| George Romney est un peintre anglais, né à Beckside, près Dalton in Furness (Lancashire) le 15 décembre 1734, mort à Kendal le 15 novembre 1802. Fils de John Romney, constructeur et ébéniste, il travailla d'abord avec son père, puis, en 1753, entra en apprentissage chez Edward Steele, peintre de portraits, de passage à Kendal. Il épousa dans cette ville une jeune fille de petite condition; qui l'avait soigné pendant une maladie et s'y installa, après une tournée avec son maître à York et à Lancaster. Il peignait des portraits à raison de 2 guinées pour un buste et de 6 pour le corps en pied, avec l'aide de son frère Peter (1743-1777), qu'il avait pris avec lui. En 1762, il était parvenu à amasser un petit capital, dont il laissa la plus grosse part à sa femme, mère de deux enfants, et il se rendit à Londres, où il fut aidé par deux compatriotes. En 1763, il prit part au concours de la Society of Arts, mais n'obtint, avec une Mort du général Wolf, qu'une récompensé secondaire. L'année suivante, il fit le voyage de Paris, entra en relation avec Joseph Vernet et, grâce à ce dernier, put étudier dans la Galerie d'Orléans. Rentré à Londres, il trouva des protecteurs et remporta le second prix de la Society of Arts (50 guinées) pour une Mort du roi Edmund (1765). En 1767, il se lia avec Richard Cumberland, auteur dramatique, qui posa devant lui et commença sa réputation par les éloges qu'il en publia. De 1768 à 1772, il se fit connaître par des portraits qu'il exposa, d'abord à la Free Society of Artists, ensuite à la Chartered Society. Il en retira assez d'argent pour pouvoir se payer le voyage d'Italie qu'il rêvait depuis longtemps. Il partit en 1773, avec Ozias Humphry le miniaturiste, traversa la France, séjourna longtemps à Rome où il étudia les maîtres de la peinture et les antiques, passa par Venise et rentra en Angleterre après une absence de deux ans. Il éprouva d'abord quelque difficulté à reprendre sa situation antérieure, mais il y parvint grâce à la protection du duc de Richmond. Il devint alors un portraitiste à la mode et le rival de Reynolds. Celui-ci se vit abandonné par une partie du public et en conçut un ressentiment qui détermina Romney à ne jamais exposer à la Royal Academy et, par suite, l'empêcha d'entrer dans la Compagnie. Romney consacra une bonne part de son effort artistique à la représentation d'Emma Lyon, qui, après avoir fait profession de modèle, devint lady Hamilton; de 1782 à 1785, il en multiplia l'image, tantôt en portrait, tantôt dans des tableaux d'histoire. De 1786 à 1790, toute l'aristocratie défila devant notre artiste, qui se fit un revenu annuel de 3000 livres. (Le plus haut prix d'un portrait était de 120 guinées). En 1790, il fit un voyage à Paris. - Miss Constable, par George Romney (1787, Lisbonne). En 1794, il collabora à la Shakespeare Gallery qu'avait entreprise Alderman Boydell et composa le naufrage de la Tempête, Shakespeare nourri par la Tragédie et par la Comédie, Shakespeare enfant entouré des Passions. Bientôt après, la sensibilité naturelle de Romney s'exaspéra : il devint susceptible et bizarre. Il finit par se retirer à Kendal, auprès de sa femme qu'il n'avait pas revue depuis 1767 et de son fils qui adoucirent ses dernières années. A la différence de Reynolds, Romney vécut retiré; l'insuffisance de son éducation en fut peut-être la cause; quant à son caractère, la bonté en est attestée par la chaleur et la constance des amitiés de l'artiste. Sa renommée artistique a varié : brillante durant sa vie, elle subit une éclipse après sa mort, pour se relever ensuite plus éclatante que jamais. Au vrai, il est inférieur à Reynolds pour la faculté d'analyse, à Gainsborough pour la sensibilité et surtout pour le coloris. Il n'en reste pas moins un maître, et certaines de ses oeuvres sont de premier ordre. Romney a formé quelques élèves, parmi lesquels James Lonsdale et Isaac Pocock. On voit son portrait à la National Portrait Gallery, où se trouvent également quelques-unes de ses belles oeuuvres; d'autres se voient à la National Gallery et dans les grandes collections particulières. (Fr. Benoit). | |