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Philolaos

Philolaüs (ou Philolaos) est né à Crotone ou à Tarente (fl. 400 av. J.C). Mathématicien, astronome et philosophe, il est un disciple de Pythagore. On lui attribue l'idée de supposer que la Terre tourne autour d'un axe passant par son centre et autour du Soleil. Mais cette assertion ne repose sur aucun document précis, comme nous allons le montrer. Un mot d'abord sur ce philosophe et son enseignement.

Contemporain de Démocrite et de Socrate, il vint se fixer à Thèbes, où il eut, entre autres, pour disciples Simmias et Cébès. Les Pythagoriciens ayant été expulsés de l'Italie inférieure, particulièrement de Métaponte, quelques historiens en ont induit que Philolaüs fut obligé de prendre la fuite pour avoir enseigné que la Terre tourne. 

"Cette vérité, s'écrie ici Bailly, pour laquelle Galilée perdit la liberté, aurait donc le sort de rendre malheureux, dans tous les siècles, ceux qui les premiers l'ont enseignée." (Bailly, Histoire de l'astronomie ancienne, p. 221.)
La remarque de Bailly, quelque vraie qu'elle soit d'ailleurs, est au moins dénué de fondement en ce qui concerne Philolaüs.

Suivant Diogène Laërce, Jamblique et Porphyre, Philolaüs divulgua le premier par écrit les doctrines pythagoriciennes. Son ouvrage, complètement perdu, avait pour titre : Les Bacchantes (ai Bakcai); il était divisé en trois livres qui traitaient Du monde (peri kosmou), De la nature (peri jusews), et De l'âme (peri yuchs). Ces livres sont cités pas Stobée, Proclus, Nicomaque, Théon de Smyrne et Claudius Mamercus. Ce dernier nous apprend que Philolaüs avait pris pour base de son système du monde le poids, la mesure et le nombres (C. Mamercus, De anima, II, 7).

D'après Stobée, Philolaüs enseignait que toutes les choses qui tombent sous les sens, ont chacune un nombre sans lequel rien ne saurait être conçu, et, à en juger par quelques passages tronqués, il classait tous les nombres en nombres premiers, tous impairs, à l'exception de la dyade, et en nombres composés, pairs ou impairs, multiples des nombres premiers. Il admettait des harmonies de différents genres : une harmonie pour l'union des corps complexes ou hétérogènes dont l'univers se compose, une harmonie pour les âmes individuelles et une harmonie pour les astres ou pour les sphères célestes.

Comme les autres Pythagoriciens, Philolaüs connaissait très bien le mouvement de rotation de la Terre, puisqu'il lui attribuait la production de la nyctéméride, c'est-à-dire du jour et de la nuit en vingt-quatre heures. Mais en même temps il refusait à la Terre la position centrale (thn tou mesou cwran), et il la donnait au feu. 
"La place d'honneur doit, dit-il, être occupée par ce qui est le plus estimé; or le feu est plus estimé que la Terre. C'est donc autour du feu que la Terre tourne circulairement (ghn kuklw perijeresqai peri to pur [Aristote, De Caelo, II, 13]."
Mais est-ce que Philolaüs entendait par là, comme on l'a prétendu, le véritable mouvement de translation de la Terre autour du Soleil? C'est extrêmement douteux. Car d'abord il ne dit aucunement si ce mouvement détermine la durée de l'année, comme le mouvement de rotation détermine la durée de la nyctéméride. Puis, qu'était-ce que le feu,to pur, autour duquel la Terre devait exécuter son mouvement circulaire? Ce n'était certainement pas le Soleil, comme on pourrait être tenté de le croire, puisque le Soleil lui-même devait, dans l'opinion de Philolaüs, tourner avec les autres planètes, autour de ce feu central, qui portait aussi les noms de foyer (estia), de foyer du Tout (estia tou pantos), de garde de Jupiter (Dios julakh), et de mère des dieux. Serait-ce là l'astre central, encore indéterminé, autour duquel les astronomes modernes font tourner le Soleil avec son cortège de planètes? Cela n'est guère supposable.

Le feu central, foyer du monde, est une création fictive, qui doit être mise sur la même ligne que les sphères solides et l'Antichton (la Contre-Terre). Quelques interprètes ont entendu par Antichton (anticqwn) opposé au nôtre. Mais cette explication est inconciliable avec le mouvement de l'Antichton qui, suivant Philolaüs, devait être indépendant de celui de la Terre.

En somme, rien ne nous autorise à prétendre que Philolaüs ait le premier connu et enseigné, comme le firent Aristarque de Samos, puis trois mille ans plus tard Copernic, le mouvement de translation, combiné avec le mouvement de rotation de la Terre. (Hoefer).

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