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Ponsard

François Ponsard est un poète dramatique, né à Vienne (Isère) le 1er juin 1814, et mort à Paris le 7 juillet 1867. Fils d'un avocat, il fut destiné au droit. Après avoir fait de solides études, il se fit inscrire au barreau de Vienne; mais, passionné par la poésie, il négligea la pratique de la jurisprudence pour la littérature

Dès 1837, il traduisait en vers Manfred; dès 1843, il faisait représenter à l'Odéon (24 avril) la tragédie en vers de Lucrèce, qui fut l'occasion d'un des plus chauds combats qui se soient livrés entre les romantiques et les classiques. Les Burgraves de Victor Hugo venaient précisément de subir un échec lamentable et la pièce de Ponsard, d'une grande beauté de lignes, d'une grande clarté, d'une véritable allure tragique, encore qu'assez froide et assez maniérée, obtint le suffrage de tous ceux que les hardiesses trop voulues et las débordements d'imagination de Hugo avaient ahuris et désorientés. Ponsard fut attaqué sans mesure par les hugolâtres, mais il fut défendu par Lamartine et par Vigny, et, las du bruit qui se faisait autour de son nom et auquel ne l'avait guère habitué la vie calme de la province, il s'en revint dans le Dauphiné.

Mais à Paris, on ne l'oubliait pas : bon gré mal gré, on le sacrait chef d'école; tous les ennemis du romantisme se groupaient autour de lui et l'Académie française lui décernait (1845) le prix de tragédie fondé « pour opposer une digue aux envahissements du romantisme  », Aussi ne faut-il pas trop s'étonner de l'accueil qui fut fait à la seconde tragédie de Ponsard, Agnès de Méranie, représentée à l'Odéon le 22 décembre 1846. Elle tomba à plat, malgré des qualités de premier ordre, et elle ne put reparaître à la scène que vingt ans après. La critique égala Ponsard à Campistron et tout fut dit.

Mais l'auteur dramatique ne devait jamais se relever ni du triomphe chèrement acheté de son premier ouvrage, ni de la chute imméritée du second. Sensible à la critique, il chercha à se corriger et de ses audaces et de ses timidités et ne retrouva jamais sa voie. Pourtant la révolution de 1848 lui donna occasion de produire une tragédie révolutionnaire, Charlotte Corday, et de poser sa candidature à l'Assemblée constituante. Il échoua dans ces deux entreprises : ses concitoyens lui refusèrent leurs suffrages et sa tragédie, inspirée par le souffle ardent des Girondins, mais ennuyeuse dans sa correcte beauté, dut être retirée (1849), puis interdite après qu'elle eut été jouée à la Comédie-Française (23 mars 1850). Elle paraissait alors trop républicaine.

Ponsard se réfugia dans l'Antiquité. Après Horace et Lydie (Théâtre-Français, 19 juin 1850), comédie aimable qui réussit surtout parce qu'elle fut jouée par la grande Rachel, il écrivit Homère, adaptation habile du sixième chant de l'Odyssée, où se rencontrent de fort jolis morceaux, puis Ulysse, tragédie en vers avec choeurs (Théâtre-Français, 18 juin 1852), qui ennuya prodigieusement le public, malgré la musique de Charles Gounod.

Irrité par ces insuccès, Ponsard se jeta en pleine vie moderne et, coup sur coup, avec l'Honneur et l'Argent (Odéon, 11 mars 1853), puis avec la Bourse (Odéon, 6 mai 1856), il connut l'enivrement d'un véritable triomphe. La première de ces comédies fut jouée deux cents fois de suite, ce qui n'était pas commun alors. La popularité grisa Ponsard qui, par surcroît, était entré à l'Académie française le 22 mars 1855. Pendant près de huit années, il se livra à tout l'emportement de désirs longtemps réprimés. L'infortune lui avait paru amère.

« J'ai trouvé dur, écrivait-il, d'être exclu de la vie politique où j'apportais toute mon âme; j'ai trouvé dures la pauvreté et bien d'autres choses encore. »
Il abusa quelque peu de la bonne fortune. Au sortir de cette crise, il se maria (18 juillet 1863). Sa femme, Marie Dormoy, aimable et dévouée, eut l'influence la plus heureuse sur ses dernières années. Malade, affaibli, l'écrivain reprit confiance en lui-même et se remit au travail. Le 18 janvier 1866, il donnait au Théâtre-Français le Lion amoureux, la plus connue peut-être de ses comédies et qui fut reçue avec un enthousiasme si débordant qu'on égala cette fois Ponsard à Corneille. La pièce qui suivit, Galilée, drame en vers, fut représentée à la Comédie-Française le 7 mars 1867, sur l'ordre exprès de Napoléon III, qui passa outre à l'obstruction perfide du parti clérical. Mais la thèse était trop haute et trop philosophique pour être bien comprise du grand public, et cette apologie de la raison et de la science toujours en lutte contre les entreprises du fanatisme et de la superstition, n'obtint qu'un succès d'estime. 

Ponsard était mourant le jour de le première représentation; son agonie, lente et cruelle, se prolongea pendant un mois.

En 1857, toujours féru de sa marotte politique, le poète dramatique avait encore posé sa candidature aux élections législatives; il n'avait réussi qu'à s'attirer des inimitiés, et à dépenser beaucoup d'argent. Il n'eut pas plus de chance dans une tentative qu'il fit pour entrer dans l'administration. 

Après le coup d'État du 2 Décembre, il avait accepté les fonctions de bibliothécaire du Luxembourg. Taxile Delord prétendit, dans le Charivari, qu'il les devait à l'influence occulte de Letitia Bonaparte, alors princesse de Salm. Il en résulta un duel et la démission de Ponsard, qui n'avait même pas occupé son poste. Mentionnons encore de lui : Molière à Vienne, comédie en prose, représentée à Vienne le 9 octobre 1851; Ce qui plaît aux femmes, pièce composite, jouée au Vaudeville le 30 juillet 1860, et des Poésies diverses, pastiches de l'Antiquité ou piécettes, comme la Branche d'aubépine, la Fleur d'oranger ou le Corset de Lucy, qui essaient d'être aimables et légères et qui n'y réussissent pas tout à fait. (R. S.).

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