| La constellation du Cheval céleste porte le nom de Pégase (Pegasus), fils de Poséidon (Théon) et de la gorgone Méduse (Hésiode). C'est lui qui, sur le mont Hélicon, fit jaillir la célèbre fontaine, appelée fontaine du Cheval, ou Hippocrène (Hyginus, Germanicus, Eratosthène, Ovide) allusion manifeste à la source d'eau du Verseau, qui se lève toujours avec le pied de Pégase placé au-dessus d'elle. En effet, suivant Hyginus, il porte sa tête sur la main droite de l'homme du Verseau, avec lequel il se lève. On disait de ce Cheval, qu'il alimentait la foudre, et qu'il portait le tonnerre. Quelques auteurs font de Pégase la monture de Zeus (Germanicus); d'autres celle de Bellérophon, qui monta dessus, pour aller combattre la Chimère; et après la chute de ce héros, le Cheval s'envola aux cieux, ou il est placé (Eratosthène). On raconte que, dans le temps où Bellérophon se rendit chez Proetus fils d'Abas, roi des Argiens, Antias, épouse de ce prince, devint amoureuse de lui, et lui promit, que s'il voulait répondre à ses désirs, elle le placerait sur le trône de son époux. N'ayant pu le faire consentir à ses voeux, et craignant qu'il ne trahît son secret, elle prit les devants, et l'accussa, auprès de son époux, d'avoir voulu lui faire violence. Le roi, qui aimait Bellérophon, ne voulut pas le le périr par lui-même; mais il le chargea d'une mission auprès d'Iobates, père de la reine, que les uns nomment Antia, d'autres Sthenobée, avec un ordre secret de venger l'honneur de sa fille, et d'exposer Bellérophon à la Chimère qui ravageait alors la Lycie par les feux qu'elle vomissait. On sent, que ce monstre, composé des parties du Lion, auquel s'unit le Soleil au fort des chaleurs de l'été, n'a pas peu contribué a faire dire que la Chimère brûlait tout de ses feux, qui s'éteignent à la chute de Bellérophon, ou du Cocher, à la fin de l'automne, au coucher du soir de Pégase. Bellérophon vainqueur, après avoir trouvé les sources d'une fontaine, s'éleva aux cieux, et lorsqu'il fut a une certaine hauteur, il voulut regarder en bas. La crainte le saisit, et lui tourna la tête. Il fut précipité des cieux, comme Phaéton, et il périt. Son cheval s'envola au ciel, où il fut placé par Zeus, au nombre des constellations. Il est bon d'observer ici que lorsque le Soleil approche du milieu du Bélier, le Cocher se couche, et le matin, son char est précédé de Pégase et de Persée; et qu'on peut dire alors, que Bellérophon, ou le Cocher et son Pégase sont séparés. Quelques auteurs ajoutent, qu'il ne fut pas calomnié par Antia; mais que, fatigué de ces sollicitations, il s'était retiré à Argos. Euripide, dit Hyginus, place dans cette constellation Ménalippe, fille du centaure' Chiron, appelée auparavant Il dit, qu'étant nourrie sur le mont Pélion, occupée aux exercices de la chasse, elle s'était laissé séduire par Eolus, fils d'Hellen, et petit-fils de Zeus; qu'étant devenue mère et prête à accoucher, elle s'était sauvée dans une forêt , pour échapper à l'oeil de son père qui la croyait vierge. Son père l'y ayant poursuivie, elle demanda aux dieux de ne pas être aperçue de lui, au moment où elle accoucherait. Les dieux l'exaucèrent, et la changèrent en jument, qu'ils placèrent ensuite aux cieux. Quelques auteurs en ont fait une prophétesse, qui dévoilant les secrets des dieux, fut changée en jument. - Bellérophon et Pégase. D'autres prétendent qu'elle fut ainsi métamorphosée par Artémis, parce quelle avait cessé de chasser avec elle, et de lui faire sa cour; on ajoute que c'est parce qu'elle cherchait à se soustraire à son père, le centaure Chiron, qu'ils ne se trouvent pas en présence dans le ciel; et que, pour cacher son sexe, on n'y a pas figuré la partie postérieure du corps du Cheval. Il est certain, que toutes les fois que le Pégase ou Ménalippe, Cheval céleste, monte sur l'horizon, le Centaure achève de se coucher. Il semble même que le Centaure ait la moitié du Cheval, dont le Pégase forme l'autre moitié; et qu'en réunissant les deux parties de ces constellations, on aura un Cheval en entier. De-là, sans doute, est née la fiction, qui fait le Pégase fils de Chiron, sous le nom de Ménalippe; nom, qui lui-même signifie Cheval céleste, de l'Oriental, Mino, et du Grec, Hippos. C'est ainsi que du même mot Mino, ou céleste, on fit Minotaure, ou Taureau céleste. On trouve ailleurs, dans Hyginus, un mythe sur Ménalippe, avec d'assez longs détails. Poséidon, dans ce mythe, jouit de ses faveurs , comme il avaiit joui de celles de Déméter, métamorphosée en jument (Pausanias); et il en a deux fils, Eolus et Boeotus. Eratosthène prétend, que ce fut Artémis, qui sensible à sa piété, et à celle de son père, la plaça dans le ciel, ou elle ne peut être aperçue de Chiron, qui est sur la même route, mais diamétralement opposé à elle, suivant Théon. On ajoute, que c'est par pudeur, que la partie, qui pourrait trahir son sexe, n'y paraît pas (Eratosthène, Germanicus). Les noms de Pégase et de ses étoiles Les Grecs nommaient la constellation de Pégase, Ippos (Hipparque, Aratus); les Latins, Equus (Hyginus), Equus Dimidius (Germanicus). On donnait encore à ce Cheval le nom de Sacer ou d'Hieros (Aratus), de Pelôr, ou grand, de Endios, d'habitant du Palais de Zeus (Théon), d'Hemitelès, parce qu'il est à demi figuré. Aussi appellait-on la partie qui est tracée aux cieux, Hippicê Cephalé (Aratus), ou la tête du Cheval, Protomé Hippou (Proclus), Cheval à demi parfait (Théon) ou d'Hemiphanès, Libys Hippos (Nonnus). Il prenait aussi les noms d'Aerion ou Arion, de Scythius, et de Scyron. Scyth, dans Hésychius, désigne une tête; Cephalê. Damnos est aussi le nom du Cheval chez les Toscans (Théon, Hésiode). Chez les Hébreux , c'est le Cheval Cornu. Les Arabes l'appellent Alpheras, et Alathem. Alpheras, ou AIferas, veut dire Cheval (Scaliger). Alpharaso. Ulugh-Beg le nomme Pharas A'dam, le grand Cheval, Alpharas, al-Thâni, le second Cheval. La première étoile est Ras almar'a al-Mosalsala, ou la tête de la femme enchaînée, Sirra alpharas, le nombril du Cheval. C'est celle qui, dans les tables Persiques, est appelée Omphalos Ippou, du grec; en latin, Umbilicus Equi. Boulliaud veut que ce soit la première de l'aile de Pégase, appelée Markab, vehendi aut equitandi locum. Celle du dos, dans Ulugh-Beg, se nomme Gjenâh al-Phâras. La troisième étoile est Menkib al-Phâras, l'épaule du Cheval. La quatrième est Matn al-Phâras, le dos ou les reins du Cheval. La troisième et la quatrième comprennent la vingt-sixième station de la Lune, Alpherg Al-Mukadden, effusionis locus anterior. La première et la deuxième comprennent la vingt-septième station, Alpherg al-Muaccher, deplendi locus posterior. Quelquefois on y interpose le vase ou la coupe du Verseau, Aldelw, Situla. Les étoiles cinq et six s'appellent Alkerb ou Alkereb, la corde qui tient au milieu de l'anse du vase. La septième et la huitième, Sad Matar, Fortuna pluviae. La dix-neuvième, Sad Bârs, Fortuna praecellentis. La onzième et la douzième, Sad al-Homâm, Fortuna herois. La quinzième, Sad al-Bahâim, Fortuna Bestiarum. C'est par erreur que l'on lit sur certains globes, Sheat ou Seat. La dix-septième, Pham al-Pheras, os Equi, Gjahphela, Labium. Emph, ou Enph, Eniph al-Pharas, Nasus Equi. C'est celle que Riccioli appelle Muscida, et Hipparque, Rynchos. Les détails, dans lesquels entre Ulugh-Beg sur les différentes étoiles et les diverses parties d'une constellation, qui chez les Arabes portent chacune un nom particulier, prouvent combien ils apportaient de soin à bien distinguer chaque étoile, et combien, sous ce rapport , leur astronornie avait étendu son vocabulaire, beaucoup plus complet que ne l'était celui des astronomes occidentaux. L'année de Pégase Pégase, suivant Hyginus regarde le cercle arctique, appuie son pied sur le tropique d'été, et touche de l'extrémité de la bouche la tête du Dauphin. Il unit son cou à la main droite du Verseau, et il est renfermé par les deux Poissons : son corps n'est figuré, que jusqu'au nombril, ou au milieu du ventre. Il se couche avec le premier des deux Poissons, ou avec celui qui est sous son ventre. Il se lève avec tout Aquarius (Verseau), avec le Poisson avec lequel il se couche, et avec la main droite du Verseau. Columelle marque un lever du matin de Pégase, aux nones de mars. Il est accompagné du souffle du vent aquilon. Le même auteur marque un coucher du matin du même Pégase, au douze des calendes d'avril; il est accompagné des vents septentrionaux. Ovide parle aussi du lever de Pégase, au trois des nones de mars. Il l'appelle Equus Gorgoneus, et lui donne quinze étoiles. (Ch. Dupuis). | |