| Pierre II, roi d'Aragon, dit le Catholique, fils du roi Alphonse II et de la reine doña Sancha, né en 1174, mort à Muret le 13 septembre 1213. Nommé roi, en 1196, dans les Cortès de Daroca, il réunit sous sa main l'Aragon, la Catalogne et plusieurs territoires du midi de la France. Brouillé avec le roi de Navarre, il inaugura son règne par une alliance avec le roi de Castille et les Almohades; il pénétra en Navarre, s'empara d'Aibar et de Roncevaux (1200). Chez lui, Pierre eut à se préoccuper du désaccord domestique avec sa mère, qui prétendait à la possession de certaines villes vers la frontière de Castille. Par l'intermédiaire d'Alphonse VIII de Castille, on arriva à une transaction provisoire. Avec Alphonse il traita aussi des frontières du côté castillan et obtint pour l'Aragon tout le Moncayo. En 1204, il fit un voyage en Provence pour raccommoder son frère Alphonse avec le comte Guillaume de Forcalquier, et, dans la même année, il épousa la comtesse Marie de Montpellier, qui unit son Etat au royaume espagnol (L'Espagne médiévale). Alors, Pierre fit un acte politique qui devait avoir de fâcheuses conséquences : il partit pour Rome afin d'être couronné roi par le pape (1204). A ce motif s'unissait ostensiblement celui de se procurer l'appui du Saint-siège, des Génois et des Pisans pour la conquête des îles Baléares; mais il faut croire que Pierre avait en vue d'autres affaires plus graves, concernant les périls d'ordre politique et religieux qui menaçaient les territoires du Sud de la France, dont il était seigneur. Les turbulences de la noblesse, l'ambition des rois de France et l'agitation produite par les Albigeois qui, vraisemblablement, allait être utilisée par ces rois, lui donnaient des inquiétudes. Pierre II d'Aragon fut couronné à Rome, en novembre 1204, et prêta serment de défendre la religion et la liberté de I'Eglise. Il alla plus loin, offrant au pape, en fief, le royaume d'Aragon et promettant de payer tous les ans un tribut en échange de la protection du Saint-siège. Le pape accepta, nomma Pierre son lieutenant et lui donna le titre de Catholique, avec d'autres privilèges. La nouvelle de cette inféodation fut mal accueillie en Espagne; elle contribua à causer une révolte populaire. Pierre dut rétracter la donation. Peu après, il unit à sa couronne le comté d'Urgell et, ayant obtenu du roi de Navarre un prêt en argent, il guerroya contre les musulmans (1210). En même temps, les questions du midi de la France s'aggravaient. Le pape avait prêché la croisade contre les Albigeois et, notamment, contre le comte de Toulouse, Raimond VI, beau-frère de Pierre II (1208), qui, ayant fait soumission, détourna les forces contre son neveu Raimond Roger, vicomte de Béziers et de Carcassonne, vassal. du roi d'Aragon (1209). Celui-ci intervint en faveur de Raimond et put sauver pour un moment le comté de Foix. Retourné en Espagne, Pierre prit part à la croisade contre les musulmans (L'Espagne musulmane) et assista à la bataille des Navas de Tolosa (1212). Il dut bientôt rentrer en France où la guerre s'était bientôt renouvelée contre le comte de Toulouse, qui fut vaincu à Castelnaudary. Pierre tâcha d'arriver à un arrangement et fit ses remontrances au pape et au concile de Lavaur. Il ne fut pas écouté, et la guerre contre Montfort éclata. Une seule bataille eut lieu, aux environs de Muret, où Pierre fut tué (12 septembre 1213). Il ne laissa qu'un fils légitime, Jacques, de sa femme Marie, qu'il avait rendue très malheureuse. Il fut enterré au monastère de Sixena. (R. Altamira). | |