| Edmond Rostand est un poète dramatique français, né à Marseille en 1864 et mort à Paris de la grippe espagnole en 1918, fils de l'écrivain et économiste Joseph Eugène Hubert Rostand. Ce poète a connu jeune encore une gloire bruyante, qui ne fut pas imméritée, car il a l'honneur d'avoir rétabli le vers au théâtre dans la place qu'il y occupait autrefois et qu'il semblait avoir perdu depuis la fin du romantisme. Il est venu vivre à Paris en 1885. En 1890, il a publié un recueil de vers, les Musardises, qui passa inaperçu et qui a été suivi plus tard de Pour la Grèce, volume dont la poésie n'obtint pas plus de succès. C'est au théâtre que Rostand devait triompher dès ses débuts en 1894, les Romanesques, comédie en trois actes et en vers, furent représentés avec le plus vif succès au Théâtre-Français. La Princesse lointaine, drame en vers en trois actes (1895), où Sarah Bernhardt a créé un de ses meilleurs rôles, obtint du public un accueil encore plus enthousiaste, par la délicatesse et le charme poétique que la pièce respire. En avril 1897, la Samaritaine, évangile en trois tableaux, sans amoindrir la réputation du poète, n'y ajouta rien : déjà quelques raffinés commençaient à se défier de la verve un peu trop facile de Rostand. La première représentation de Cyrano de Bergerac, en décembre 1897, fut un des plus éclatants triomphes qu'ait enregistrés l'histoire du théâtre : pendant des centaines de représentations, un public enthousiaste vint applaudir l'auteur, sacré grand poète par la foule; Coquelin aîné, dont le rôle de Cyrano mettait en valeur toutes les qualités, eut sa juste part des applaudissements. Il n'était pas aisé de composer une autre oeuvre qui fit croître ou simplement qui soutint l'admiration du public : l'Aiglon, pièce en cinq actes, à grand spectacle, joué en mars 1900 par Sarah Bernhardt, a obtenu cependant un grand succès de curiosité, de sympathie et de mise en scène; la virtuosité du poète ne s'est pas démentie dans cette pièce, mais, en même temps, tous ses défauts et la limite de son talent s'y montrent à nu. Rostand connaît encore en 1904 un succès avec Chantecler, qui met en scène la vie d'une basse-cour autour de son coq. . La verve étourdissante et la franche gaieté de Rostand, son penchant à imaginer des histoires d'amour d'une sentimentalité raffinée, la souplesse et l'habileté de son vers, ce mélange de concetti à l'espagnole accommodés selon l'art de Théodore de Banville, a eu l'art de transporter le public, que les pièces d'analyse et les comédies à thèse ont toujours ennuyé. Les délicats se montrent plus difficiles : l'insuffisance psychologique et les disparates de langage des pièces de Rostand diminuent le plaisir que leur causent tant de scènes amusantes, emportées dans un mouvement endiablé, et le souffle de jeunesse qui traverse tout ce théâtre; on ne peut s'empêcher de remarquer que la qualité poétique de l'oeuvre de Rostand s'adultère à chaque pièce nouvelle; des admirateurs trop ambitieux pour lui ont voulu le comparer à Racine, à Hugo : mais sa psychologie est trop courte et son lyrisme trop maigre. - Rostand à l'époque de Cyrano. Cyrano, pièce de cape et d'épée, est amusante d'un bout à l'autre, et l'on ne veut pas se montrer trop difficile sur la qualité du plaisir que l'on éprouve; mais l'Aiglon, pièce «-psychologique », est d'une matière très pauvre : il y a trop de scènes accessoires, qui ne sont pas toutes d'un goût bien pur, ni d'une valeur incontestable, ni même d'une nécessité bien prouvée; l'intérêt tient surtout au sujet, au charme de la mélancolique figure du duc de Reichstadt, à toutes les associations d'idées éclatantes ou sombres qu'évoque le nom de Napoléon. Une fois ces réserves faites sur la qualité un peu superficielle de cette poésie et sur la portée réelle du talent de Rostand, on doit reconnaître qu'il a été un véritable homme de théâtre : la verve du style où brille un richesse d'images toute méridionale, le mouvement continu des scènes, l'art de condenser en un mot une situation, d'inventer des tableaux qui frappent l'imagination du spectateur, une ingéniosité toujours en éveil, riche en trouvailles d'idées et de mots, font oublier cette virtuosité qui se plaît aux jongleries de mots, aux tours de force de style, et cache souvent la superficialité de l'analyse et la sécheresse du développement. Rostand a épousé en 1890 Rosemonde Gérard (1871-1953), qui a écrit, aussi de jolis vers; pendant le temps de ses fiançailles elle a écrit les Pipeaux, publiés en 1890, en réponse aux vers de son fiancé : Les Musardises. Ils ont eu pours enfants le biologiste Jean Rostand (1894-1977) et l'écrivain Maurice Rostand (1891-1968) (GE). | |