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Philon

Philon d'Alexandrie, de famille sacerdotale juive, né vers l'an 50 av. J.-C., à Alexandrie, s'appliqua dès sa jeunesse à l'étude des lettres et de la philosophie et y acquit une grande célébrité. On l'appelait communément le Platon juif ou Philon-le-Platonicien. Tout en s'initiant aux sciences humaines, il ne négligea point l'étude des livres sacrés du peuple hébreu. II y chercha les dogmes de Platon, et le y trouva. Dans sa vieillesse, il fut député par le Juifs d'Alexandrie vers Caligula, à Rome, pour lui demander la confirmation du droit de bourgeoisie qui leur avait été octroyé par les Ptolémée et les César, ainsi que la restitution de quelques synagogues qu'on leur avait enlevées. Philon ne réussi point dans cette mission. Il en avait écrit la relation, qui ne nous est pas parvenue.

L'ouvrage qu'on a de lui sous le litre de Virtutibus, sive de Legatione ad Caium , t. II de l'édit. de Th. Mangey diffère de cette relation qui a été connue d'Eusèbe et de St Jérôme. Suivant les mêmes auteurs, Suidas et quelques autres anciens, Philon, âgé de près de 100 ans, fit un second voyage à Rome, et y embrassa le christianisme; mais St Augustin déclare positivement que Philon n'a jamais professé la religion chrétienne. L'époque de sa mort est inconnue. Il avait composé un grand nombre d'ouvrages sur la Bible, la philosophie et la morale, dont la plupart se sont perdus. 

Ceux qui restent, au nombre de 28, écrits en grec, ont été recueillis et imprimés à Genève, 1613, in-fol., avec la traduction latine de Gelenius; à Paris; 1640, in-fol.; à Wittemberg, 1690, in-fol.; à Londres (par les soins de Mangey), 1742, 2 vol. in-fol. Celle édition est la meilleure. Celle de F.-A. Pfeiffer, 1785-92, 5 vol. in-8, n'est pas complète. Quelques-uns des traités de Philon ont été publiés séparément en latin, en français et en d'autres langues.

On peut consulter sur cet écrivain : l'Hist. générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, de Ceillier, l.1; la Biblioth. graeca, de Fabricius ; la dissertat. de Dan.-G. Werner, de Philone Judaeo, etc. Stargard , l743, in-fol.; la Cherstomathia philoniana, de Dahl, Hambourg, 1800, in-8. L'abbé Mai a publié à Milan, en 1816, un traité, qu'il croyait de Philon,sous ce titre de Virtute ejusque partibus; mais il a été reconnu depuis que ce traité, déjà imprimé deux fois, était de Gemiste Plethon.

Philon surnommé l'Athénien, philosophe sceptique, disciple immédiat et ami de Pyrrhon. Il aimait beaucoup la discussion, à ce que nous assure Diogène Laërce (liv. IX, § 67 et 69), et citait fréquemment Démocrite, dont les ouvrages, avec l'enseignement de Pyrrhon, avaient formé ses opinions philosophiques. Il professait aussi une grande admiration pour Homère, à cause de son mépris pour les hommes, qu'il compare, tantôt aux guêpes, tantôt aux oiseaux, tantôt aux mouches. Philon se plaisait souvent à rappeler ces mots :" La race des mortels est comme celle des feuilles. " (X.).
Philon qu'on appelle le Dialecticien ou le Mégarique, pour le distinguer de Philon le juif, de Philon l'Athénien et de Philon de Larisse, florissait, selon toute apparence, vers les premières années du IIIe siècle avant notre ère. Disciple de Diodore Chronus, il ne l'en a pas moins combattu sur deux points principaux, sur la définition du possible et sur la vérité des propositions conditionnelles.

Selon Diodore, si je ne dois pas aller à Corinthe, il est impossible que j'y aille jamais; et si je dois y aller, il est impossible que je n'y aille pas, car les contradictoires ne peuvent s'affirmer en même temps d'un même sujet. En conséquence, pour Diodore, il n'y a de possible que le futur, et le futur est nécessaire. Doctrine par laquelle Diodore aboutissait au fatalisme. C'est là ce que Philon semble avoir voulu éviter. Le possible, selon lui, c'est ce qui ne répugne pas à la nature intrinsèque d'une chose, même quand des obstacles intérieurs invincibles en empêcheraient la réalisation. Ainsi, disait Philon, la paille a la puissance de brûler, même quand elle est au fond de l'eau. Doctrine purement dialectique qui se place en dehors de l'expérience et ne peut atteindre que des abstractions.

Philon n'est pas plus heureux sur le second point. Il enseignait que la proposition conjonctive conditionnelle peut être vraie de trois manières et fausses d'une seule. Elle est vraie 1° lorsque l'antécédent et le conséquent sont vrais 2° lorsque l'antécédent et le conséquent sont faux; 3° lorsque l'antécédent est faux et que le conséquent est vrai. Elle est fausse seulement lorsque l'antécédent est vrai et que le conséquent est faux.

On peut accorder à Philon ce dernier point, puisqu'il est de toute évidence qu'en raisonnant juste on ne saurait tirer le faux du vrai. Mais il faut absolument nier tout le reste. 1° La proposition conjonctive conditionnelle n'est pas toujours vraie quand l'antécédent et le conséquent le sont. Exemple : Si les rayons du cercle sont
égaux, l'âme de l'homme est immortelle. 2° La proposition conjonctive conditionnelle n'est pas toujours vraie quand l'antécédent et le conséquent sont faux. Exemple : Si la terre est immobile, les méchants sont heureux. 3° La proposition conjonctive conditionnelle n'est pas toujours vraie quand l'antécédent est faux et que le conséquent est vrai. Exemple : Si deux et deux font cinq Dieu existe. N'est-il pas évident, en effet,
que la valeur de cette sorte de propositions ne dépend pas de la vérité ou de la fausseté de leurs parties, mais seulement de la relation, ou, comme on dit en logique, de la conséquence que ces parties ont entre elles? C'est ce qu'a fort bien vu Diodore lorsqu'il enseigne que la proposition conjonctive est vraie lorsqu'il est impossible que, l'antécédent étant vrai, le conséquent soit faux. On ne voit pas pourquoi, sous ce rapport, Philon avait cru devoir rien changer à la doctrine de son maître. (F).

Philon de Larisse est un philosophe de la Nouvelle Academie qui qui florissait environ un siècle  avant notre ère. Disciple de Clitomaque, il devint son successeur à la tête de l'école, et demeura pendant quelque temps à Athènes; mais, ne trouvant pas assez de calme dans la Grèce, alors profondément agitée par la première guerre de Mithridate, il alla se fixer à Rome, y ouvrit une école de philosophie et d'é loquence, et rencontra Cicéron au nombre de ses disciples. Le fond de sa doctrine nous est inconnu. Nous savons seulement par tradition que, tout en restant l'adversaire des stoïciens, et en repoussant leur criterium, il s'écartait de la manière de Carnéade : il cherchait à rapprocher a nouvelle Académie de l'ancienne, et, par conséquent, essayait de faire un retour vers le dogmatisme. Mais cet effort semble se réduire à un simple désir de trouver la vérité. Il appelait de tous ses voeux un adversaire qui confondît ses doutes; qui lui démontrât la possibilité de distinguer l'idée vraie de l'idée fausse : possibilité qu'il se refusait à reconnaître avec tous ses prédécesseurs. C'est cette légère modification apportée aux principes de ses maîtres, cet appel et en quelque sorte ce regret adressé à l'idéalisme dogmatique, qui a fait regarder Philon par quelques-uns comme le fondateur d'une quatrième Académie, Arcésilas étant le chef de la troisième. (F).
Philon de Byzance, ingénieur grec, né dans le 2e siècle avant J.-C., nous apprend lui-même qu'il séjourna quelque temps à Alexandrie pour se perfectionner dans l'étude de la mécanique, et qu'il s'arrêta dans l'île de Rhodes pour y étudier l'architecture. II était très versé dans la géométrie. On donnait de lui un traité de Poliorcétique, dont il ne reste plus que le 4e et le 5e livre, publiés avec une version latine dans les Veterum mathematic. opera, Paris, 1693, in-fol. On lui attribue encore (à tort semble-t-il) un opuscule : De septem orbis spectaculis (Les Sept merveilles du monde), assez curieux, mais qui ne nous est pas parvenu en entier, et qui a été publié avec une version latine et des notes par Allatius, Rome, 1640, in-8. Gronovius l'a inséré dans le tome VIII du Thesaurus antiquitat. graec. et Boissieu en a donné une nouvelle traduction latine dans ses Miscellanea, 1661. Montucla a fait honneur à Philon de Byzance d'un Traité de mécanique, que Fabricius attribue à Philon de Tyane.
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