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Théodule Armand
Ribot est un philosophe et psychologue né à Guingamp
le 18 décembre 1839, mort en 1916. Après avoir fait ses études secondaires
au lycée de Saint-Brieuc, Ribot fut
contraint par sa famille d'entrer dans l'administration de l'enregistrement;
mais il abandonna ses fonctions au bout de deux ans et vint à Paris; il
s'y prépara à l'École normale supérieure où il fut admis en 1864.
Il fut reçu agrégé en 1866 et docteur en 1875. A sa sortie de l'École
normale, il fut nommé professeur de philosophie
au lycée de Vesoul d'où il passa, trois
ans plus tard, Ã celui de Laval. Il y resta
quatre ans au bout desquels, las des insuffisances de, l'enseignement officiel,
il prit un congé, vint à Paris et s'y consacra exclusivement à des recherches
de psychologie expérimentale dans les laboratoires
d'histologie et de physiologie, dans les asiles d'aliénés. En 1876; il
fonda la Revue philosophique, organe mensuel librement ouvert Ã
toutes les doctrines, qu'il diriger pratiquement
jusqu'à sa mort. En 1885, Ribot, dont les beaux travaux avaient imposé
le nom à l'attention du monde savant, fut chargé d'un cours de psychologie
expérimentale à la Sorbonne. Enfin le
Collège de France, en 1888, l'appela à à chaire de psychologie expérimentale
et comparée.
Le premier ouvrage de Ribot, la Psychologie
anglaise contemporaine (Paris, 1870; in-8, 3e
éd. 1883) déterminait déjà , avec une parfaite précision, la voie que
l'auteur devait suivre pendant toute sa carrière philosophique. La préface
fut, pour la France, le manifeste d'une école de psychologie toute nouvelle.
L'auteur y montrait qu'après toutes les sciences
positives, la psychologie devait à son tour se détacher de la philosophie,
réduite à la seule métaphysique, se constituer
à part et renoncer à toute recherche sur les questions d'origine, de
nature et de fin. La psychologie est une science de faits qui se présentent
sons deux aspects inséparables : l'aspect interne ou conscient, et l'aspect
physiologique. A la méthode d'introspection,
essentiellement individuelle et limitée à un petit nombre de faits clairement
perçus, il faut donc ajouter la méthode externe : observation
et mesure des phénomènes
nerveux, psychologie comparée des races, des enfants, des animaux, etc.
Dans la Psychologie anglaise et
dans la Psychologie allemande contemporaine (Paris 1879, in-2 ;
13e éd., 1898) ; trad. en anglais; allemand,
polonais et russe), Ribot faisait connaître au public français les principaux
résultats acquis dans la psychologie d'observation et d'expérimentation
par les deux Mill, Spencer,
Bain, Herbart, Fechner,
Lotze, Wundt, etc.
Dans les ouvrages suivants, il a donné lui-même d'excellents modèles
de psychologie appuyés sur les observations physiologiques les plus précises
: l' Hérédité psychologique (Paris, 1893, in-8; 5e
éd., 1889) ; les Maladies de la mémoire
(Paris, 1881, in-12 ; 13e édition, 1898;
tr. en anglais, allemand, espagnol, russe); les Maladies de la volonté
(Paris, 1883, in-12 ; 14e éd. 1899);
les Maladies de la personnalité (Paris, 1885, in-12; 8e
éd. 1899); la Psychologie de l'attention
(Paris, 1889, in-12; 3e éd. 1897.
On avait pu reprocher à ces divers ouvrages
une tendance excessive à réduire les phénomènes psychologiques à leurs
manifestations externes. Les deux ouvrages suivants, tout en réservant
absolument toute explication métaphysique, accordent
une plus large place à la description des processus internes; Psychologie
des sentiments (Paris, 1896, in-8 ; 3e
éd., 1899), où il établit notamment la priorité de l'élément affectif
sur l'élément représentatif, et l'Évolution des idées
générales (Paris, 1897, in-8). Ribot a écrit, en outre, la Philosophie
de Schopenhauer (Paris, 1874, in-12;
7e éd., 1896; trad. en espagnol). (Th. Ruyssen). |
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