| Osman Passwan-Oglou ou Pazvan Oglu est un pacha de Vidin en Bulgarie, né en 1758, mort le 5 février 1807. Il était originaire de Bosnie. Son grand-père vivait à Tuzla, où il fréquentait également la mosquée et l'église franciscaine, fait assez fréquent chez les begs de Bosnie. Il vivait du fruit de ses butins et de brigandage, et on l'empala. Son fils, père de Paswan, se distingua tellement dans la guerre contre l'Autriche qu'on lui donna deux villages près de Vidin. Mais sa conduite gêna le pacha de Vidin, qui le fit tuer, et Passwan sauva sa vie seulement en fuyant en Albanie. La conduite héroïque de Passwan dans la guerre avec, l'Autriche, en 1789, lui valut la restitution des biens de son père. Mais il était très ambitieux. Il réunit autour de lui les janissaires et des mercenaires (Krdzalies), et il sedéclara l'ennemi acharné de toutes les réformes de Sélim III. En 1794, il prit Vidin et s'y fortifia. Il prétendait toujours être fidèle sujet du sultan, alléguant qu'il ne faisait la guerre qu'à ses mauvais conseillers; mais, en fait, il se conduisit en seigneur indépendant. La cause qu'il avait embrassée, étant celle de la milice turque, était une cause nationale et religieuse. Le corps des ulémas (docteurs en législation), celui des janissaires et la plupart des anciens ministres y étaient intéressés; la masse du peuple regardait aussi les réformes de Sélim III comme contraires aux institutions établies par la loi du prophète, et c'est cette loi que Passwan-Oglou voulait défendre en protégeant les droits de l'ancienne milice. Il se fit des partisans nombreux, non seulement dans toutes les classes du peuple et dans tous les Etats de l'empire, mais encore parmi les habitants de la province qu'il gouvernait, qui étaient moins surchargés d'impôts que ceux du reste de la Turquie. La Porte ne pouvait pas avoir raison d'un aussi puissant adversaire. En 1796, Mustapha Pacha vint avec 40000 hommes assiéger Vidin; mais il s'en retourna battu, et les troupes de Passwan-Oglou faillirent établir sa domination jusqu'à Belgrade et Varna, menaçant même la Valachie (1797). En 1798, on expédia contre lui une armée de 120000 hommes, qui vint de nouveau assiéger Vidin. Passwan-Oglou n'avait retenu auprès de lui que 10 000 hommes et, malgré cette disproportion, il fut encore victorieux. Le sultan s'empressa de lui conférer la dignité de pacha à trois queues. Le fut l'apogée de la puissance de Passwan-Oglou. La France comprit alors le profit qu'elle pouvait tirer de la situation. En effet, l'expédition française en Égypte pouvait compromettre les relations de la France avec la Turquie. Pour assurer l'établissement de la France en Egypte, le Directoire exécutif était prêt à ménager une médiation entre Passwan-Oglou et le sultan; mais aussi il se proposait, si le sultan se montrait récalcitrant, de faire monter sur le trône Passwan-Oglou, dont la dynastie serait dévouée à la France. A ce prix, le Directoire devait obtenir la cession entière de l'Egypte, de Chypre, de Rhodes et de Candie (Crète) et un traité de commerce favorable. On devait commencer par lui fournir de fortes sommes d'argent et par décider les Bosniaques, qui détestaient le gouvernement de Constantinople, à aider Passwan-Oglou. Mais ces plans, n'eurent pas de résultats pratiques. La fortune de Paswan s'effondra vite. Les agas de Roumélie, par haine personnelle, se déclarèrent contre lui et, déjà à dater de 1801, sa situation était assez précaire. Vers la fin de cette année, I'avait envoyé en France une mission sous la conduite d'un certain N. Popovitch, et s'offrait à la France à des conditions très favorables pour elle; mais la France trouva, par suite des agissements des Russes en Dalmatie, qu'il serait pour elle plus profitable de cultiver l'amitié de la Turquie, et ses offres restèrent sans résultat. La révolution qui éclata en Serbie en 1804 obligea, du reste, le sultan à faire la paix avec Passwan-Oglou qui mourut le 5 février 1807. Son gouvernement avait été entièrement militaire. Ses lieutenants avaient sous lui un pouvoir illimité dans les districts qui leur étaient confiés. Il battait monnaie, et ses pièces sont connues sons la nom de paswantcheta. (M. Gavrilovitch). | |