Les
plateaux (hamada)
La hamada étale à perte de vue ses plateaux éclatants ou sombres, à la surface rayée de profondes rainures qui la divisent en larges dalles glissantes, et dépourvue de toute végétation. Ces espaces consternent par leur aridité, leurs roches nues, les galets, blocs, éclats de roche ou de basalte qui blessent les pieds du chameau. C'est essentiellement la région de la solitude infinie, du nu pierreux, sans aucun sourire de la terre, mais avec toutes les splendeurs du jour et de la nuit scintillante; dans les profondes ravines qui les taillent à vif et de plus en plus les divisent en sous-hamadas, il y a des rus souterrains, des puits, des pâtures, des arbres et arbustes, des sites grandioses, et quelquefois charmants, surtout par comparaison. On peut rapprocher des régions de type hamada, qui correspondent à des sols de pierres, les régions du type reg, qui sont des déserts de cailloux roulés, tels le Serir et le Serir Tibesti, en Libye. Les
dunes (ergs)
« Les dunes du Sahara, a dit éloquemment Schirmer, sont la preuve saisissante de ce que peut le vent dans une contrée ou il est le maître. Qu'on imagine un chaos d'arêtes vives, de pics aigus, de croupes de toute forme allongées ou courbées en croissant; une ondulation sans fin de grandes vagues de sable, aux flancs admirablement lisses, aux reflets orangés ou roses, coupées de ravins profonds dans lesquels l'homme étouffe, perdu entre ces murailles mouvantes ; tout cela silencieux, immobile comme une mer furieuse soudain solidifiée, mais noyé dans un tel flot de lumière, tellement allumé par la flamme du soleil, qu'on croit voir non du sable jaune, mais des amas de poussière d'or, et l'on n'aura qu'une faible idée de ce paysage indescriptible. Les dunes occupent environ un neuvième de l'immense Sahara. Elles forment des mers de sable, nommées Erg en arabe, Iguidi on Edeyen dans les langues berbères, et dont on ne connaît encore que fort mal les dimensions et les contours. »Les erg couvrent de très vastes régions : 1° A l'Ouest, sur le versant nord et est du petit massif de l'Adrar des Ifogaas (100 à 500 m), seul accident de terrain du Sahara occidental, et s'inclinant du Sud-Ouest au Nord-Est vers la rainure de l'oued Saoura, on distingue l'erg de l'Iguidi et l'erg Chech, flanqués au Sud par le Djouf.La forme essentielle de relief prise par l'erg, on l'a dit, c'est la dune; celle-ci est disposée en croissants joints par leur extrémité formant des séries de chaînes parallèles se poursuivant à l'infini. D'où l'aspect caractéristique du désert saharien : celui d'une véritable mer où la disposition des dunes semble une succession de vagues immobilisées.L'Iguidi du Sahara occidental, autrement dit la dune (par excellence), puisque le mot signifie dune, continue exactement l'erg Occidental par delà le sillon de l'oued Saoura, avec la direction du Sud-Ouest, jusqu'auprès de l'Océan Atlantique dans la région du Cap Blanc et du banc d'Arguin. Lui aussi est un « sable » formidable, à peu près aussi long que l'écharpe aréneuse du désert de Libye, mais bien moins large, entre 200 et 450 km seulement.2° Au centre, s'inclinant du Nord-Est au Sud-Ouest vers la même rainure du Saoura, se trouvent l'Erg oriental et l'Erg Occidental, que séparent les derniers prolongements du plateau de Tademaït et la dépression des chotts tunisiens. Ces deux grands erg forment ensemble l'areg (pluriel de l'arabe erg : de argu, grande dune). Plus au Sud, à l'Est de l'Aïr, s'étend le Grand Erg Ténéré, que limite au Sud la steppe Tintoumna (Sahel).L'Erg Oriental, à l'Est du Mzab, occupe, au Sud de la dépression des lagunes constantino-tunisiennes, le midi de la Tunisie et de la région de Constantine : c'est dans sa masse « fluide » que l'on reconnaît encore (pas partout aisément) le val de l'antique fleuve Igharghar.3° A l'Est, le désert libyque, presque entièrement recouvert par les sables, qui forme deux grandes zones d'ergs, l'une, la principale, au Nord, l'autre au Sud. L'ensemble s'étend, sur 1500 ou 1600 km de longueur, du voisinage de la Méditerranée (250 km à peine) jusqu'au pied des monts du Darfour, avec ampleurs de 400 au Nord et au Sud, de 600 à 800 au centre, des environs du Nil à ceux du Tibesti : il y a là de 800.000 à 900.000 km², sinon même 1 million. -
Et c'est bien, en effet, l'action du vent qui, agissant sur l'océan des sables comme sur les eaux de mer, accumule les premiers en dunes, comme il soulève les secondes en vagues. On a observé que la crête des dunes est, sous cette action du vent "frisottée" comme celle des vagues. Les dunes ne sont pas disposées au hasard dans le Sahara et, bien qu'elles soient mouvantes, elles ne sortent pas d'espaces très vastes, du reste, mais quand même assez bien délimités. L'erg correspond, en effet, à des régions du désert relativement déprimées et dont l'altitude est de beaucoup inférieure à celle des hamadas qui les bordent; dans ces régions déprimées, jadis des rivières s'établirent, recueillant les eaux du Sahara au temps où le climat était plus humide. On a fait, en effet, cette fort intéressante remarque : les longs couloirs (gassi) qui séparent les ergs en les coupant en deux sont en rapport avec les grands fleuves qui, au Pléistocène, arrosaient le Sahara : l'Igharghar, l'oued Mia, le Saoura, jalonnent les principales de ces dépressions. Dans ces dépressions, un peu d'humidité se conserve, quelque végétation apparaît, bonne pour les troupeaux. Aussi, et malgré ce qu'on avait cru longtemps, a-t-on pu dire que "les sables sont la seule partie du Sahara qui ne soit pas complètement infertile". (Pervinquières, le Sahara.) Ces remarques nous permettent de comprendre l'évolution du désert saharien et la formation de l'erg. Au début du Pléistocène, le Sahara était encore bien arrosé. De puissants fleuves le parcouraient, descendus de l'Atlas et des massifs centraux, et ces fleuves charriaient une quantité considérable d'alluvions qu'ils déposaient sur leurs cours moyen et intérieur. dais, vers les premiers temps de l'époque historique, il s'est produit un changement de climat : celui-ci est devenu sec. Cessant d'être alimentés, les fleuves sont devenus des oueds; bientôt, d'aval en amont, les alluvions, que le fleuve n'avait plus la force de transporter, se sont accumulées, et, les précipitations cessant complètement, le vent a transposé les alluvions fluviales en alluvions éoliennes (Gauthier, le Sahara). Mais le sous-sol reste encore un peu humide, cassez pour fixer l'erg et pour que, par endroits, des eaux puissent sourdre. Aussi est-ce dans les régions de dunes, dans les ergs, que l'on trouve un peu de vie végétale, animale et humaine et les principaux groupes d'oasis. |
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