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La légende de la papesse Jeanne

Une des plus anciennes formes de cette légende d'après laquelle une femme aurait porté la tiare, se trouve dans la chronique du dominicain auxerrois Jean de Mailly, conservée à Berne et rédigée vers 1250. Il fait accoucher la papesse un jour qu'elle montait à cheval; sur quoi, livrée à la justice, elle fut traînée à la queue d'un cheval et lapidée par le peuple; au lieu où elle mourut, ajoute le chroniqueur, on lit l'inscription : Petre, pater patrum, papissae prodito partum. L'événement est placé à la fin du XIe siècle.

Ce récit est répété peu après par le dominicain Etienne de Bourbon (mort en 1261), qui assigne au fait la date de 1100, et qui reproduit l'inscription sous une forme différente : Parce, pater patrum, papissae prodere partum. C'est la chronique, si fréquemment lue et recopiée du dominicain Martin de Troppau, dit le Polonais (mort en 1278), qui propagea, popularisa et imposa aux siècles suivants la légende de la papesse Jeanne; mais il place le fait en 855, après Léon IV. Il est, de plus, à remarquer que les plus anciens manuscrits de la chronique de Martin ne mentionnent pas encore la papesse. Du XIVe au XVIIe siècle, on répéta l'histoire et tout le monde y croyait; elle avait même été admise dès le XIVe siècle, sans doute, dans le Liber Pontificalis

Suivant la forme populaire que prit la légende, après la mort de Léon IV, en l'an 855, le peuple romain procéda, selon les usages de l'époque, à la nomination d'un souverain pontife. Il fit choix d'un étranger qui était venu depuis quelques années s'établir dans la ville éternelle et qui professait la théologie avec éclat. Sa réputation de vertu était égale à la renommée de ses talents. Cet étranger était une femme d'origine anglaise ou écossaise,  née à Mayence , qui était allé à Athènes avec son amant qui y était mort; elle avait acqui une grande science; en passant à Rome,  étant déguisée en homme et ayant su tromper tous les yeux, elle se fit remarquer sous le nom de Jean l'Anglais. Élevée sur le trône, cette femme, qui prit le nom de Jean VIII, gouverna avec une sagesse exemplaire, mais elle eut dans sa vie intime des faiblesses d'où résulta une grossesse. Elle s'efforça de la dissimuler, mais, le jour de la fête des Rogations, après avoir porté la tiare pendant deux ans, cinq mois et quatre jours, elle fut, au milieu d'une procession, saisie de douleurs subites, et elle mit au monde dans la rue, en présence d'une foule ébahie et consternée, un garçon, frêle créature qui mourut aussitôt. La mère expira aussi sur-le-champ, succombant à l'effroi et à la honte.

Telle est la version la plus répandue; on a cependant avancé que la papesse survécut a sa mésaventure, et que, plongée dans un cachot, elle y finit ses jours.

Le premier historien qui battit sérieusement en brèche cette légende fut le réformé D. Blondel, d'abord dans son Familier Esclaircissement, etc. (Amsterdam, 1648; 2e éd., 1649), puis, dans De Joanna papissa (Amsterdam, 1657). L'inanité de la légende ne laisse plus de doute à personne aujourd'hui; on ne peut plus guère discuter que sur son origine et de la manière dont elle s'est propagée. 

Comment s'est propagée la légende de la papesse Jeanne

Il serait inutile de transcrire ici tous les passages des auteurs du Moyen âge qui ont parlé de la papesse Jeanne, de couvrir des pages entières de citations d'un latin très peu cicéronien. Cette tâche fastidieuse serait d'autant plus superflue, que la plupart de ces écrivains se copient mutuellement. Il est cependant nécessaire de remonter aux sources.

Au IXe siècle vivait à Rome un homme fort instruit pour son époque, Anastase, diacre et bibliothécaire de l'Église romaine; il ramassa de nombreux matériaux pour une histoire des souverains pontifes, et il s'en servit pour une suite de biographies qui ont de l'importance à divers points de vue; il déclare avoir assisté à l'élection des papes Serge II, Léon IV, Benoît III, Adrien Il, Nicolas Ier et Jean VIII; ces pontifes occupèrent le Saint-siège depuis l'an 844 jusqu'à 882. Anastase aurait donc été témoin de la catastrophe de Jeanne; il n'en fait aucune mention dans l'ouvrage qu'il a laissé sous le titre de Liber pontificalis. Chez lui, Benoît III succède immédiatement à Léon IV. Un fait
aussi étrange aurait cependant dû le frapper.
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La Papesse Jeanne.
La papesse Jeanne et son enfant (Chronique de Nuremberg).

On n'a pas manqué de prétendre qu'il en avait parlé, mais que ses paroles avaient été effacées par des champions de l'Église, et que dans quelques manuscrits elles se trouvaient encore consignées; mais ces manuscrits, peu nombreux et peu corrects, reproduisent une phrase qui se trouve pour la première fois dans des écrits du XIV siècle ; elle y est accompagnée d'une expression de doute (ut dicitur), et il n'est guère aujourd'hui de critique éclairé qui ne la regarde comme une interpolation de copiste. Le silence d'Anastase est donc une circonstance acquise au procès.

L'auteur protestant, David Blondel, né en 1591, mort en 1655, qui écrivait en 1654, a avancé que le plus ancien des témoignages au sujet de Jeanne se rencontrait dans un ouvrage de Radulphe de Flaix (Radulphus Flaviacensis), moine qui écrivait en France cinquante ou soixante ans après l'évènement. La circonstance avait quelque intérêt, mais il y a une méprise, car dans l'ouvrage qui reste de Radulphe, et qui est un commentaire sur le Lévitique, divisé en vingt livres et inséré dans la Bibliotheca maxima Patrum (tome XVII, édition de Lyon, 1647, in-fol.), il n'est pas dit un seul mot de la question qui nous occupe. Il est vraisemblable que Blondel s'est trompé en confondant Radulphe de Flaix avec Ranulphe (ou Raoul) Hygden, Anglais, mort en 1363, lequel a parlé de Jeanne en termes que nous mentionnerons plus tard.

C'est deux cents ans après le règne de l'équivoque Jean VIII que l'on en trouve pour la première fois une mention un peu étendue. Elle figure dans le Chronicon de Marianus Scotus; ce personnage, né en Écosse en 1028, embrassa, en 1052, la vie monastique, passa en Allemagne, entra dans un couvent à Fulda, et fut mourir à Mayence en 1086. Son livre, imprimé en 1559, à Bâle, in-fol., s'étend jusqu'a l'année 1083; ce qu'on y lit à la date de 853, est bien laconique : 

«  Léon, pape, mourut le ler août; Jean lui succéda, qui était une femme, pendant deux ans cinq mois et huit jours. » 
Rien au sujet de l'origine, de la fin d'une personne aussi extraordinaire; simple indication formelle d'un fait avancé comme notoire et incontesté. L'assertion serait cependant moins positive, s'il fallait s'en rapporter à quelques écrivains catholiques.
Ils ont prétendu que le texte portait les mots ut asseritur ( = à ce qu'on prétend), infirmant l'autorité du récit, mots qui ne se lisent pas dans l'édition originale donnée par le protestant Jean Herold, mais on a soutenu qu'ils se trouvaient dans le manuscrit qui avait servi à l'impression; d'autres critiques ont répliqué que ce n'était qu'une note marginale qui avait passé dans le texte, chose dont il existe des exemples assez curieux. Le chanoine Aubert le Mire avance que le passage relatif à la papesse ne se trouve pas dans un manuscrit du Chronicon qui remonte au XIIe siècle et qui était conservé à la bibliothèque du couvent de Gembloux; Allacci et Mabillon affirment que ce même passage manque dans les meilleurs manuscrits, mais, chez eux, c'est une assertion vague; ils ne signalent aucun de ces codices. Ici, d'ailleurs, se présente une question : l'anecdote était-elle retranchée des manuscrits où elle ne figure pas, ou avait-elle été ajoutée dans ceux qui la présentent? Cette difficulté est aujourd'hui insoluble.

Un contemporain de Marianus Scotus, Godefroy de Viterbe, mort en 1086, écrivit un Chronicon qu'il adressa à Urbain VIII, et, dans une liste qu'il donne des souverains pontifes, on lit, entre Léon IV et Benoît III, Papissa Joanna non numeratur. (la collection publiée par Muratori des Scriptores rerum italicarum, tome VII, p. 489). On a dit, il est vrai, que ces mots étaient une interpolation, mais il y a encore là dessus incertitude entière.

Un autre chroniqueur à peu près de la même époque, Sigebert de Gembloux, qui conduisit son récit jusqu'à l'an 1112, devient plus explicite. En l'an 854, après avoir mentionné la fin de Léon IV, il dit : 

« Le bruit est que Jean (dont il n'a encore fait aucune mention) était une femme connue pour telle seulement d'un de ses familiers avec lequel elle eut commerce, et elle devint enceinte et elle accoucha étant pape. C'est pour cela qu'on ne la range pas parmi les pontifes, et son nom se passe sous silence. »
Après cette phrase, qui ne se lie ni à ce qui précède ni a ce qui suit, Sigebert mentionne l'élection de Benoît III comme ayant remplacé Léon dans la même année 854, et supprime ainsi les deux ans et demi environ que d'autres auteurs accordent au règne de la papesse. Des critiques éclairés croient qu'il y a là une interpolation maladroite dans le texte de Sigebert, et cette opinion est corroborée par le silence de divers chroniqueurs qui ont copié servilement le moine de Gembloux et qui ne disent pas un mot de l'étrange pontife intercalé entre Léon et Benoît.

Descendons le cours des âges, et nous rencontrerons Otton, évêque de Freisingen, mort en 1158, qui, dans un catalogue de papes placé à la fin d'une Chronique (genre de livres alors très demandé), après avoir écrit le nom de Jean VI (mort en 705), met Joannes VII foemina; mais un témoignage aussi vague, aussi peu conforme à la chronologie, ne mérite guère d'être compté.

On a signalé comme parlant de la papesse l'Anglais Galfrid de Monmouth, auteur d'une Histoire des rois d'Angleterre, remplie de fables et de récits empruntés aux romans de la Table ronde; ce serait une faible autorité, mais il est certain que dans cette histoire, qui s'arrête d'ailleurs à l'an 690, et dont l'auteur mourut vers 1180, il n'est pas du tout question de la papesse Jeanne.

Même observation au sujet des Otia imperialia d'un autre Anglais, Gervais de Tilbury. Ce livre, écrit pour amuser l'empereur Othon IV, mort en 1209, a été inséré par Leibniz dans les Scriptores rerum brunsvicensium; on a dit qu'un manuscrit de ces Otia contenait un passage relatif à la papesse, tel que ceux déjà connus; c'est trop incertain pour qu'on s'y arrête. En tout cas ce livre n'est qu'une compilation de fables et de faits controuvés réunis sans critique.

Il faut arriver à Martin le Polonais pour avoir enfin un témoignage un peu détaillé. Ce Martin fut évêque de Cosenza en Calabre; retournant dans son pays, il devint archevêque de Gnesne, et finalement, revenant en Italie, il mourut à Bologne en 1278.

Il laissa, lui aussi, une Chronique écrite d'après l'ordre de Clément IV, qui s'étend jusqu'à l'an 1277 et qui, semblable à toutes les productions de ce genre et de cette époque, ne se recommande nullement au point de vue de la critique et du jugement.

Le passage qui nous intéresse dans ce Chronicon doit être transcrit ici :

« Johannes Anglicus, natione Moguntinus, sedit annos II, menses V et dies IV, et cessavit Episcopatus mensem unum. Hic, ut asseritur, foemina fuit et in puellari veluti a quidam suo amasio in habitu civili Athenas deducta, sic in divinis scientiis profecit ut nullus sibi par inveniretur, adeo ut postquam Roma fecit, magnos magistros discipulos et auditores haberet, et quum in Urbe vita et scientia magna opinionis esset, in Papam omnium consensu elegitur. Sed in papatum per suum familiarem impraegnatur. Verum
partus tempus ignorans, quum de sancto Petro in Lateranum tenderet angustiata via, inter Colosseum et ecclesiam S. Clementis peperit, et mortua ibidem, ut dicitur, sepulta est. Et quin dominus Papa eamdem viam semper obliquat, creditur a pluribus quod ob detestationem facti hoc faciat. Nec ponitur in Catalogo summorum Pontificum propter mulieris sexum. »
Il s'est élevé sur l'authenticité de ce paragraphe des controverses dans le genre de celles qu'ont soulevées les autres passages que nous avons déjà signalés. On a montré qu'il ne se trouvait pas dans quelques manuscrits, qu'il se rencontrait dans plusieurs, qu'il y avait des variantes. Ce qui est certain toutefois, c'est que le passage se lisait dans des manuscrits fort anciens, car le dominicain Tolomeo da Lucca, ensuite évêque de Torcelli, qui écrivait en 1318, avance que de tous les auteurs qu'il a lus, Martin est le seul qui parle de la papesse (Voir l'Itinerarium italicum de Mabillon, inséré dans le Musaeum italicum de ce savant bénédictin. Paris. 1687, t. I).

Vers la fin du XIIIe et le commencement du XIVe siècle, la foi dans l'existence de la papesse se propage, les témoignages deviennent plus nombreux, sans être cependant beaucoup plus sérieux. Ce sont des répétitions, des ouï-dire; pas de détails. Mentionnons quelques unes de ces allégations.

Voici d'abord un cardinal, Gervais Riccobaldo, de Ferrare, mort en 1298. Dans sa Compilatio chronologica, écrite vers 1296, publiée à Rome en 1478, insérée dans les Scriptores italici de Muratori, t. IX, et dans les Scriptores mediiaevi d'Eccard, t. I, il dit :

« Après Léon IV, Jean, qui fut une femme, siégea au pontificat pendant deux ans et quatre mois. Quelques-uns ne la mettent pas au catalogue. » 
Dans un autre ouvrage (Historia pontificum romanorum), il est un peu plus explicite : 
« Après Léon, Jean, Anglais de nation, siégea deux ans, cinq mois et quatre jours, et mourut à Rome, et l'épiscopat fut interrompu pendant un mois : c'était une femme, et, dans sa jeunesse, elle avait été pour un moment conduite à Athènes, déguisée en homme, et la elle avait fait des progrès dans beaucoup de sciences. »
Un moine allemand, Martinus Minorita, qui acheva, en 1292, d'écrire une chronique intitulée Flores temporum, parle de la papesse dans des termes à peu près semblables à ceux qu'emploie Martin le Polonais; il donne seulement a son règne une année de plus, mais ceci peut être mis sur le compte d'un copiste qui se sera trompé d'un chiffre.

Un prêtre saxon, Siffrid, qui écrivait, en 1306, un abrégé d'histoire, ne manque pas de parler de la papesse : il ajoute le premier une particularité nouvelle :

« On montre encore a Rome, sur une certaine place, une image de cette femme en habits pontificaux, sculptée en marbre, ainsi que l'enfant. » 
Notons encore que ce passage ne se trouve pas dans tous les manuscrits des Epitome, ce qui a donné lieu de croire qu'il avait été ajouté après coup. On en a dit autant d'une assertion de Théodore de Niem, qui écrivait à Rome, un siècle plus tard, et qui, dans un traité De privilegis et juribus imperii, dit avoir vu la statue en question.

Divers chroniqueurs, qui écrivaient en Allemagne et en Italie au XIVe siècle, et dont les arides travaux ont été publiés dans les collections historiques de Leibniz, de Muratori, d'Eccard, se bornent à transcrire ce qu'ont dit leurs devanciers. L'auteur d'une Cronaca, datée de 1354, ajoute cependant que si la papesse devint ingravidata, elle le fut de suo domicilio.
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Accouchement de la papesse Jeanne.
Deux versions de l'accouchement de la papesse Jeanne.
Accouchement de la papesse Jeanne.

Le moine anglais, Raoul Hygden, que nous avons déjà nommé, se contente, dans son Polycronicon, imprimé en 1495 à Londres et réimprimé en 1527, de copier ce qu'avance Martin le Polonais.

Amalric d'Augier, prieur de l'ordre des Augustins, qui écrivait en 1362, en fait à peu près autant ; mais il ajoute ce que personne n'avait dit encore, c'est que Jeanne avait enseigné à Rome pendant trois ans, et qu'élevée au pontificat, elle vécut quelque temps honnêtement; enfin, cédant à l'influence d'une nourriture trop délicate, elle se laissa aller aux tentations du diable, et tomba, ayant pour complice un des gens de sa maison.

Pétrarque, fit mention, en 1370, de la papesse Jeanne, mais il ne fit que transcrire ce qu'avait dit Martin le Polonais; laissant de côté tout détail au sujet de la grossesse et de l'accouchement, il se borne à avancer que le sexe fut découvert, sans expliquer quand ni comment. Ce passage de le Vite dei pontifici e imperatori romani qui se trouve dans l'édition originale de Florence, 1478, dans celle de Venise, 1507 et de 1625 (cette dernière, faite à Genève), a été retranché dans les impressions  de Venise, 1526 et 1534.

Nous arrivons au témoignage le plus important que nous fournisse le XIVe siècle, et nous le trouvons dans un écrivain célèbre, dans le spirituel auteur du Décaméron, dans Boccace. Son récit, offrant des circonstances nouvelles, se lit dans le traité de Mulieribus claris, imprimé pour la première fois à Ulm par Jean Czeiner de Reutlingen, 1473, in-fol., plusieurs fois réimprimé et traduit dans diverses langues. Une traduction française, publiée à Paris chez Antoine Vérard, en 1493, in-fol., a reparu avec quelques changements à Paris en 1538, à Lyon en 1551. Transcrivons ce qui concerne celle de ces nobles et clères dames qui nous occupe :

« Elle estoit Allemande, aïant estudié en Angleterre avec un jeune escollier son mignon, lequel estant mort, sans se vouloir donner à un autre, s'en alla à Rome où elle se rendit admirable tant par son sçavoir qu'à raison de sa bonne vie, de sorte qu'après la mort de Léon V, elle fut créée pape. Mais Dieu aïant pitié de son peuple, ne voulut souffrir qu'il fût si méchamment trompé par une femme, de sorte que le malin esprit, qui lui avoit donné l'audace d'entreprendre une telle meschanceté, estant en ce souverain degré, l'incita à paillarder. Elle n'eut pas faute de commodité, de sorte qu'après elle devint enceinte. Ô grande meschanceté! ô insigne patience et bonté de Dieu! Mais celle qui avoit enchanté les yeux de tout le monde, perdit le sens, et ne sceut cacher son accouchement, car n'ayant loisir d'appeler une sage-femme, elle eust son enfant célébrant le divin service. Et parce qu'elle avoit ainsi trompé le monde, la misérable, fondant en larmes, fut envoyée en une prison obscure par le commandement des pères. »
Boccace est, semble-t-il, le premier qui ait dit que Jean n'était pas le vrai nom de l'héroïne.

Personne jusqu'alors n'avait fait connaître quel était l'amant de cette femme extraordinaire; c'était un écolier, un étudiant, d'après l'auteur du Décameron. Il dit qu'elle fut conduite en Angleterre, tandis que d'autres prétendaient qu'elle avait été menée a Athènes; on ignorait si Jeanne avait été séparée de son amant ou s'il était mort; Boccace nous apprend qu'il était trépassé. L'illustre écrivain réunissait ainsi les bruits qui circulaient et qui tendaient de plus en plus à former un récit détaillé.

Un Allemand, qui écrivait dans la dernière moitié du XIVe siècle, Jacques Zeyenger, de Königshofen, avança une circonstance nouvelle; il prétendit que l'amant de Jeanne avait été un cardinal. La chose fut reproduite par un Suisse, qui composa un Chronicon de la ville de Constance, et par le rédacteur en langue tudesque d'une Chronique de tous les rois, imprimée à Augsbourg en 1476.

Plus l'on avance, et plus les choses se particularisent. Théodore de Niem, qui écrivait vers 1416 et qui fit le premier mention d'une image en marbre de la papesse, ainsi que nous l'avons dit, est également le premier qui ait affirmé qu'après avoir enseigné publiquement dans les écoles des Grecs, elle accoucha en assistant à une procession des Rogations, près du temple de la Paix.

Le dominicain allemand Körner, auteur d'une chronique qui s'étend jusqu'à l'an 1435 (et qui a été insérée dans le tome II du recueil d'Eccard), parle aussi de la papesse, mais il s'écarte de ses prédécesseurs sur un point de chronologie. Il fixe le règne de Jeanne, non pas en 853, 854 ou 855, mais en 815 et 816, de suite après la mort de Charlemagne; il la fait succéder à Léon III, ou comme il l'appelle, à Léon IV, auquel il enlève un an pour le donner à la papesse. Il ajoute qu'Henri d'Erfurt n'a pas fait mention de cette histoire, peut-être pour ne pas scandaliser les fidèles, et que c'est depuis cette époque que s'est introduit l'usage de vérifier le sexe du souverain pontife qui vient d'être élu. 
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Intronisation du pape.
Le nouveau pape, assis sur la chaire probatoire, subit
l'épreuve du toucher de testicules.

De fait, une autre légende, greffée à celle de la papesse Jeanne, voudrait que lors de l'intronisation d'un nouveau pape, celui-ci doive s'asseoir sur une chaise percée (la chaire probatoire) pour qu'un cardinal procède à une palpation et puisse rassurer l'assistance en annonçant :

« Duos habet et bene pendentes » (Il en a deux et bien pendantes).
L'assemblée devrait alors s'écrier en choeur : "Que grâce soit rendue à Dieui!". Si une seule était constatée, la phrase rituelle serait : "C'est suffisant"; et dans le cas d'absence, le conclave remarquerait simplement : "Dieu y pourvoira". Rien de bien sérieux, en somme.

Quoi qu'il en soit, Körner nous apprend de plus qu'un décret des Pères (ce qui peut s'entendre d'un concile) avait stipulé que le pape ne passerait plus par la rue où avait eu lieu la catastrophe.

Sortons du cercle où nous enferment toutes ces chroniques latines, et écoutons le témoignage d'un poète français.

Martin Franc, mort vers 1420, fut chanoine de Lausanne et secrétaire de l'anti-pape Félix V; il est l'auteur d'un ouvrage en vers intitulé le Champion des Dames, qui a été imprimé deux fois : in-folio, sans date (vers 1485) et in-8°, Paris, 1530. C'est un dialogue entre un antagoniste du beau sexe et un ami des dames qui prend leur défense. Durant son long réquisitoire, le premier s'exprime ainsi :

Tu sçais qu'elle sceut tant des lettres 
Que pour son sens on la crea 
Papesse et prestresse des prestres,
O comme bien estudia!
O grande louange si a! 
Femme se dissimula homme 
Et sa nature regnia (renia) 
Pour devenir pape de Rome.

O benoist Dieu comme osa femme 
Vestir chasuble et chanter messe!
O femme oultrageuse et infâme! 
Comment eust elle la hardiesse 
De se faire pape et papesse? 
Comment endura Dieu comment 
Que femme ribaulde et prestresse 
Eust l'Eglise en gouvernement?

O vengeance bien advisée!
La sainte papesse enfanta
Noncques plus la putain rusée 
A l'autel sainct Pierre chanta.

Entre le moustier saint Clement
Et le Colisée chacun vit 
Le féminin enfantement. 
Si fut tantost faict un edict 
Que jamais pape ne se fist 
Tant eut il de science au nas, 
S'il ne montroit le doy petit 
Enharnaché de son harnas.

Le poète ajoute que la papesse composa des préfaces pour diverses messes et que rien n'y était contraire à l'orthodoxie :
Encore te peut estre monstrée Mainte Préface que dicta,
Bien et sainctement accoustrée Où en la foi point n'hésita.
Des écrivains plus modernes ont dit que ces préfaces avaient été supprimées, et le savant Tiraqueau, si bon, si docte, si sage, si débonnaire, d'après le témoignage de Rabelais (Prologue du livre IV), attribue à Jeanne un traité sur la nécromancie; nous n'en trouvons pas d'autre mention.

Un chanoine de Constance, Félix Malléolus (en allemand Hammerlein, petit marteau) qui vivait vers 1445, s'occupe également de la papesse dans son dialogue De nobilitate et rusticitate (cap. XVII, fol. XCIX, recto, édition in-4°, sans date). Il avance qu'elle « accoucha de la manière qui lui avait été annoncée pour la rémission de ses péchés ». Ceci se rapporte à une circonstance que des écrivains ultérieurs ont plus amplement racontée, car l'histoire de Jeanne allait toujours grossissant et s'embellissant. On avança qu'ayant reconnu la faute qu'elle avait commise, elle se livrait à un amer repentir lorsqu'un ange lui apparut et lui offrit le choix, ou de terminer son pontificat avec gloire et d'être livrée à la damnation éternelle, ou de mourir couverte d'ignominie, mais en obtenant le pardon de ses péchés. Elle choisit la mort et la honte.

Brodant sur tout cela, d'autres écrivains firent connaître une particularité nouvelle. Jeanne présidait un jour un consistoire lorsqu'on lui amena un démoniaque afin qu'elle l'exorcisât. Elle demanda au démon quand est-ce qu'il voulait sortir du corps du possédé; l'esprit malin riposta par deux vers peu dignes du siècle d'Auguste et dont le premier était lettrisé suivant une mode alors assez goûtée.

Papa Pater Patrum, Papissae pandite partum,
Et tibi tunc edam, de corpore quando recedam.

(Je te dirai en quel temps je sortirai de ce corps, 
lorsque toi qui es pape, et le père des pères,
tu feras voir un enfant né d'une papesse).

Parmi les écrivains du XVe siècle qui ont parlé de la papesse, n'oublions pas le célèbre chancelier de l'université de Paris, Jean Gerson, qui, dans un discours prononcé à Tarascon en présence du pape Benoît XIII, avança que pendant des années l'Église fut trompée, lorsque durant longtemps elle rendit hommage (coluit) à une femme regardée comme pape. Élie Dupin, en rencontrant ce passage dans l'édition en quatre volumes in-folio qu'il a donnée des oeuvres de Gerson (Paris, 1706), met en note : Falleris, vir bone (t. II, p. 71).

Dans plusieurs de ses écrits, le célèbre Jean Huss mentionne l'histoire de la papesse comme chose de notoriété publique; il en fit un de ses  arguments dans ses débats devant le concile de Constance; notons qu'il donne à notre héroïne le nom d'Agnès.

Avant de devenir pape sous le nom de Pie II, Enée Sylvius Piccolomini avait été
un écrivain fécond, un romancier et un controversiste. Il raconte lui-même, dans une lettre adressée au cardinal Carvajal, qu'il avait discuté avec des Thaborites ou Hussites, et que l'un d'eux avait insisté sur l'erreur dans laquelle l'Eglise était tombée en élevant une femme au pontificat. Piccolomini convint qu'il se borna à répondre que l'histoire n'était pas certaine; il ne la nia pas formellement.

Saint Antonin, archevêque de Florence et auteur d'une longue histoire universelle qui s'étend jusqu'à l'an 1459 (publiée à Nuremberg en 1484, 3 vol. in-fol ), rapporte (liv. XVI, chap. 1) l'épisode de Jeanne en transcrivant à peu près les expressions de Martin le Polonais. Il s'écrie ensuite avec saint Paul :

« O profondeur de la sagesse et de la science de Dieu! 
Que ses jugements sont incompréhensibles! »
Il se tire ainsi facilement d'embarras.

L'histoire de Jeanne circulait alors dans toute l'Europe. Le redoutable Torquemada, l'organisateur de l'Inquisition, écrivait en Espagne qu'une femme avait été crue pape par tous les catholiques, et un évêque de Carthagène, Alphonse, consignait dans une Recapitulacion historica, une pareille assertion, en affirmant qu'a Léon IV avait succédé :

« Jean l'Anglais, de Mayence, que quelques-uns disent avoir été femme. »
A la même époque, bien loin de la Péninsule, un Athénien, Laonic Chalcondyle, mort vers 1490, faisait, dans son Historia Turcarum, un récit semblable et ajoutait gravement que les Italiens se faisant presque tous raser la barbe, une femme avait pu se faire élire pape. Ce passage, qui se lit dans la traduction latine due à un Suisse, Conrad Clauser, et imprimée à Paris en 1550, a été retranché par Blaise de Vigenère, traducteur français de l'ouvrage de Chalcondyle, et l'on a prétendu que le protestant Clauser avait interpolé le texte grec. Le passage en question se lit cependant dans de bons manuscrits, et il se retrouve dans les éditions de l'Historia Turcarum qui font partie des collections dites byzantines

Arrivons à un Italien qui écrivit une histoire des papes et qui la dédia à Sixte IV. Baptiste Platine, mort en 1466, est l'auteur de cet ouvrage, qui, imprimé pour la première fois à Venise en 1479, a eu de très nombreuses éditions; mais il faut choisir les plus anciennes, celles où il est question de la papesse sous le nom de Jean VIII. Le récit, donné comme un on-dit, reproduit ce qu'avait avancé Martin le Polonais, mais il a été retranché dans les éditions plus modernes, et ce n'est pas le seul exemple des mutilations qu'on a fait subir au texte primitif de ce Liber de vita Christi et pontificum.

Nous laissons de côté un grand nombre d'autres écrivains de la fin du XVe siècle; ils n'apprennent rien de nouveau. Nous nous contenterons de signaler Jacques-Philippe Forestius, de Bergame (né en 1484, mort en 1520), qui parle de Jeanne dans son Supplementum chronicorum (Brescia, 1486), et surtout dans son livre De plurimis claris scoletisque (sic) mulieribus (Ferrare, 1497); il avance qu'on ne sait pas bien quel fut le vrai nom de la papesse, qu'on a dit qu'elle s'appelait Gilberte et qu'elle étudia en Angleterre; son amant y mourut, et elle prit alors la résolution de se consacrer tout entière aux sciences et de ne plus avoir de relations intimes avec aucun homme, mais ce projet échoua, on ne le vit que trop :

La chair est faible, et le diable est habile.
En tête du chapitre qui présente cette narration, une figure sur bois montre la papesse assise sur un trône; la triple couronne sur sa tête; de la main gauche elle tient un livre ouvert; de la droite elle donne la bénédiction.

Une autre gravure sur bois, placée dans un volume recherché des amateurs, le Chronicarum Liber (par H. Schedel; Nuremberg, 1493, in-fol.), montre la papesse tenant dans ses bras l'enfant dont la naissance lui coûta si cher. Les traits du visage sont agréables, et complètement féminins (V. image au début de cette page).

Conjectures sur l'origine de la légende

Tout en rejetant comme apocryphe la légende qui nous occupe, quelques écrivains catholiques ont cherché à expliquer son origine.

Un des plus laborieux rédacteurs de cette immense collection connue sous le nom d'Acta Sanctorum, le jésuite Papebroch, pense que le nom de papesse fut donné à Jean VII parce qu'il n'eut pas le courage de rejeter ouvertement les canons d'un concile tenu par les Grecs en 692. Anastase le bibliothécaire reproche en effet de la timidité à ce pontife, qui régna de l'an 705 à 708; mais la conjecture de Papebroch paraît très forcée; elle n'a eu aucun succès.

Le cardinal Baronius avait exprimé une hypothèse du même genre, et tout aussi peu
fondée; il avait pensé que le sobriquet de papesse avait été appliqué à Jean VIII afin de stigmatiser la faiblesse de ce pontife, lequel avait consenti à admettre dans sa communion le célèbre patriarche de Constantinople, Photius, que les deux papes, ses prédécesseurs, avaient excommunié.

D'autres auteurs ont découvert dans une chronique de Salerne une anecdote qui offre quelque analogie avec notre sujet. Un patriarche de Constantinople avait une nièce à laquelle il était très attaché (en tout bien, tout honneur); il l'avait fait déguiser en homme, la faisait passer pour un eunuque, et, en mourant, il la recommanda particulièrement à son clergé, sans divulguer le secret. Elle était très instruite, très vertueuse; on la nomma patriarche. Dieu, irrité de cette énormité, frappa Constantinople; une peste fit les plus grands ravages; la patriarchesse resta toutefois dix-huit mois sur le trône; mais le diable (obéissant à nous ne savons quels motifs), apparut à Arichise, prince de Bénévent, et lui révéla qu'une femme occupait la plus haute fonction ecclésiastique de
l'Orient. Le lointain prédécesseur du prince de Talleyrand s'empressa d'envoyer à Constantinople des ambassadeurs pour dénoncer la fraude; la patriarchesse fut immédiatement chassée, et la peste cessa sur-le-champ.

Cette légende était répandue en Italie et y trouvait créance, car, dans une lettre écrite en 1053 à Cérulaire, patriarche de Constantinople, le pape Léon IX s'exprime ainsi :

« La renommée publique assure, comme une chose hors de doute, que, malgré les canons du premier concile de Nicée, vous autres (Grecs) vous avez élevé au siège pontifical des eunuques et même une femme. »
A cette époque, on ne se préoccupait pas à Rome de la légende de Jeanne, qui commençait à peine à se répandre au loin en Allemagne; le reproche de Léon IX aurait pu être retourné avec énergie contre lui, si on avait eu dans l'Orient quelque notion de l'anecdote qui devait si bien fleurir plus tard.

Au commencement du Xe siècle, Rome était le théâtre d'intrigues scandaleuses avérées, et que les écrivains catholiques, le cardinal Baronius en tête, n'ont pas entrepris de nier. Une fort belle dame, Théodora, femme plus ou moins légitime d'Adalbert, marquis de Toscane, et douée alors d'une influence irrésistible, devint éprise d'un fort joli garçon nommé Jean, et déjà prêtre; elle obtint du pape Landon qu'il fût évêque de Bologne, ensuite elle le fit élever à l'archevêché de Ravenne, finalement, elle réussit à le faire placer au trône de saint Pierre, sous le nom de Jean X; ce pontife eut d'ailleurs de l'énergie et du talent; il battit complètement les Sarrasins, qui s'étaient emparés du royaume de Naples; il rétablit un peu d'ordre au milieu de l'anarchie a laquelle Rome était en proie; mais, succombant sous l'effort des factions ennemies, il fut, en l'an 928, déposé d'abord, ensuite étranglé dans sa prison. Ce procédé, qui nous paraît choquant, l'usage l'autorisait alors.

Théodora était morte avant cette catastrophe, mais elle avait laissé une fille encore plus belle, encore plus intrigante qu'elle, la fameuse Marozia. Celle-ci avait eu pour plus que très intime ami le pape Serge III; il en était résulté un fils, qui, grâce aux manoeuvres de sa mère, devint à son tour souverain pontife sous le nom de Jean XI, mais qui ne fut qu'un faible et docile instrument entre les mains de son frère utérin, Albéric, issu du mariage de Marozia et de Ugo, roi d'Italie.

Jean XI resta à peu près prisonnier, ne pouvant s'occuper que des affaires ecclésiastiques, tandis que toute l'autorité était aux mains d'Albéric. Nous glissons rapidement sur des faits qui n'ont pas de rapports directs avec notre sujet; nous voulons dire seulement qu'on a pensé que l'influence toute puissante de Théodora et de Marozia, leur ingérence décisive dans la nomination des papes, ont pu donner lieu de les qualifier de papesses; ce sobriquet aurait été le germe d'une légende qui se serait ensuite développée.

Onuphrius Panvinius, dans ses notes sur Platina, s'exprime ainsi : 

« Les contes les plus étranges ont toujours leur principe dans quelque vérité; je crois que cette fable de la femme Jeanne vient de la vie immonde de Jean XII, qui, élevé au pontificat, quoique fort jeune encore, grâce à la puissance de son père Albéric, eut un grand nombre de concubines, entre autres Stéphanie, Rainière et Jeanne. Cette dernière avait un très grand empire sur lui, et pendant quelque temps on put dire qu'elle gouvernait; de la vint qu'on la surnommait la papesse, et ce mot, recueilli par des écrivains ignorants, amplifié avec le temps, a donné naissance à l'histoire qui circule.»
Jean XII eut les vices de son temps; il fut un guerrier plutôt qu'un prêtre; il combattit bravement les Musulmans, maîtres de la plus grande partie de l'Italie méridionale. En butte aux attaques des factions, il fut déposé par un concile; on lui reprochait d'invoquer le diable, d'avoir accordé l'évêché de Lodi à un enfant de dix ans, de ne conférer les ordinations qu'en se faisant payer argent comptant, d'avoir changé le sacré palais en un lupanar, etc. Il y avait sans doute du vrai dans ces assertions. Chassé de Rome, Jean se sauva dans la campagne, y leva une troupe de gens quelque peu bandits, revint dans sa capitale, en reprit possession et fit périr ses ennemis dans les supplices. Il fut lui-même assassiné quelques mois après. Des chroniqueurs affirment qu'étant en tête-à-tête avec une dame mariée, le diable le surprit en flagrant délit et le tua. Quelques auteurs ecclésiastiques modernes, admettant l'exactitude d'une portion de cette historiette, repoussent toutefois l'intervention du démon en cette affaire.

Quoiqu'il en soit, Luitprand ne nomme pas Jeanne, mais Anne, parmi les maîtresses de Jean XII; il dit que l'amour de ce pontife pour Rainière allait au point qu'il lui donnait des villes entières, qu'il dépouilla l'église de Saint-Pierre de croix et de calices d'or pour lui faire des cadeaux, et que, devenue enceinte, elle mourut en couches, ce qui plongea Jean dans l'affliction la plus amère. Cette mort est une circonstance remarquable; on peut y voir la source de la particularité la plus notable de l'histoire de la papesse. (GE / Philomneste Junior).

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Dictionnaire biographique
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