| John Pordage est un mystique et théosophe anglais, né en 1625, mort en 1698. Curé à Saint-Laurence, puis recteur de Bradfield (Berkshire) en 1647, il devint le chef des disciples anglais de Jacob Boehme ; il cherchait « la perfection de la vie monastique », voulait revivre la Bible, nommait son père Abraham et sa femme Déborah, et se croyait en communion visible avec les anges. Accusé une première fois de doctrines panthéistes et hétérodoxes en 1651, il fut acquitté; mais, à l'instigation des presbytériens, les poursuites furent reprises en 1654 : les neuf chefs d'accusation en étaient devenus cinquante-six, et Pordage fut condamné, entre autres motifs, « comme ignorant et insuffisant pour l'oeuvre du ministère ». Il fut réinstallé dans ses fonctions par la Restauration, et passa ses dernières années dans la compagnie de la fameuse Jane Leade, prétendue visionnaire comme lui et son principal disciple. Ses écrits anglais sont nombreux : Truth appearing through the clouds of undeserved scandal (1655); The fruitful wonder; The Angelical world, etc. Mais ses trois oeuvres capitales sont en latin : Theologia mystica, sine arcana mysticaque doctrina de invisibilibus aeternis (Amsterdam, 1695); Sophia, vel detectio caelistis sapientiae de mundo interno et externo (Amsterdam, 1699); Metaphysica vera et divina (Francfort et Leipzig, 1725, 3 vol.). La doctrine qui s'y trouve exposée, non rationali arte, sed cognitione intuitiva, prétend s'appuyer sur la seule expérience intime de l'auteur et n'avoir rien de livresque; c'est un mysticisme panthéiste, fondé sur l'idée alexandrine des émanations : l'esprit est tout, et l'esprit est pure activité, merus actus; il constitue le fond des choses et même l'étendue, qui est en soi un continu indivisible, et n'apparaît comme discrète qu'aux yeux de l'imagination. Le propre de l'esprit est de se répandre par des fluides ou des influences diverses; et, dans la connaissance, l'objet agit ainsi sur le sujet et le pénètre. Aussi y a-t-il autant d'organes de la connaissance, ou d'âmes, qu'il y a d'espèces d'objets : l'une correspond aux objets visibles et extérieurs; la seconde, aux invisibles et intérieurs; la troisième, aux divins et surnaturels. D'où la réalité de l'intuition intime, par laquelle nous trouvons et connaissons Dieu au fond de nous-mêmes, et, d'autre part, la possibilité des visions proprement dites. (D. Parodi). | |