| On applique le nom d'Ouessant à une île française de l'Atlantique et à l'archipel tout entier qui prolonge la péninsule armoricaine et plus particulièrement le pays léonais. Cet archipel comprend, en allant de l'Est à l'Ouest, les îles de Béniguet, Quéménès, Trielen, Molène, Balanec, Bannec, enfin Ouessant, la plus grande, et la terre la plus occidentale de France. Il est, en outre, divers îlots et des écueils tels que la chaussée des Pierres-Noires. Entre ces îles et roches, il y a des canaux qui font communiquer la Manche avec l'Iroise, à savoir : chenal du Four, chenal de la Halle, et surtout, entre Ouessant et Bannec, le passage du Fromveur. Les courants sont violents, les écueils nombreux, les brumes fréquentes, en sorte que ce sont des parages fort dangereux et fertiles en naufrages. Les phares y sont multipliés, ainsi que les signaux sonores, et l'on y a installé plusieurs stations de sauvetage. L'île d'Ouessant est située à 10 milles du continent; elle mesure 8 km du Sud-Ouest au Nord-Est et a 3500 m de largeur moyenne. Sa superficie est de 1558 hectares, îlots littoraux compris. On y remarque les baies de Lampaul, au Sud-Ouest, et du Stiff, au Nord-Est. Cette dernière partie de l'île est la plus élevée, et la pointe a 63 m, c'est le point culminant; il est surmonté d'un phare qui date de 1695. Un autre phare est établi sur la pointe correspondante de la baie opposée, celui du Créa'ch (1863). Dans le fond de cette dernière est le bourg, qui porte le même nom, de Lampaul. Les ports et mouillages sont constitués par les baies et les anses de cette île, fort déchiquetée; on en compte six, dont les principaux sont ceux de la baie du Stiff et de celle de Lampaul ou Portzpaul. Tous ces ports sont imparfaits, chacun a ses inconvénients; ce qui a décidé la création de toutes pièces d'un nouveau port, dans la baie d'Arland, le long du Fromveur. Histoire d'Ouessant. - Ouessant était connue des Romains, c'était l'Oexantis de Pline, Uxantis (Itinéraire d'Antonin). Les Celtes l'ont nommée Heussa, puis Ushant. Cette île a été évangélisée par saint Pol Aurélien, qui y vint d'Angleterre, vers 517. Pendant plusieurs siècles, elle a appartenu aux évêques de Léon. En 1388, elle fut ravagée par les Anglais. En 1589, elle fut cédée à de Rieux de Sourdéac, gouverneur de Brest, puis érigée en marquisat pour ce seigneur par Henri IV en 1597. Elle passa à la couronne en 1735. Un gouverneur y avait été institué par les seigneurs de Rieux, usage qui dura jusqu'à la Révolution. C'est près de l'île d'Ouessant que l'amiral d'Orvilliers battit la flotte anglaise le 27 juillet 1778. Pendant l'empire, Ouessant reçut un poste militaire. Ouessant est un chef-lieu de canton de l'arrondissement de Brest, comprenant une commune (l'autre île habitée de l'archipel, Molène, est une commune du canton de Saint-Renan). De nombreuses chapelles, la plupart en ruines aujourd'hui, existaient dans l'île. L'église relativement récente du bourg est assez spacieuse. Les phares constituent des monuments remarquables. Comme antiquités, on cite les vestiges d'une muraille antique, connue sous le nom de temple païen, et le cromlech de la Corne-des-Gaules. L'eau douce est abondante dans l'île d'Ouessant et de bonne qualité. Il n'y a point de végétation arborescente; la moitié du territoire est cultivée encéréales et en pommes de terre. La portion sans culture produit un gazon très dur que broutent des bêtes à cornes et surtout des moutons de petite taille fort nombreux. (Ch. Del). | |