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Jérémie Benjamin Richter est un chimiste, né en 1762 à Hirschberg en Silésie, mort en 1807, fut essayeur des mines à Breslau (Wroklow) puis attaché à la manufacture de porcelaine de Berlin. On lui doit de savantes recherches sur le palladium, le nickel, le cobalt, la glucine, etc.; mais il a surtout bien mérité de la science par la découverte de la loi des proportions des éléments chimiques, loi formulée depuis par Berzélius; ses recherches sur ce point important sont consignées dans ses Rudiments de Stoechiométrie ou Art de mesurer les éléments chimiques, 3 v. in-8, Breslau, 1792-94. | ||
Johann-Paul-Friedrich Richter est un écrivain allemand, né à Wunsiedel, dans le Fichtelgebirge, le 21 mars 1763, mort à Bayreuth le 14 novembre 1825. Le caractère de Jean-Paul - c'est le nom familier qui lui est resté - et ses écrits, où éclate un singulier génie d'émotion, lient son nom, d'une part, à ceux des romanciers humoristes allemands, Wieland, Musoeus et Hippel, qu'il dépasse tous en certains genres, et, d'autre part, à ceux des plus grands parmi ses contemporains, les vrais classiques, dans la région desquels il s'est élevé souvent pour de courts instants; il y a dans la plupart de ses ouvrages des pages d'une verve satirique si pénétrante ou d'une tendresse idyllique si profonde que les meilleurs juges les croient assurées de vivre autant que la langue allemande. Issu d'une famille modeste de pasteur de campagne, Jean-Paul vécut jusqu'à l'âge de treize ans en pleine nature, au milieu des paysans; ce contact prolongé fut décisif; il créa entre son sa sensibilité et la nature une union étroite et féconde, plus intime et plus passionnée que celle dont le Werther de Goethe, ce fils de Rousseau, nous offre le pathétique exemple, et aussi prête à la joie chez Jean-Paul, à l'espérance, qu'elle est disposée, chez Goethe, à renoncer à la vie. Ce ne fut qu'à l'âge de treize ans que Jean-Paul fréquenta une école, celle de Schwarzenbach où son père venait d'être appelé à exercer son ministère; mais soit qu'il ne trouvât pas chez ses maîtres une tendresse de coeur en harmonie avec ses sentiments délicats, soit que le travail méthodique rebutât sa nature aimante et enthousiaste, il se replia sur lui-même et chercha dans les livres la conversation des esprits sympathiques au sien. Il s'engageait ainsi plus avant dans sa propre nature. Emprisonné désormais, pour ainsi dire, dans le monde des sensations peu variées et des expériences de sa jeunesse, il n'en sortira plus. Il le parcourra en tous sens pour en trouver l'issue, mais en vain; et, en l'étudiant à fond, il y trouvera des trésors, car la nature vivante se communique à l'humble sensibilité idyllique sincèrement aimante aussi bien qu'aux titans en qui elle s'incarne tout entière. A la nature champêtre dont son imagination est peuplée viendront se joindre, pour la diversifier et l'animer, les souvenirs des oeuvres de la littérature humoristique. La mémoire de Jean-Paul devint, dès ce temps, une bibliothèque ou s'emmagasinèrent d'innombrables fragments idylliques, et comiques, satiriques et humoristiques; anecdotes, mots, traits malicieux, scènes bouffonnes, idées risibles, rêves fantastiques, occupèrent, venant de partout, de la lecture, de l'observation et du multiple jeu de l'association des idées, sa vie intellectuelle; c'est ainsi qu'il enrichit son fond surtout par la lecture. Il vécut en esprit parmi les héros de l'humour et les railleurs sensibles. Ce sont des esprits d'aspect maladif et d'attitude affectée. Ils manquent de naturel; il faut qu'ils soient doués d'un talent puissant pour imposer leur conception particulière de la nature. Certes ils émeuvent alors profondément, car ils disent à la nature son fait, et que si elle nous prend pour dupes du jeu qu'elle joue avec nous, c'est elle-même qui est jouée. L'essence du génie humoristique est une lumière dans laquelle nous voyons l'inanité de la vie tout entière. Devant nous, elle remplit sa tâche avec la gravité imperturbable de l'enfant qui réédifie sans cesse sa maison de cartes. Notre esprit s'illumine du sourire de celui qui voit l'erreur; mais aussitôt il devient triste, car il s'est reconnu lui aussi dans cet enfant. Outre les écrits de Rousseau qui semble avoir été son auteur de chevet, Jean-Paul analysa les humoristes anglais; il fit aussi des extraits de toutes sortes de livres concernant les différentes sciences et prit goût à l'histoire et à la géographie, à la médecine, à la théologie, tout autant qu'aux romans. Plus tard, il transportera ses extraits dans ses romans. Il les y encadrera tant bien que mal, plus souvent mal que bien, les y accrochera, les y amoncellera, pareil à un voyageur, riche de mille objets hétéroclites, dont il fait un ameublement qui étonne; rien ne lui plait tant que ce pêle-mêle; son art, nous voulons désigner par là seulement la composition de ses oeuvres, est l'application de l'idée qu'il a professée, que la meilleure méthode esthétique, serait ce travail d'analyse, de découpage et d'assemblage d'extraits disparates. Cette idée est exposée dans sa jolie dissertation intitulée Die Taschenbibliothek des Pagenhofmeisters Aubin, où, heureusement, il n'a pas eu assez de place pour l'appliquer; et, à ce propos, il faut dire que, en général, ses ouvrages les plus courts sont aussi les meilleurs; il n'atteint la perfection classique que dans ses dissertations; il pèche partout ailleurs contre le principe de l'art qui n'est, après tout, que d'exprimer la loi de la vie, principe d'unité et d'organisation de la variété. Si la discipline sèche et routinière de l'école l'attrista, il ne s'épanouit pas davantage dans l'atmosphère du gymnase de Hof où nous le trouvons eu 1779. A ce moment, la mort de son père introduit la misère au foyer de sa famille. A Leipzig, où il était venu étudier la théologie, sa détresse fut extrême. Point de leçons! Il fallut donc chercher un éditeur, solliciter l'attention du public, et vivre du métier d'écrivain! La première partie des Groenlaendische Prozesse parut à Berlin en 1783-1784. Cette première tentative ne parvint pas à le tirer de l'obscurité; elle lui valut même le mépris des gens de Hof où la détresse l'avait ramené au misérable foyer de sa mère. Un ami d'Université, Adam Oerthel, lui ayant offert d'instruire ses jeunes frères, Jean-Paul accepta cette situation de précepteur; il l'occupa deux ans, jusqu'à 1789; il créa alors une petite école libre à Schwarzenbach; des amitiés vives rassérénèrent son âme et y réveillèrent l'inspiration, l'enthousiasme et la verve créatrice; enfin son roman Hesperus força l'attention, vainquit l'indifférence et révéla un talent capable d'émouvoir les coeurs les plus malveillants. A partir de cettee date, le pauvre maître d'école de Schwarzenbach put concevoir l'espoir de vivre de ses travaux littéraires. Il quitta ses élèves et revint auprès de sa mère. La mort la lui ayant enlevée en 1797, il s'établit à Weimar en 1798. Les beaux esprits que la sollicitude du grand-duc avait réunis ici accueillirent le nouveau venu avec une cordialité réconfortante. Un heureux mariage affermit le bonheur un peu tardif de l'excellent homme, et ce bonheur lui resta fidèle pendant vingt années, dont la plus grande partie s'écoula à Bayreuth, parmi les joies de la famille, au milieu d'amis dévoués, d'admirateurs et de protecteurs généreux. Jean-Paul eut ainsi les loisirs, la quiétude et l'aisance dans l'âge où le corps, jouissant de la plénitude de ses forces, seconde le génie dans tous ses ressorts, et il faut reconnaître qu'il justifia par une activité féconde, à la fois la nature de l'avoir doué d'un beau talent, et la fortune de l'avoir à la fin protégé et aidé; mais la terrible humoriste finit cependant par un de ces tours féroces dont elle est coutumière : elle enleva le fils de notre romancier en 1821; Jean-Paul traîna encore pendant quatre années une vie empoisonnée.
« J'ai appelé ma biographie Vérité et Poésie, dit Goethe, parce qu'elle s'élève, par ses hautes tendances, au-dessus d'une basse réalité ». Par esprit de contradiction, Jean-Paul a intitulé les récits de sa vie : Vérité. Comme si la vérité que renferme la vie d'un homme tel que lui pouvait être autre chose que celle de la vie d'un philistin. Un fait de notre vie n'a aucune valeur par sa vérité, il en a par ce qu'il signifie. La vie de Jean-Paul, nous voulons parler de sa vie intellectuelle, fut en effet, par ses habitudes les plus profondes, celle d'un philistin, c.-à-d. d'un petit bourgeois de très peu de goût artistique, de beaucoup de bonne moralité chrétienne, très attentif à ses émotions, à ses impressions, les recueillant avec soin, humoriste par nature de philistin, car le philistin, quand il exprime sa pensée, incline vers le comique et la satire; il se plait à railler le sentiment dont il s'est délecté, et faisant ainsi l'esprit fort, il se croit à l'abri de la raillerie d'autrui. Mais Jean-Paul a du génie. On peut retrancher de ses romans les citations de toute nature, les extraits, les appendices, les post-scriptum, les compléments et les suppléments, et tout le bric-à-brac de notes et de réflexions, de lettres et de fonds de tiroir qu'il jette dans un cadre sans jointures serrées; il reste toujours, tantôt une idylle exquise, tantôt un rêve émouvant, ou bien une scène d'un comique irrésistible, une satire spirituelle, une description passionnée de la nature, une profusion de traits d'esprit et de malice, de figures pittoresques, de scènes émouvantes et de passages de maître, tant pour le fond que pour la forme, au milieu des pages ennuyeuses, où mille détails oiseux s'enchevêtrent dans d'interminables périodes trois ou quatre fois disloquées par des suspensions et des parenthèses qui se rectifient les unes les autres. Jean-Paul a du génie. Il a surtout le génie de l'idylle. Ce génie est plus fréquent en Allemagne que partout ailleurs, surtout au XVIIIe siècle. Il y a de l'idylle dans toutes les grandes oeuvres de la poésie allemande de cette époque. Dans Jean-Paul, l'idylle tire son originalité d'une émotion et d'une imagination qui participent à la vie de la nature; mais il ne s'agit, bien entendu, que de la petite nature, si l'on peut dire ainsi, à laquelle le poète s'était uni par une communion intime; nature végétative, nature des petites gens, nature des pauvres et des souffreteux; nature des passions villageoises, des convoitises naïves, profondes, des joies simples et intenses causées par des riens. Avec une acuité de regard surprenante, Jean-Paul perçoit le jeu profond des moindres mouvements de sa sensibilité et il sait nous associer à sa vision et à son émotion, au moins par moment. L'intensité de l'observation émue ne manque guère de provoquer l'esprit à la raillerie. Mais dans un esprit foncièrement bon comme l'était celui de Jean-Paul, la satire ne pouvait rien avoir d'amer; cependant les vices qu'il personnifie dans quelque docteur, pasteur ou instituteur, ou qu'il attaque directement dans les institutions, dans les usages et dans le caractère national ressortent avec une netteté qui les fait mépriser; JeanPaul déploie souvent dans cette oeuvre de moraliste, les ressources d'une ironie merveilleusement inventive. On regrette qu'il n'ait pas pu, malgré la rareté de son art, donner à l'Allemagne un seul livre bien fait. Il appartient, par son caractère, au groupe romantique plutôt qu'au groupe classique. Dans presque tous ses personnages, c'est lui qu'il peint, c'est sa nature complexe, anarchique, sentimentale et railleuse, rêveuse, extravagante ou raisonnable, et toujours profondément sincère qui se dessine et nous impatiente et force pourtant la sympathie et l'admiration, sympathie mécontente, admiration qui se reprend et s'attache à des pages, se restreint et se révolte contre les exubérances d'une imagination vraiment trop dépourvue de goût. (E. Bailly). | ||
Ludwig Adrian Richter est un peintre et graveur allemand, né à Dresde le 28 septembre 1803, mort à Dresde le 19 juin 1884. Il était fils d'un graveur sur cuivre, Karl-August Richter. Destiné d'abord à la gravure, qu'il étudia sous son père, il manifesta bientôt des goûts artistiques, qui s'étaient développés par l'étude passionnée de dessins de Chodowiecki. En 1820, il accompagna en France, en qualité de dessinateur, le prince Narischkin et, en 1823, grâce à la générosité du marchand de tableaux Arnold, il put faire le voyage de Rome. Admis dans le groupe d'artistes allemands qui s'étaient assemblés autour de Cornelius et d'Overbeck, il travailla sous la direction du paysagiste Anton Koch et du peintre d'histoire J. Schnorr et produisit un grand nombre de peintures à l'huile sur des sujets empruntés à la nature et à la vie italiennes. - « Mon nid est le meilleur », par Ludwig Richter (1869). Rentré en Allemagne en 1826, Richter se fixa d'abord à Meissen, puis, en 1828, à Dresde où il devint professeur à l'Académie. Dès lors, il se consacra à l'illustration du pays et du peuple saxons, d'abord par la peinture, plus tard par la vignette. C'est d'ailleurs son oeuvre de dessinateur et de graveur sur bois, qui constitue son principal titre de gloire. Observateur pénétrant et sympathique de la nature, de l'enfance, des petites gens de la campagne et de la ville, il a prodigué son talent dans l'illustration de livres, tels que les Contes populaires de Musaeus, les Chants scolaires et populaires, le Livre des enfants et les Chants populaires de Scherer, les Hymnes pour les enfants, les Contes de Bechstein, les Veillées, etc. D'autre part, une série de compositions les plus importantes comprend l'Album de Goethe, le Chant de la cloche, le Dimanche, Notre pain quotidien, Images et vignettes, etc., mais surtout le recueil Pour la maison (1858-1861). Ludwig Richter a, joué le rôle d'un initiateur et influencé, non seulement l'évolution artistique, mais encore l'évolu tion morale de l'Allemagne. Il a donné l'exemple de l'étude sincère de la réalité physique et humaine, de l'interprétation parfois malicieuse, plus souvent naïve, voire émue des gestes de l'enfance et des joies de la famille, enfin de la verve et de la franchise d'exécution. D'autre part, par l'inspiration, le nombre et surtout la diffusion de ses images, il s'est élevé au rang d'éducateur de la jeunesse et de guide de la famille allemandes. (Fr. Benoît). |
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