| Claude-Philibert Barthelot, comte de Rambuteau est né à Mâcon le 9 novembre 1781 et est mort le 23 avril 1869 au château de Rambuteau, près de cette ville. Il fit, en 1809, partie de la députation envoyée, selon l'usage, par le département de Saône-et-Loire, pour complimenter Napoléon à l'occasion de la paix de Vienne. Devenu le gendre du comte de Narbonne-Pelet, il dut à cette alliance et à son nom la faveur du souverain qui tenait à attacher à son gouvernement les représentants des vieilles familles; nommé chambellan à la suite d'une mission en Westphalie, il obtint en 1811 la préfecture du Simplon; le 8 janvier 1814, il passa à celle de la Loire et, par la formation des gardés mobiles, par l'activité qu'il donna à la fabrication des fusils à Saint-Etienne, il contribua à la défense du pays, réussit à tenir l'ennemi en échec dans son département où, grâce à lui, la ville de Roanne résista à l'invasion depuis le 22 janvier jusqu'au 11 avril, et ne capitula qu'après Paris et Toulouse. - Rambuteau (1781-1869). La Restauration le maintint dans ses fonctions, où il eut à liquider deux millions de créances sur le gouvernement; pendant les Cent-Jours, le département l'élut député. Devenu préfet de l'Allier, puis de l'Aude et chargé d'une mission à Montpellier, il réprima énergiquement les menées des royalistes; aussi la seconde Restauration le rendit-elle à la vie privée; il se retira à Charnay où il s'occupa d'agriculture. Envoyé à la Chambre par l'arrondissement de Mâcon, en 1827, il y parla peu, mais vota avec l'opposition. Ce passé administratif et politique lui valut, sous Louis-Philippe, son élévation à la préfecture de la Seine où il succéda au comte de Bondy, le 22 juin 1833, et qu'il ne quitta qu'aux journées de juin 1848. Pendant ces quinze années, l'opposition ne lui ménagea ni les critiques, ni les railleries, mais aujourd'hui ne survit plus que le souvenir des services qui lui ont créé des titres incontestables à la reconnaissance des Parisiens. Administrateur prudent, économe des deniers publics, il réalisa sans somptuosité, sans éclat, mais aussi sans obérer la ville, toutes les améliorations qu'il était possible de faire avec des ressources limitées. Jamais tant de travaux n'avaient encore été entrepris pour l'assainissement de Paris et l'amélioration de la viabilité; une foule de rues furent rectifiées, élargies, percées; l'air et la lumière purent pénétrer dans des quartiers infects, témoin le déblaiement de la cité, la création de la rue de Rambuteau, ouverte dans des proportions qui furent loin de paraître mesquines à cette époque; le remaniement ou la construction de 120 km d'égouts, le nivellement des grands boulevards, la plantation des quais, le remplacement de l'éclairage à l'huile par l'éclairage au gaz, la création de trottoirs, l'agrandissement de l'Hôtel de Ville, l'achèvement de l'Arc de Triomphe et de la Madeleine. Notre-Dame de Lorette, Saint-Vincent de Paul, Sainte-Clotilde, l'hôpital Lariboisière, le pont louis-Philippe, la colonne de Juillet, l'érection de l'obélisque et des fontaines sur la place de la Concorde et une foule d'autres travaux datent de l'édilité du comte de Rambuteau, dont les services avaient été reconnus par le titre de pair de France, par sa nomination au conseil d'Etat, sa promotion au grade de grand officier de la Légion d'honneur, son élection à l'Académie des beaux-arts. Une rue et une station de métro portent son nom, ce qui était presque de droit pour nos anciens préfets, mais ce nom, les Parisiens l'ont encore consacré à leur manière en l'attribuant à certains édicules que réclamaient l'hygiène, et que jamais le public ne consentit à désigner sous le terme classique de vespasiennes. La postérité sera ainsi instruite que Rambuteau, en préfet modèle, ne dédaignait pas de descendre dans aucun des détails de son administration. (Marcel Charlot). | |