| Pierre le Vénérable ou Pierre de Cluny, prieur général de son ordre, né en Auvergne en 1094, mort en 1156. Il était apparenté, dit-on, aux comtes de Montboissier. D'abord abbé de Vézelay, puis de Domné, il passa en 1122 à Cluny, ou ses prédécesseurs avaient laissé la discipline se relâcher; il consacra sa vie à la rétablir. Sa réforme fut interrompue en 1125 par un acte de violence de son prédécesseur Pons, que son inconduite avait obligé d'abdiquer, et qui, profitant d'une absence de Pierre, revint s'établir de force à Cluny, où sans doute il avait conservé des intelligences. Mais, cité devant le pape, il fut condamné et mourut l'année suivante. En 1130, nouvelle interruption provoquée par le schisme de l'antipape Anaclet qui, cluniste lui-même, comptait sur l'appui de ses anciens confrères. Mais Pierre trompa son espoir en contribuant avec saint Bernard à faire triompher en France le parti d'Innocent II. Ce fut lui qui détacha d'Anaclet le duc Guillaume d'Aquitaine. Il fit six voyages à Rome et inspecta en 1141 les monastères de son ordre en Espagne. Là, témoin de la puissance des Arabes, il étudia leurs doctrines religieuses, fit traduire le Coran en latin et entreprit même de le réfuter. En 1145, Eugène III le chargea d'examiner la conduite de l'évêque de Clermont, accusé de favoriser des désordres. Il était admis souvent à délibérer dans le collège des cardinaux, et il fut en relation avec les rois de France, d'Espagne, de Sicile, de Jérusalem, l'empereur de Constantinople, Suger, le comte Thibaut. Pour ce reposer de cette vie si agitée, il se retirait parfois dans une retraite si déserte qu'on n'en connaît ni le nom ni la place. Un an avant sa mort, il servit encore son abbaye en y attirant l'ancien cluniste Henri de Blois, évêque de Winchester et frère du roi d'Angleterre, qui devint le protecteur de la congrégation. Pierre le Vénérable a laissé 171 épîtres, dont deux adressées à Héloïse, peu après la mort d'Abélard qui, condamné à Sens, avait trouvé un refuge à Cluny. Quatre autres épîtres sont plutôt des dissertations; l'une d'elles, adressée à saint Bernard, est une longue apologie de la congrégation de Cluny. Il écrivit aussi 8 traités, dont deux encore sous forme épistolaire, un troisième raconte cinquante-huit miracles, le quatrième réfute les doctrines des juifs et des musulmans, et les quatre autres se rapportent à Cluny. Enfin 4 sermons médiocres, et des poésies qui ne le sont pas moins. En 1522, le cluniste Pierre de Montmartre édita à Paris, en un in-folio, les Epitres, des poésies et les deux livres sur les Miracles, qui furent cinq fois imprimés à part de 1595 à 1624. En 1546, Hofmeister publia à Ingolstadt (in-4) l'écrit contre les Pétrobrusiens, dont le passage relatif à la messe fut encore imprimé six fois, plus une fois en français (1573). Ses Lettres et Traités furent placés avec son Apologie dans la Bibliothèque de Cluny (1614) et réimprimés au t. X.YII de la Bibliothèque des Pères (Lyon, 1677). (Th. Schoell). | |