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Jules Henri
Poincaré
est un mathématicien, membre
de l'Académie française
et de l'Académie des sciences, né à Nancy
le 29 avril 1854, mort à Paris le 16
juillet 1912.
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Henri
Poincaré (1851-1914).
Henri Poincaré fut, tout d'abord,
essentiellement un mathématicien. Si l'on voulait même la
qualifier d'un mot, peut-être pourrait-on dire qu'il fut «
le mathématicien », c'est-à-dire le type même
de l'homme ayant consacré sa vie à la science de la ligne
et du nombre. C'est par la façon dont il appliqua l'analyse
à la mécanique rationnelle, la physique
et l'astronomie, que, sans être lui-même
un mécanicien, un physicien ou un astronome au sens matériel
du mot, il fit réaliser à ces sciences de considérables
progrès.
Comme mathématicien
pur, comme géomètre, pour employer la belle expression classique,
il a étendu ses travaux à la théorie des nombres,
au calcul intégral, à la théorie
des fonctions, et ses travaux d'analyse se trouvent
exposés dans plus de trois cents mémoires et notes parus
dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris
et dans les revues mathématiques de France et de l'étranger.
Il a fait connaître un ordre de fonctions
plus générales que les fonctions elliptiques, et qu'il a
appelées « fonctions fuchsiennes » en l'honneur du mathématicien
Lazarus Fuchs (5 mai 1833 - 26 Avril 1902), à
qui il avait emprunté quelques résultats. Il a appliqué
ces fonctions à la géométrie
non euclidienne fondée par Lobatchevski.
En astronomie,
il a fourni un argument important à ceux qui pensaient que les anneaux
de Saturne
sont formé d'une multitude de petits satellites solides. Il a établi
que, si ces anneaux étaient fluides, leur densité ne devrait
pas descendre au-dessous d'une certaine limite inférieure, qui se
trouve plus grande que la limite supérieure assignée par
Maxwell
à l'aide d'un autre ordre de considérations.
En physique mathématique, on lui
doit d'importantes études sur la théorie électromagnétique
de la lumière, oscillations électriques, etc.
Les travaux de Poincaré
ont consommé, en quelque sorte, la transformation des méthodes
analytiques, préparée, un demi-siècle plus tôt,
par Cauchy, et, en outre, par plus d'un coté,
notamment par les incursions faites dans le domaine de la géométrie
non euclidienne, ont ouvert à la philosophie
des mathématiques une longue suite d'aperçus nouveaux.
Jalons biographiques.
Henri Poincaré
fit ses études au lycée de Nancy, entra premier, le
14 octobre 1873, à l'Ecole polytechnique, en sortit en 1875, choisit
l'Ecole des mines (19 octobre 1875) et fut nommé, le 1er
avril 1879, ingénieur ordinaire. Chargé, en cette qualité,
du service du sous-arrondissement minéralogique de Vesoul,
il passait, le 1er août, son doctorat
ès sciences mathématiques avec une thèse pleine de
vues nouvelles Sur les propriétés des fonctions définies
par des équations aux différences partielles, et, le
1er décembre, il était mis
à la disposition du ministre de l'instruction publique comme chargé
du cours d'analyse à la Faculté des sciences de Caen.
Devenu, deux ans après (1er décembre
1881), maître de conférences d'analyse à la Faculté
des sciences de Paris, il reprenait, en même temps, du service au
ministère des travaux publics comme ingénieur du contrôle
de l'exploitation des chemins de fer du Nord (1er
avril 1882-31 décembre 1884). Mais ce fut, de fait, sa dernière
étape administrative avant très longtemps, car il est toujours
demeuré ensuite en service détaché et il n'a eu que
le grade d'ingénieur en chef des mines, qui lui a été
conféré en 1893. C'es seulement en 1910 (16 juin) qu'il sera
nommé inspecteur général des mines.
Dans l'enseignement,
au contraire, il allait avoir une carrière particulièrement
rapide et brillante. Le 6 novembre 1883, il avait été nommé
répétiteur d'analyse à l'Ecole polytechnique, situation
qu'il a occupée jusqu'en 1897. Le 16 mars 1885, il fut chargé
du cours de mécanique physique et expérimentale à
la Faculté des sciences de Paris, et, le 1er
novembre 1886, il fut appelé, comme professeur titulaire, à
la chaire de physique mathématique et de calcul des probabilités.
Il l'a échangée, le 1er novembre
1896, après la mort de Tisserand, contre
celle de mécanique céleste, dont il a été nommé
président en 1898.
Il a été
élu, le 31 janvier 1887, membre de l'Académie des sciences
de Paris (section de géométrie), en remplacement de Laguerre
(il avait été présenté, dès 1881, à
vingt-sept ans, par la section de géométrie) et il est, devenu
en 1893, membre du Bureau des longitudes, dont il a été nommé
président en 1898. Il fut élu membre de l'Académie
française, le 5 mars 1908
Henri Poincaré
a fait partie, d'autre part, comme associé ou comme correspondant,
de la plupart des sociétés savantes de l'étranger.
Il a été lauréat du prix Poncelet en 1885, et en 1896,
du prix Jean Reynaud. Dans l'intervalle, en 1889, il a remporté,
avec un remarquable mémoire sur le Problème des trois
corps et les équations de la dynamique, le grand prix mis au
concours entre tous les géomètres de l'Europe par le roi
Oscar II de Suède et décerné,
sur le rapport de Weierstrass, professeur
à l'Université de Berlin, par
un jury international. Cette distinction ne pouvait, au surplus, que confirmer
sa réputation et rendre son nom plus populaire, car il était
déjà unanimement considéré, dans le monde
savant, comme l'un des mathématiciens les plus illustres de son
temps.
Lettré, homme de goût, Poincaré
avait la curiosité de tout, et adorait les voyages. Il avait «
beaucoup retenu », comme disait La Fontaine,
des horizons divers que son oeil avait scrutés. Et ce savant, qui
avait mis en nombres les lois éternelles du rythme dont est fait
ce qu'il nommait l'harmonie universelle, était un fervent musicien,
amoureux du répertoire classique.
Fils du Dr Léon
Poincaré (1828-1892), professeur à la Faculté de médecine
de Nancy et auteur d'intéressants travaux sur l'hygiène industrielle,
Henri
Poincaré était le cousin germain de Raymond Poincaré
(1860-1834), président du conseil des ministres, ministre des affaires
étrangères (1913); puis président de la République
(1913-1920), et de Lucien Poincaré, inspecteur général
de l'Université, directeur de l'enseignement secondaire au ministère
de l'instruction publique. Il est mort presque brusquement, des suites
d'une opération chirurgicale.
L'oeuvre d'Henri Poincaré
Mathématiques
pures.
Analyse.
C'est par les travaux d'analyse que débute
la carrière de savant d'Henri Poincaré. Sa vocation s'était
affirmée de fort bonne heure : dès l'Ecole polytechnique,
et même, à vrai dire, avant même d'y entrer, puisque
à l'examen d'admission il imagina de toutes pièces, au tableau,
une démonstration nouvelle du théorème
sur lequel l'interrogeait l'examinateur d'entrée, Laguerre. A l'école,
il ne prenait aucune note : les démonstrations du professeur, que
ses camarades recueillaient avec soin, n'étaient pour lui que des
jalons, que des poteaux indicateurs qui servaient à orienter sa
pensée, à le guider sur le chemin de la raison.
Oubliait-il la démonstration donnée
à l'amphithéâtre, il n'était pas embarrassé
pour si peu, et il en retrouvait immédiatement une autre, souvent
originale.
Tout en, accomplissant ses devoirs d'ingénieur
au corps des mines, il avait « suivi
son idée ». Disciple de Cauchy, Poincaré a, de
très bonne heure, marché sur ses traces : en 1878, il présentait
à l'Académie une première note « sur
les propriétés des fonctions définies par les équations
différentielles » et, en 1879, il soutenait devant la Faculté
des sciences de Paris une thèse de doctorat sur le même sujet.
C'est à ce moment qu'il renonça à la carrière
d'ingénieur et fut mis par le ministre des travaux publics à
la disposition de l'Enseignement supérieur, pour être d'abord
chargé de cours à la Faculté de Caen (1879), puis
maître de conférences à la Sorbonne
(1881). Dès lors, commence la brillante série de ces notes
et mémoires d'analyses qui éclatèrent comme les incessantes
fusées d'un riche feu d'artifice.
En 1880, l'Académie des sciences
avait donné la théorie des équations différentielles
comme sujet de concours. Poincaré remporte le prix haut la main.
Puis, deux années durant, les notes succèdent aux notes,
apportant le couronnement de l'oeuvre de Cauchy
et de Riemann, la représentation des coordonnées
de toute courbe algébrique par la fonction uniforme, l'intégration
des équations différentielles linéaires à coefficients
algébriques, etc.
En recevant Poincaré à l'Académie
française, Frédéric Masson a montré dans quel
état d'esprit cette partie initiale de l'oeuvre du grand mathématicien
était perçue par ses contemporains qui ne la comprenaient
pas toujours :
«
Cette découverte, a-t-il dit, a constitué pour la science
française une victoire véritable; depuis quelques années,
les géomètres allemands tournaient autour de la maison sans
en trouver la porte. Vous l'avez déterminée, et, au même
moment, ouverte. C'est un « rapt-»,
a-t-on dit, que vous avez fait à l'Allemagne : le commentaire que
l'on donne à ce mot explique votre rôle et en caractérise
l'importance ».
Enumérer ici les titres, non pas seulement
des mémoires, mais ceux des « groupes de mémoires »
de Poincaré, dépasserait les limites imparties à cette
page. Cependant, on ne saurait passer sous silence ses travaux sur la fonction
(thêta).
On a vu qu'il s'était
attaqué, dès ses débuts, aux équations différentielles,
et, tout d'abord, aux équations linéaires à coefficients
algébriques, qu'il désirait intégrer à l'aide
de séries toujours convergentes. N'y pouvant réussir avec
les fonctions jusque-là connues que dans un très petit nombre
de cas, il introduisit, en 1881, un ordre nouveau de transcendantes, tout
à fait analogues aux fonctions elliptiques, mais plus générales,
les fonctions fuchsiennes, dont la propriété essentielle
est de rester inaltérées quand on fait subir à la
variable dont elles dépendent les substitutions de l'un des groupes
discontinus par lui aussi dénommés groupes fuchsiens, l'une
des découvertes mathématiques les plus importantes du XIXe
siècle.
Il publia toute une série de mémoires
sur ces fonctions, ainsi que sur les fonctions thêtafuchsiennes et
zétafuchsiennes. Dans le prolongement de ces recherches, il étudia
ensuite les groupes qu'il appela kleinéens (ou kleiniens, du nom
du mathématicien Félix Klein), groupes
discontinus les plus généraux, formés de substitutions
linéaires.
-
Les fonctions
fuchsiennes
Poincaré a
appelé groupe fuchsien un groupe discontinu, formé de substitutions
de la forme (z, (az+b) / a'z+b')) dans lesquelles a, b, c, d sont des nombres
réels satisfaisant à la relation ab'-ba' = 1. Les substitutions
d'un pareil groupe transforment l'axe des x en lui-méme; elles reviennent
à des déplacements des figures et à des transformations
par rayons vecteurs réciproques. Plus généralement
on appelle groupe fuchsien un groupe de substitutions de la forme (z, (az+b)
/ a'z+b')), où ab' - ba'=1, qui n'altèrent pas un certain
cercle que l'on appelle fondamental.
Les fonctions fuchséennes
correspondent une nouvelle espèce de transcendantes étudiées
par Poincaré, qui sont définies par la propriété
de rester invariables quand on fait subir à la variable dont elles
dépendent les substitutions d'un groupe fuchsien. Ces transcendantes
sont très importantes, mais d'une étude ardue. Pour faire
comprendre toute leur importance, nous nous bornerons à dire que
f(x, y) = 0, désignant une équation algébrique quelconque,
cette équation peut être satisfaite en prenant pour x et y
des fonctions monodromes ( = uniformes) d'une même variable t, et
que ces fonctions sont précisément des fonctions fuchsiennes;
on conçoit de quelle lumière un pareil théorème
peut éclairer toute l'algèbre et la théorie des fonctions
abéliennes. Poincaré est allé plus loin dans la même
voie, et il est parvenu à démontrer qu'une fonction non monodrome
et sa variable étaient fonctions monodromes d'une même variable;
c'est un des faits les plus intéressants de toute l'analyse.
Groupes et fonctions
kléinéens. - On appelle groupes kleinéens les
groupes discontinus formés de substitutions de la forme : z' = (az+b)
/ (a'z+b'), a, b, a', b' étant quelconques. Poincaré a étudié
les fonctions kleinéennes qui restent invariables quand on effectue
sur la variable les substitutions d'un groupe kleinéen.
(H. Laurent). |
De nombreux mémoires sur les fonctions
abéliennes, sur la réduction des intégrales abéliennes,
sur les intégrales doubles, complètent ce magnifique ensemble.
Il fit aussi l'application de ses fonctions fuchsiennes à
la géométrie non euclidienne. (Les articles de Poincaré
sur la géométrie non euclidienne ont été recueillis
dans le volume intitulé la Science et l'hypothèse,
bientôt suivi de la Valeur de la science).
Poincaré s'est
également occupé de l'intégration
des équations non linéaires; il en a donné divers
développements en séries, dont l'un permet le calcul numérique
de l'intégrale pour toutes les valeurs réelles de la variable,
et il a déterminé, dans un très grand nombre de cas,
la forme des courbes définies par des équations
différentielles quelconques. Il a fait connaître enfin
une méthode rigoureuse de démonstration de l'intégrabilité
de l'équation à u
= eu, qui joue dans l'étude des
équations et des fonctions fuchsiennes un rôle important.
La théorie
générale des fonctions a été aussi tout spécialement
l'objet de ses recherches. Il a étendu aux fonctions de deux variables
un certain nombre de propositions importantes qui n'étaient démontrées
que pour les fonctions d'une seule variable, entre autres le théorème
fondamental de Weierstrass et la théorie des résidus de Cauchy.
Il a étudié de façon particulière les transcendantes
abéliennes, auxquelles il a appliqué plusieurs des propriétés
des fonctions elliptiques, et il a ramené à quelques théorèmes
généraux très simples la théorie de la réduction
des intégrales abéliennes. A citer aussi, dans le même
ordre de travaux, le théorème qu'il a énoncé
en 1884 et qui permet de ramener, dans tous les cas possibles, l'étude
des fonctions non uniformes à l'étude bien plus facile des
fonctions uniformes.
Arithmétique.
En arithmétique,
il a dirigé exclusivement ses recherches vers la théorie
des formes, formes quadratiques et formes cubiques, signalant entre la
théorie des nombres, à laquelle il a appliqué les
méthodes infinitésimales, et celle des fonctions fuchsiennes
un certain nombre de points de contact et introduisant une fois de plus
une notion nouvelle, celle des invariants arithmétiques.
Algèbre.
En algèbre,
il a donné de remarquables études sur les formes cubiques
ternaires et quaternaires. Il est entré dans le détail des
propriétés des substitutions linéaires et il a abordé,
le premier, la question de la résolution d'un nombre infini d'équations
linéaires dépendant d'un nombre infini de variables.
Toute une série de travaux a été
consacrée par Poincaré à ce qu'il appelle l'Analysis
situs (c'est-à-dire à la topologie algébrique),
etc.
Mathématiques
appliquées.
En mécanique
céleste, Poincaré a signalé plusieurs solutions originales
du problème des trois corps. Il a recherché, d'autre
part, quelles sont les figures d'équilibre d'une masse fluide soumise
à diverses influences, et il a ajouté aux deux formes ellipsoïdales
depuis longtemps connues une infinité d'autres formes, dont une
est en équilibre stable. Il a montré, en même temps,
que cet équilibre n'est possible que si la vitesse de rotation dépasse
une certaine limite et, de ce principe, il a fait aux anneaux de Saturne
une application tendant à confirmer l'hypothèse de Trouvelot,
qui les considérait, on le sait, comme constitués par une
multitude de petits satellites solides.
Problème
des trois corps.
On ne sait intégrer
complètement les équations différentielles du problème
des trois corps
que si, pendant toute la durée du mouvement, les distances mutuelles
restent dans des rapports constants, même quand les trois corps sont
en ligne droite. Le premier travail sur ce cas particulier est dû
à Euler. Dans un mémoire Sur certaines
solutions particulières du problème des trois corps (1884),
Poincaré montre que les distances mutuelles de ces derniers sont
des fonctions périodiques du temps pour une infinité de positions
et de vitesses initiales.
Figures
d'équilibre
Matthiessen,
en 1880, et Sir W. Thomson (Lord Kelvin), en 1882,
avaient annoncé l'existence de figures annulaires
d'équilibre; H. Poincaré, dans une étude sur
l'équilibre d'une masse fluide animée d'un mouvement de rotation,
a montré en 1885 qu'il y a d'autres formes d'équilibre que
les ellipsoïdes et les anneaux. Ces figures sont en nombre infini,
convexes; elles ont un plan de symétrie ou sont de révolution.
Pour étudier leurs conditions de stabilité, Poincaré
a distingué, à l'exemple de W. Thomson, la stabilité
séculaire, qui subsiste lorsqu'on tient compte de la viscosité,
et la stabilité ordinaire, qui a lieu seulement lorsque l'on néglige
cette résistance.
Si l'on considère, exposait-il,
une masse fluide, homogène, analogue aux planètes,
sous la forme originelle que nous avons l'habitude de leur supposer depuis
que Laplace a formulé
son hypothèse, cette masse a la forme d'un sphéroïde
aplati, et son équilibre est stable. Dès que l'on augmente
la vitesse de sa rotation, son ellipticité augmente, mais sa stabilité
diminue, si bien qu'à partir d'une certaine ellipticité,
la figure devient instable quand la vitesse augmente. Au moment critique,
celui où cesse la stabilité, la figure de la masse tournante
passe par une « forme de bifurcation », et l'on sait qu'il
y a toute une série de figures qui ont aussi cette forme : ce sont
les ellipsoïdes dits « de Jacobi »,
à trois axes inégaux. Mais il n'y a qu'un seul de ces derniers
qui soit de révolution, et il a l'aspect de la forme de bifurcation.
Pour une valeur plus faible de la rotation, le « Jacobien »
serait stable. Poincaré a alors étudié cette série
stable des ellipsoïdes de révolution aplatis jusqu'à
la forme de bifurcation, et il trouva qu'il devait y avoir une nouvelle
phase d'instabilité et, par suite, une nouvelle forme de bifurcation,
qui doit être piriforme, avec, toutefois, une protubérance
équatoriale.
Cosmogonie.
Ces considérations expliquent l'évolution
des planètes.
Tant que leur densité est faible, leur figure est un ellipsoïde
de révolution aplati. La vitesse de rotation croissant avec le refroidissement
et, par suite, avec la contraction, la densité augmente, l'ellipsoïde
cesse d'être une figure d'équilibre, et, commençant
à présenter un renflement équatorial, reste dans la
série des ellipsoïdes de Jacobi. Il s'allonge alors et prend
la forme d'une poire. Que se passe-t-il ensuite? Sans doute, la masse
ira en se creusant de plus en plus, et, s'étranglant dans la partie
moyenne, finira-t-elle peut-être par se partager en deux corps, séparés
l'un de l'autre. Si l'on remarque que les formes observées dans
beaucoup de nébuleuses semblent confirmer cette théorie,
on en voit tout de suite l'importance capitale en matière cosmogonique.
Les travaux de mécanique céleste
de Henri Poincaré commencent à paraître à partir
de 1893. Ce sont, comme l'a dit George Darwin,
à l'époque l'un des savants les plus éminents en matière
de « cosmophysique », « la mine d'où, pendant
au moins un demi-siècle, les chercheurs plus modestes extrairont
leurs matériaux ».
La puissance et la clarté de l'auteur,
son talent d'exposition élégante et précise y éclatent
à chaque page. Il est impossible de ne pas signaler le tome III
des « Leçons » professées à la Sorbonne
: c'est la Théorie des marées.
Là encore, le mathématicien a apporté les éléments
de progrès nouveaux. Tous ces livres ont eu pour couronnement une
clef de voûte magnifique : le dernier volume sur les Hypothèses
cosmogoniques. On dirait que, pressentant sa fin prochaine, que rien
cependant ne pouvait faire prévoir, l'auteur avait tenu à
condenser en un livre unique et dans une langue magistrale l'ensemble des
connaissances relatives à la genèse des mondes, discutées
à la lumière des précisions de la mécanique
céleste.
Leçons
sur les Hypothèses cosmogoniques,
par Henri Poincaré
(Paris, 1911)
"Le
problème de l'origine du monde a de tout temps préoccupé
tous les hommes qui réfléchissent; il est impossible de contempler
le spectacle de l'Univers étoilé sans se demander comment
il s'est formé ; nous devrions peut-être attendre pour chercher
une solution que nous en ayons patiemment rassemblé les éléments,
et que nous ayons acquis par là quelque espoir sérieux de
la trouver; mais, st nous étions si raisonnables, si nous étions
curieux sans impatience, il est probable que nous n'aurions jamais créé
la science et que nous nous serions tou jours contentés de vivra
notre petite vie. "
C'est
ainsi que débute Henri Poincaré, dans le beau livre qui il
a consacré aux hypothèses cosmogoniques.
Ces
hypothèses sont nombreuses. Henri Poincaré expose les plus
intéressantes, et les soumet à un examen critique approfondi.
Certes, son ouvrage nécessite une certaine érudition en mathématiques
pour être pleinement apprécié, mais il n'est pas de
ceux qui ne peuvent être compris que par une lecture assidue et ininterrompue.
Au contraire, cette lecture peut être prise et reprise; elle est
attachante comme celle d'un roman et, d'ailleurs, l'exposition est si claire
que bien des parties sont compréhensibles sans le secours des mathématiques.
C'est notamment le cas de la préface, qui constitue un lumineux
résumé synthétique des théories qui font l'objet
du livre.
De
toutes les hypothèses que Henri Poincaré étudie, c'est
l'hypothèse de Laplace qu'il expose avec
le plus de complaisance. Bien qu'elle soit déjà ancienne,
sa vieillesse est vigoureuse, et, pour son âge, elle n'a pas trop
de rides. Malgré les objections qu'on lui a opposées, malgré
les découvertes que les astronomes ont faites et qui auraient bien
étonné Laplace, elle est toujours debout, et c'est encore
elle qui rend le mieux compte de bien des faits; c'est elle qui répond
le mieux à la question que s'était posée son auteur.
Pourquoi l'ordre règne-t-il dans le Système solaire,
si cet ordre n'est pas dû au hasard? De temps en temps, une brèche
s'ouvrait dans le vieil édifice; mais elle était promptement
réparée, et l'édifice ne tombait pas.
Laplace
ne s'occupe que du Système solaire; non que les mondes éloignés
ne l'intéressent pas, mais parce qui il leur suppose une origine
semblable à celle du nôtre. Pour lui, le monde solaire constituait
à l'origine une masse nébuleuse très peu dense, mais
fortement condensée au centre. Celle nébuleuse était
animée d'un mouvement de rotation uniforme; elle rayonnait de la
chaleur en tous sens, et se refroidissait. Ce refroidissement entraînait
une contraction, et l'on démontre, par application des lois de la
mécanique, que, dans ces conditions, la vitesse de rotation devait
s'accélérer. Mais une masse fluide qui tourne autour d'un
axe se renfle à l'équateur.
La
vitesse de rotation augmentant, l'aplatissement augmentait aussi, et la
nébuleuse prenait finalement l'aspect d'une colossale lentille.
La vitesse augmentant encore, les particules matérielles situées
sur la circonférence équatoriale étaient chassées
par la force centrifuge; elles se détachaient en formant un anneau
qui continuait à tourner autour de la nébuleuse avec une
vitesse uniforme. En même temps, de la matière s'écoulait
des pôles vers l'équateur, mettant à nu des couches
chaudes qui se refroidissaient rapidement, et la contraction se poursuivait.
Quand le refroidissement avait gagné les couches profondes, un nouvel
anneau se détachait, continuant à tourner dans l'intérieur
du précédent, et le même phénomène se
renouvelait plusieurs fois, tandis que la nébuleuse centrale se
condensait de plus en plus, formant le soleil.
Chaque
anneau détaché successivement se refroidissait tout comme
la nébuleuse originelle. Il se contractait donc, et sa densité
croissait. Mais la mécanique assigne à cette densité
une limite au delà de laquelle l'anneau devait cesser d'être
stable. Lorsque cette limite était dépassée, l'anneau
se rompait en plusieurs masses sphéroïdiques qui continuaient
à tourner autour de la nébuleuse. Les planètes commençaient
à s'individualiser, mais elles n'étaient pas encore achevées.
Les divers fragments d'anneau, n'ayant pas tout à fait la même
durée de révolution, unissaient par se rencontrer et se fusionner,
de telle sorte que la matière de l'anneau se trouvait rassemblée
en une planète unique. Cette planète était encore
fluide: elle constituait elle-même une sorte de nébuleuse
pouvant détacher des amiraux analogues peut-être à
celui qui entoure encore actuellement Saturne, et ces anneaux se résolvaient
à leur tour en satellites.
La
théorie de Laplace est, comme on le voit, reIativement simple. Mais,
ce qui la rend admirable, c'est que, malgré sa simplicité,
elle rend compte d'un grand nombre de faits d'observation : forme elliptique,
mais presque circulaire, des trajectoires des planètes, faible inclinaison
des plans de ces trajectoires les uns sur les autres, etc. Il faut voir,
dans le livre de Henri Poincaré, comment tous ces faits sont expliqués.
Il faut y voir aussi les compléments qu'il indique aux explications
de Laplace. Ceux qui sont relatifs à la rotation des planètes
sur elles-mêmes sont particulièrement, intéressants.
Celle rotation serait soumise à deux influences toutes différentes
: la contraction dite au refroidissement, et les marées.
La
contraction tend à accélérer la vitesse de rotation.
Les marées résultant de l'attraction par le soleil des masses
fluides de la planète amènent des déformations doit
résultent des frottements. Ces derniers, exerçant un véritable
freinage, tendent à donner à la planète un mouvement
de rotation de même durée et de même sens que sa révolution
autour du soleil, c'est-à-dire un mouvement tel qu'elle tourne toujours
un même hémisphère vers l'astre central.
Tout
d'abord, la fluidité de la planète encore jeune rendrait
l'influence des marées prédominante. Sa rotation, d'abord
rétrograde, c'est-à-dire dans le sens des aiguilles d'une
montre, deviendrait peu à peu directe, c'est-à-dire en sens
inverse des aiguilles, comme sa révolution autour du soleil et de
même durée que cette dernière. Cet état de mouvement
persisterait jusqu'à ce que la solidification progressive de la
planète ait diminué l'importance des marées au point
de rendre prédominante l'influence de la contraction.
La
rotation s'accélérerait alors, tout en restant directe. La
plupart des planètes seraient actuellement parvenues à celle
dernière phase de leur évolution, ce qui expliquerait leur
rotation directe. Toutefois, Uranus et Neptune, qui sont très éloignées
du soleil et dans lesquelles cet astre ne peut produire que de faibles
marées, auraient conservé leur mouvement originel, ce qui
expliquerait leur rotation rétrograde.
Après
avoir exposé la théorie de Laplace, Henri Poincaré
expose celles de Faye, de du Ligondès, de
See,
de G.-H. Darwin, de Normann Lockyer, de Schuster,
d'Arrhénius, de Belot, qui, toutes,
soulèvent des problèmes captivants. |
L'une
des plus originales est certainement celle d'Arrhénius, dont nous
dirons ici seulement que, dans cette théorie, le savant suédois
appliquait à la cosmogonie les découvertes les plus récentes,
notamment celle de la pression de radiation exercée par la lumière
sur les particules matérielles, un effet relativiste. Rappelons
aussi que l'une de ses principales préoccupations est d'affranchir
l'Univers de ce terrible Wärmetodt annoncé par Clausius,
c'est-à-dire de la mort générale résultant
de l'unification des températures.
Dans
son livre magistral, Henri Poincaré n'étudie pas seulement
les hypothèses cosmogoniques générales. Il étudie
aussi quelques problèmes plus restreints, relatifs à l'origine
du rayonnement solaire, à la constitution de la Voie lactée,
etc.
L'intensité
du rayonnement solaire dépasse l'imagination. Expliquer ce rayonnement
ne paraît pas tellement difficile : le soleil rayonne beaucoup parce
qu'il est grand et qu'il est très chaud. Mais, s'il rayonne, il
se refroidit, et là commence la difficulté. Même en
supposant que le soleil ait eu à l'origine une température
de plusieurs millions de degrés, on trouve par le calcul que le
temps qu'il lui aurait fallu pour voir sa température s'abaisser
jusqu'au dégré actuel ne se chiffrerait que par un petit
nombre de milliers d'années, tandis qu'on sait, par ailleurs, que
la vie sur la Terre, qui, sous sa forme actuelle, aussi bien que sous sa
forme ancienne, nécessite l'illumination par le Soleil, dure depuis
des millions d'années (on dirait aujourd'hui des "milliards d'années").
Il faut donc supposer que la provision de chaleur du soleil se renouvelle.
Mayer admet que la cause en est due à la chute des poussières
météoriques sur le soleil. Helmholtz
admet que la cause en est la contraction du soleil sur lui-même.
La dernière hypothèse permet d'assigner à l'âge
du soleil une valeur bien plus grande que la première : 50 millions
d'années, mais cela semble bien insuffisant. Voici pourquoi :
"L'épaisseur
des couches déposées depuis que la vie existe à la
surface de la terre (et il est bien difficile d'admettre que la vie ait
pu exister sans soleil) exige, paraît-il, beaucoup plus de 50 millions
d'années. L'examen des chaînes de montagnes des temps géologiques
entièrement détruites par l'érosion conduit à
même conclusion on a calculé que, pour raser complètement
les Alpes, l'érosion aurait besoin de 27 millions d'années.
Or, depuis les temps dévoniens, où la vie était déjà
ancienne, nous voyons surgir une chaîne pareille aux Alpes, la chaîne
calédonienne, puis les phénomènes d'érosion
la détruisent; ensuite, la chaîne hercynienne s'élève
à son tour et est rasée par l'érosion, puis vient
le calme des temps secondaires, et enfin la période tertiaire, où
se sont formées les Alpes. Les géologues sont donc très
à l'étroit avec 50 millions d'années, et ils réclament
un temps beaucoup plus long."
Henri
Poincaré en conclut que la chaleur solaire est peut-être d'origine
radio-active, ou bien quelle est attribuable à une cause qui nous
est aussi inconnue que la radio-activité était inconnue à
Helmholtz.
Le
chapitre relatif à la Voie lactée est l'un des plus suggestifs.
On sait que l'on appelle ainsi une vaste traînée laiteuse,
qui décrit presque un cercle sur la voûte céleste et
que les lunettes montrent formée d'une multitude d'étoiles.
Herschel émit cette idée que le système solaire, aussi
bien que les étoiles qui nous entourent, font partie de la Voie
lactée. Les amas stellaires que l'on aperçoit en divers points
du ciel seraient des voies lactées vues de loin. Or, les étoiles,
malgré leur masse énorme, sont si éloignées
l'une de l'autre, qu'on peut les considérer comme des points matériels,
eu égard à leur écartement. La Voie lactée
étant ainsi formée de points matériels qui se déplacent
dans n'importe quel sens, on peut le penser à priori, se trouve
être comparable à un gaz. On sait que les gaz sont formés
de molécules qui se déplacent en tous sens et se heurtent
fréquemment. Cette assimilation ne manque pas d'être piquante
les molécules des gaz rebondissent les unes sur les autres des centaines
de fois par seconde, au lieu que les étoiles, qui forment les constellations,
paraissent avoir conservé sensiblement les mêmes positions
relatives depuis les temps historiques, c'est-à-dire depuis plus
de deux mille ans. Le paradoxe s'explique par ce fait que, si les étoiles
sont infiniment plus grandes et plus écartées que les molécules,
elles ont, par contre, une vitesse qui est loin d'être plus grande
dans le même rapport. Pour la même raison, les chocs entre
étoiles lumineuses ou obscures sont rares; ils sont sans doute manifestés,
suppose Poincaré, par la production de ces étoiles nouvelles,
les Novae,
qui, de temps en temps, se montrent subitement dans le ciel (de son temps,
on en observe en moyenne une par an).
On
ne peut ici suivre dans les détails les raisonnements d'Henri Poincaré,
arrivons directement au résultat : on sait que le système
solaire. se déplace, puisque la constellation d'Hercule
paraît se rapprocher de siècle en siècle, tandis
que celles de la Colombe,
du Grand Chien
semblent s'éloigner. On a déterminé la vitesse de
ce déplacement, qui serait de l'ordre de 20 kilomètres par
seconde. Or, Henri Poincaré calcule une relation entre cette vitesse
et le nombre total des étoiles de la Voie lactée. Il en déduit
que ce dernier nombre serait de 1 milliard. Ce chiffre est voisin de celui
que l'on déduit des observations télescopiques. L'assimilation
de la Voie lactée à une bulle gazeuse paraît donc légitime.
Mais il a plus : d'après Kapteyn, les
étoiles de la Voie Lactée peuvent être rangées
en deux groupes. Dans chacun de ces groupes, les étoiles ont des
vitesses ayant une composante commune, mais cette composante n'est pas
la même pour les deux groupes. On peut ainsi penser que la Voie lactée
résulte de la réunion de deux essaims d'étoiles, de
deux gigantesques bulles gazeuses dont chaque molécule serait une
étoile et qui n'auraient pas encore eu le temps de se mélanger
complètement.
Et
maintenant, que conclure de l'étude des hypothèses cosmogoniques?
Voici la réponse de Henri Poincaré :
"On
attend sans doute de moi une conclusion, et c'est cela qui m'embarrasse.
Plus on étudie cette question de l'origine des astres, moins on
est pressé de conclure. Chacune des théories proposées
est séduisante par certains côtés. Les unes donnent
d'une façon plutôt satisfaisante l'explication d'un certain
nombre de faits; les autres embrassent davantage, mais les explications
perdent en précision ce qu'elles gagnent en étendue; ou bien,
au contraire, elles nous donnent une précision trop grande, mais
qui n'est qu'illusoire et qui sent le coup de pouce. "
Ainsi,
le problème de l'origine des Mondes est bien loin d'être résolu.
Le sera-t-il un jour? La science fait par moments de si rapides progrès
qu'il n'est pas absurde de l'espérer. (P. Klein). |
La
stabilité du Système solaire.
Laplace,
Poisson,
Delaunay,
Tisserand,
Gyldén
ont perfectionné la démonstration de Lagrange
relative à la stabilité du Système solaire,
en calculant plus de termes des fonctions qui y entrent. On est en droit
de demander si ce n'est pas parce que des termes sont négligés
que l'on arrive a prouver cette stabilité. Poincaré, dans
l'Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1898, présente à
ce sujet des réflexions que l'on peut résumer comme suit
:
II est certain que
les éléments des orbites
des planètes
s'écartent très lentement de leurs valeurs primitives; mais
on ne peut pas affirmer qu'ils resteront toujours compris entre des limites
étroites, car les astres ne sont pas, comme on le suppose, des points
matériels soumis seulement à la loi de Newton
(attraction).
En effet, on trouve trois forces
qui modifient les orbites.
D'abord, certains
phénomènes ne peuvent être expliqués qu'en admettant
l'existence dans l'espace planétaire d'un milieu de résistance
faible. Par suite du frottement d'une planète contre ce milieu,
le moyen mouvement de celle-ci s'accélère.
La seconde force
est l'action des marées.
Elle a pour effet d'augmenter la durée du jour
sidéral et celle du mois
lunaire; le calcul montre que ce jour et ce mois finiront par avoir une
durée commune égale à 65 jours actuels. En admettant
la théorie générale des marées établie
par G.-H. Darwin, on voit que le Soleil
produit des marées sur la Terre,
que les planètes en produisent sur le Soleil, et réciproquement;
donc le Système solaire tend vers un état limite où
les planètes tourneront avec la même vitesse autour d'un axe
commun.
Enfin, la Terre étant
magnétique, on est porté à admettre que les autres
planètes et le Soleil le sont aussi; par suite, il se produit entre
les astres une résistance s'ajoutant à celle des marées.
Le Monde tend vers
un état final de repos, car, en vertu de ces trois forces, toutes
les planètes et leurs satellites
finiront par se précipiter dans le Soleil.
Les effets produits
par ces trois forces, bien que très lents, sont cependant assez
rapides pour qu'il n'y ait pas lieu de se préoccuper des termes
négligés dans les calculs relatifs à la stabilité
du système solaire.
Physique
mathématique.
En physique mathématique,
il a proposé des solutions diverses du problème de Dirichlet
et de quelques autres problèmes analogues (vibrations d'une membrane,
refroidissement d'un corps solide, etc.); mais il s'est surtout attaché,
pendant les années de son enseignement à la Faculté
des sciences, à élucider, au fur et à mesure des expériences
et des discussions qui ont eu lieu dans les divers pays, les problèmes
les plus délicats d'une branche de la physique qui avait pris à
l'époque un développement considérable : celle qui
s'occupait des ondulations supposées de l'éther, dont les
jours étaient déjà comptés, et des rapports
entre les phénomènes électriques les phénomènes
et lumineux (théorie électromagnétique de la lumière
de Maxwell et de Helmholtz,
tourbillons de lord Kelvin, oscillations de Hertz, dispersion anormale,
théorie de Lorentz et effet Zeeman, etc.).
Des thèmes qui occupaient aussi à la même époque
Einstein
et le conduiront à produire sa théorie de la relativité
restreinte. Une découverte qui a échapé à
Poincaré, sans doute trop mathématicien et pas assez physicien.
Philosophie des
sciences.
Les derniers livres de Poincaré,
en particulier la Science et l'Hypothèse, la Valeur de
la science et Science et Méthode, ont été
consacrés à la philosophie des sciences.
Sa doctrine, déjà
exposée d'une façon parliculièrement précise
dans sa Note sur les principes de la mécanique dans Descartes
et dans Leibniz, est une sorte de néo-criticisme,
dont la critique des données élémentaires de la science
fait le fond. Il ne faut pas, selon lui, demander à ces données
une valeur objective propre, mais y voir seulement des hvpothèses
commodes pour la systématisation des faits, qui est l'objet de la
science. Les cadres essentiels dans lesquels la nature paraît enfermée,
le temps et l'espace,
ne sont pas susceptibles d'intuition directe. La notion d'un espace à
trois dimensions sur laquelle repose la géométrie euclidienne
n'a pas plus de valeur en elle-même que celle d'un espace à
n
dimensions, sur laquelle reposent les néo- géométries.
Elle est simplement la plus commode. Quant à la valeur même
de la science (cf. Science et Hypothèse), il faut tenir compte
de l'importance du rôle que jouent, dans sa constitution, les hypothèses
et les probabilités, celles-ci devenant
souvent, dans les sciences physiques, un élément de démonstration
dont il est indispensable de se contenter : si bien que les lois naturelles
ne paraissent plus avoir la rigueur absolue que la croyance
commune leur attribue, mais seulement représenter une approximation
de la vérité, une systématisation plus ou moins parfaite
et enchaînée des causes; en un mot,
il y a place, tout au début de la science, pour cette contingence
dont parlait déjà, trente ans plus tôt, E.
Boutroux, et place par conséquent, dans le monde de la réalité
scientifique, pour la liberté humaine. H. Poincaré a résumé
lui-même dans une phrase cette conception tout à fait originale
de la science, condamnée à son début, à une
ou plusieurs hypothèses fondamentales, et limitée, quant
à ses résultats, par l'imperfection de l'esprit humain, des
instruments et des moyens de calcul :
«
Le génie, a-t-il écrit, ne fournit qu'une brève lueur,
un « éclair » entre deux éternités, mais
cet éclair est tout. »
On trouve chez Poincaré une sociologie
des sciences très datée, mais, semble-t-il, suffisamment
en phase avec les idées du moment pour expliquer en partie le succès
très vif que ses ouvrages philosophiques ont rencontré auprès
de ses contemporains. Il y a eu sans doute aussi un malentendu à
l'origine de ce succès. Ainsi, peut-être se méprit-on
d'abord sur la portée de certaines formules délimitant la
valeur objective de la science, « qui n'atteint pas les choses
elles-mêmes, mais les rapports entre les choses
», ou affirmant le caractère conventionnel des postulats géométriques.
Certains se sentirent frappés d'une sorte de grâce à
l'envers... La science ne reposerait donc que sur des conventions et des
hypothèses? Cette conclusion illégitime ne déplut
pas aux sceptiques et séduisit quelques
esprits religieux, trop prompts à proclamer l'échec d'une
science qu'on leur représentait comme hostile à la foi.
En réalité,
personne, en ce qui touche l'oeuvre de la raison, ne fut plus éloigné
du scepticisme que Henri Poincaré qui, dans la préface de
la Valeur de la science, coupa « les attaches entre le scepticisme
et lui, et aussi entre lui et la Révélation ». La pensée
du mathématicien a été traduite par Alfred Capus,
son successeur à l'Académie Française, sous
une forme littéraire heureuse :
«
La science est née du conflit initial de l'homme et de la nature,
celui-là armé d'une curiosité destinée à
n'être jamais assouvie, celle-ci avare des innombrables secrets qu'elle
ne se laisse arracher qu'un à un. Durant de longs âges, un
mystère commun les enveloppa. Ils vécurent confondus par
le décret de leur création. L'humanité commença
à l'heure où il leur fut permis d'être des puissances
distinctes, et il sembla dès lors que la nature n'ait jamais pardonné
complètement à l'homme d'avoir gagné sur elle son
indépendance. La lutte fut d'abord farouche entre des adversaires
dont l'un, se sentant d'une essence supérieure, voulait asservir
l'autre et le traiter en esclave. Cette lutte, c'est la civilisation. A
mesure que les siècles passaient, elle se faisait inégale,
et la nature s'inclinait vers l'homme davantage. D'implacable, elle devenait
familière, puis soumise, mais avec des intermittences de colère
et de révolte. Un traité était nécessaire entre
ces deux formidables pouvoirs. La science, c'est la traité de paix
qui unit dorénavant l'homme à la nature et règne leurs
rapports. »
Sans doute, ce traité
est complexe et contient des « clauses secrètes
». Les lois de la nature sont approximatives, provisoires
et révisables, mais on peut se confier en elles sans craindre de
trop vives déceptions.
«
La nature, domptée, agit vis-à-vis de nous, et malgré
nos soupçons à son égard, avec délicatesse
et bonne foi ».
Le Soleil se lève
régulièrement tous les matins; il nous chauffe et nous éclaire
sans se préoccuper de l'hypothèse de Copernic,
non plus que de celle de Ptolémée.
La Lune, en deux cents ans, n'a été en retard que d'une seconde
sur la position que lui assigne la loi de Newton.
«
C'est évidemment le minimum de la désobéissance ».
Mais il ne faut demander
à la science ni le bonheur, ni la justice comme il ne faut pas la
rendre responsable de toutes les horreurs. Certes, le progrès
n'est pas une illusion; mais ce qui en est une,
c'est de croire à la continuité du progrès... Il est
à la merci de monstres qu'on croyait enchaînés et que,
soudain, un sombre enchantement délivre.
Poincaré concevait la science
comme une des satisfactions les plus aiguës de l'esprit, et il a longuement
insisté, au cours de superbes pages de ses livres : la Science
et l'Hypothèse et la Valeur de le science, sur l'esthétique
et la volupté des mathématiques. Dans Science et Méthode,
il a montré avec élégance combien la science désintéressée,
cultivée pour elle-même, profite toujours à l'humanité
: le plus petit fait, découvert et loyalement étudié,
dans le plus obscur des laboratoires, devient quelque jour la source d'un
progrès dont la société profite. Témoin la
géométrie pure, témoin l'électricité.
Et, comme il nous montre que la science est, au fond, la recherche du Beau
parce qu'elle est celle du Vrai, il en résulte cette réconfortante
conclusion : Que la recherche du Beau donne l'Utile par surcroît.
Le savant donne à l'humanité « une économie
dans le travail de penser », de même que la machine produit
une économie dans l'effort. (A. Berget / NLM / L.
Sagnet / E. Lebon / A. P. / M. Enoch).
Science et
méthode, par Henri Poincaré (Paris, 1908)
Science
et méthode vient de compléter deux autres ouvrages de
Poincaré, la Science et l'Hypothèse (1902) et la Valeur
de la Science (1905).
Dans
ce dernier volume Poincaré s'attache surtout aux questions de méthode
et il commence par la plus considérable des questions de méthode,
par la plus terrible pour ainsi parler : le choix des faits.
Le
savant, en effet, ou qu'il soit physicien ou qu'il soit historien, n'a
qu'à observer et expérimenter. Or, s'il avait à sa
disposition un temps infini, on n'aurait d'autre recommandation à
lui faire que celle-ci : regardez avec attention; mais, comme il n'a le
temps ni de tout regarder ni de tout voir, il faut qu'il fasse un choix
entre les faits qui passent sous son regard. Quelle sera la méthode
de ce choix? Quels seront les faits que le savant devra juger intéressants
et, à cause de cela, retenir?
«
Les faits les plus intéressants sont ceux qui peuvent servir plusieurs
fois, ce sont ceux qui ont chance de se renouveler. »
Et quels
sont les faits qui ont chance de se renouveler? Ce sont les faits simples
(ou qui nous paraissent simples, après, du reste, avoir été
très mûrement examinés). Le fait simple est un fait
qui recommence et qui doit indéfiniment recommencer et, par conséquent,
il est une loi, une loi n'étant que la répétition
constante d'un même fait. Les faits qui sont révélateurs
d'une loi parce qu'ils sont simples, voilà l'objet propre du savant.
On
peut les appeler des « faits à grand rendement » par
opposition aux faits complexes qui sont « à petit rendement
». Ces derniers sont ceux « sur lesquels des circonstances
multiples peuvent exercer une influence
sensible,
circonstances trop nombreuses et trop diverses pour que nous puissions
toutes les discerner ». Les faits à grand rendement, au contraire,
sont des faits simples qu'on voit se renouveler avec régularité
et avec une sorte de précision toute scientifique. Voilà
ceux qui sont précisément du gibier de savant, comme aurait
dit Montaigne.
Ce
qu'il y a de très curieux (et ce que Poincaré, qui est un
poète à sa manière, comme il l'a assez montré
par ses pages sur l'esthétique des mathématiques et sur la
volupté des mathématiques, s'est complu à démontrer
avec insistance), ce qu'il a de très curieux, c'est que les faits
les plus simples sont en même temps les plus beaux. Ils séduisent
le penseur par leur beauté, comme ils l'attirent par leur simplicité
et comme, par leur beauté, ils le retiennent. Le savant n'étudie
pas du tout la nature parce qu'elle est utile ou parce qu'il est utile
de l'étudier. Il l'étudie parce qu'il l'aime et l'aime parce
qu'elle est belle.
«
Si la nature n'était pas belle, va jusqu'à dire Poincaré,
elle ne vaudrait pas la peine d'être connue, la vie ne vaudrait pas
la peine d'être vécue. »
Sans aller
jusque là, il est très vrai que le savant étudie la
nature parce qu'il l'aime pour sa beauté, avec, semble-t-il, une
petite arrière-pensée que son attention amoureuse est en
même temps une application utile. Ainsi l'amoureux aime une personne
pour sa beauté, avec une conscience obscure des charmants résultats
vivants que son union avec cette personne peut avoir.
Ce
qu'il y a de curieux encore, c'est que si le savant raisonne ainsi, ou
plutôt sent ainsi; s'il poursuit le beau sans préoccupation
de l'utile, mais avec quelque sentiment vague que l'utile et le beau doivent
aller ensemble, il a parfaitement raison. Le souci du beau nous conduit
aux mêmes choix des faits que celui de l'utile. Peut-être en
cherchant le beau obéit-on à une suggestion du « génie
de l'espèce » (Faguet) cherchant l'utile.
Peut-être
les « peuples dont l'idéal était le plus conforme à
leur intérêt bien entendu ont-ils exterminé les autres
et pris leur place? Les uns et les autres poursuivaient leur idéal,
sans se rendre compte des conséquences; mais tandis que cette recherche
menaient les uns à leur perte, aux autres elle donnait l'empire
».
«
Si les Grecs ont triomphé des barbares et si l'Europe, héritière
de la pensée des Grecs, domine le monde, c'est parce que les sauvages
aimaient les couleurs criardes et les sons bruyants du tambour qui n'occupaient
que leurs sens, tandis que les Grecs aimaient la beauté intellectuelle
qui se cache sous la beauté sensible et que c'est celle-là
qui fait l'intelligence sûre et forte. »
Quoi qu'il
en soit, les signes du choix à faire entre les faits, c'est la simplicité
de certains faits qui est une promesse de leur renouvellement et de leur
régularité; et c'est la beauté de certains faits,
beauté qui, du reste, ne se trouve jamais que dans les faits simples.
Il
en va ainsi même en mathématiques - Poincaré
aurait dit sûrement, surtout en mathématiques - et les «
êtres mathématiques-»
les plus « beaux », ou les plus « élégants
» sont ceux dont les éléments sont harmonieusement
disposés de façon que l'esprit puisse sans effort en embrasser
l'ensemble tout en en pénétrant le détail, autrement
dit, ce sont les faits simples.
On
n'erre donc pas ou l'on a des chances de ne pas errer, en se fiant, pour
le choix des faits, soit à leur simplicité, soit à
leur beauté. Les uns et les autres, qui en définitive se
trouveront être les mêmes, sont des faits à grand rendement.
C'est
là ce qui justifierait contre Tolstoï
et autres moralistes utilitaires la science désintéressée,
la science pure, la science platonique pour ainsi parler, qui ne se préoccupe
aucunement des applications qu'on pourra ou qu'on ne pourra pas |
faire
d'elle. C'est par superbe qu'ils agissent ainsi, croit-on, comme le philosophe
qui dit :
«
Le vrai est ce qu'il peut, il n'a pas à se préoccuper de
savoir s'il est bienfaisant, salutaire ou moral. »
Ce n'est
pas par superbe, c'est par vocation, comme le peintre peint. Seulement
il se trouve que ce que le savant découvre uniquement pour s'amuser
entre toujours, à un moment donné, dans le domaine de l'utile.
Si les navigateurs peuvent se diriger et savoir où ils sont, c'est
grâce à la théorie des sections coniques qui fut inventée
au moins quatre cents ans avant J.-C., qui longtemps ne servit à
rien du tout, et qui, au bout d'une vingtaine de siècles, a trouvé
son application pratique. Ce sont les sections coniques qui ont découvert
l'Amérique. Si les savants
du XVIIIe siècle avaient délaissé l'électricité,
comme n'étant, ce qu'elle était alors, qu'un objet de curiosité,
« nous n'aurions au XXe siècle ni télégraphie,
ni électro-chimie, ni electro-technique ».
«
Les conquêtes de l'industrie qui ont enrichi tant d'hommes pratiques
n'auraient jamais vu le jour si ces hommes pratiques avaient seuls existé,
et s'ils n'avaient été devancés par des fous désintéressés
qui sont morts pauvres, qui ne pensaient jamais à l'utile et qui
pourtant avaient un autre guide que leur caprice. »
La recherche
du beau est une recherche inconsciente de l'utile. L'utile c'est du beau
transformé par une application aux besoins de l'homme qui s'est
trouvée réalisable. Cherchez le beau, l'utile vous sera donné
par surcroît; ou plutôt : cherchez le beau, il vous donnera
par surcroît l'utile.
Au
fond, ce que les savants désintéressés donnent à
l'humanité c'est une économie dans le travail de penser.
Ils économisent la peine de penser à leurs descendants. Le
sauvage calcule sur les doigts ou avec de petits cailloux. Un savant, qui
est peut-être Pythagore, invente la table
de multiplication, il dispense de petits cailloux et d'immenses lenteurs
et d'immenses efforts tous les humains qui connaîtront sa table.
Immensurable économie.
Le
philosophe Viennois Mach a bien dit cela :
«
Le rôle de la Science est de produire l'économie de pensée,
de même que la machine produit l'économie d'effort. »
Les considérations
sur le choix des faits sont la partie la plus brillante de l'ouvrage de
Poincaré; mais il a touché bien d'autres points intéressants
: les « lois du hasard », par exemple, et la relativité
de l'espace et l'art des définitions sur quoi il écrit un
chapitre digne des dialogues socratiques et un peu, apparemment, inspiré
d'eux, et où il montre que la vraie définition n'est pas
la définition exacte, mais la définition que comprend celui
à qui l'on parle; et qu'il faut commencer par celle-ci en se réservant
d'en donner plus tard une autre plus précise, puis une autre plus
serrée encore; et ceci est très analogue à la maïeutique,
avec cette différence, peu importante du reste, que dans la maïeutique
le maître fait trouver la vérité par l'élève
lui-même par une suite d'approximations, tandis qu'ici c'est le maître
lui-même qui découvre la vérité par une suite
d'approximations, en se mettant toujours à la portée de l'élève,
et somme toute et en définitive, c'est de la maïeutique véritable.
Sur
les lois du hasard, c'est-à-dire sur le calcul des probabilités,
Poincaré dit encore des choses extrêmement neuves, du moins
par le biais selon lequel il les présente : il rectifie quelques-unes,
précisément, de ces définitions provisoires dont nous
parlions tout à l'heure et qu'il ne faut garder que provisoirement.
Ainsi,
il ne faut pas tout à fait dire, quoiqu'il y ait du vrai et quoi
que ce soit très joli, que « le hasard est la mesure de notre
ignorance » et que les « phénomènes fortuits
sont ceux dont nous ignorons les lois ), ce qui n'est pas tout à
fait exact, puisque les hommes, avant la découverte des lois astronomiques,
étaient parfaitement persuadés que les astres ne se mouvaient
pas au hasard. Le hasard signifie; que nous disions « hasard »
cela signifie; qu'il y ait, du reste, réellement, un hasard, cela
signifie : que de petites causes peuvent produire de grands effets; - et
cela signifie encore qu'il y a des faits qui sont les effets de causes
complexes, que nous ne pouvons pas démêler, au lieu de l'être
de causes simples facilement discernables.
En
histoire par exemple la naissance d'un grand homme est un hasard, c'est-à-dire
une petite cause, ou plutôt une cause énorme, mais qui paraît
petite, comme la naissance de n'importe qui, et qu'on ne pourra juger énorme
que quand on en aura vu les effets. De même, un petit fait et c'est-à-dire
un fait inaperçu au XIXe, siècle, sortissant ses effets et
des effets considérables au XXe, ces effets paraîtront provenir
du hasard; ils ne seront que les conséquences grandes d'une cause
qui avait paru petite, jusque-là même qu'elle n'avait pas
paru du tout. Or, ce sont ces effets de causes inaperçues ou de
causes complexes qu'il s'agit de prévoir approximativement par les
probabilités, le hasard lui-même ayant ses lois, puisqu'il
n'est pas le hasard, mais ses lois qui restent relativement incertaines
puisqu'il reste obscur.
Il
y a encore dans le livre de Poincaré des considérations sur
la Voie lactée et sur l'étude de cet univers, éclairée
et comme transformée par l'application que l'on fait à elle
de la théorie des gaz. Il y a des observations piquantes par elles-mêmes,
piquantes encore par le caractère auto-biographique qu'elles ont,
sur l'invention inconsciente, c'est-à-dire sur ce fait, mille fois
répété, qu'un problème cherché, petit
ou grand, qu'une théorie cherchée, grande ou petite, se révèle
brusquement, alors qu'on ne les cherchait plus, et probablement parce qu'on
ne les cherchait plus et alors qu'on ne songeait, depuis quelque temps,
qu'à se reposer ou à se distraire, ce qui nous prouve, constatation
dont il est à craindre que les paresseux n'abusent, que le repos
est la condition du travail. (E. Faguet). |
|
En
bibliothèque. - Les résultats
des recherches de Poincaré se trouvent consignés dans plus
de deux cent cinquante mémoires originaux, notes et articles, publiés
par les divers recueils et périodiques spéciaux :
Journal
de l'École polytechnique (années 1878 et suiv.), Comptes
rendus de l'Académie des sciences de Paris (1879 et suiv.),
Journal
de mathématiques pures et appliquées (1881 et suiv.),
Acta
mathematica (1882 et suiv.), Mathematische Annalen (1881 et
suiv.), Bulletin de la, Sociéte mathématique de France
(1883 et suiv.), Bulletin astronomique (1884 et suiv.),
American
Journal of Mathematics (1885 et suiv.), Annales des sciences physiques
et naturelles de Genève, Revue de mélaphysique et de morale,
Revue générale des sciences, Rendiconti del Circolo matematico
di Palermo, Annuaire du Bureau des longitudes, l'Éclairage électrique,
l'Enseignement mathématique, etc.
Poincaré
a, en outre, fait paraître à part : Sur la théorie
des fonctions fuchsiennes (Caen, 1881); Cours de mécanique
physique et expérimentale professé en 1885-1886 (Paris,
1886); Cours de physique mathématique (Paris, 1890 et suiv.,
13 vol.); les Méthodes nouvelles de la mécanique céleste
(Paris, 1892-1893, 3 vol.;1899); la Théorie des tourbillons
(1893); les oscillations électriques (Paris, 1894);
la
Théorie de Maxwell et les Oscillations hertziennes (Paris, 1899);
Calcul
des probabilités (cours de la Sorbonne,
1896); Cinématique et mécanisme; Potentiel et mécanique
des fluides (1892); Figure d'équilibre d'une masse fluide
(1902); Théorie du potentiel newtonien (1899); Leçons
de mécanique céleste professée à la Sorbonne
(1905, 1907, 1909); Leçons sur les hypothèses cosmogoniques
(1911); la Science et l'hypothèse (1902, 20e édit.,
1912); la Valeur de la science (1905,16e édition, 1911);
Science
et méthode (9e édition, 1909); etc.
Il
a aussi entrepris, sous les auspices de l'Académie des sciences
et avec la collaboration de Ch. Hermite et E. Rauché, l'édition
des Oeuvres complètes de Laguerre (t. 1er Algèbre,
calcul intégral; Paris, 1898).
En
librairie. - Henri Poincaré,
La
valeur de la science, Champs sciences, Flammarion, 2014; La
science et l'hypothèse, Champs sciences, Flammarion,
2009; La
science selon Henri Poincaré: La science et l'hypothèse -
La valeur de la science - Science et méthode, Dunod,
2013.
Paul
Appell, Henri
Poincaré, Ellipses Marketing, 2013; Jean-Marc
Ginoux et Christian Gerini, Henri
Poincaré : une Biographie au(x) Quotidien(s), Ellipses
Marketing, 2012. |
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