| James Oswald est un philosophe écossais, vécut dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il se rattache immédiatement à Reid, dont il développa la doctrine philosophique dans un ouvrage intitulé : Appel au sens commun en faveur de la religion (Appeal to common sense in behalf of religion), Edimbourg, 1766-1772. Le but qu'il se propose est l'apologie du christianisme; et, pour y arriver, il s'occupe de restituer d'abord l'autorité des injonctions morales et religieuses qu'avait si fortement ébranlées le scepticisme de Hume. La prétention de vouloir tout expliquer, tout démontrer voilà quel est, suivant Oswald, le vice radical de la philosophie de tous les temps. Au lieu de s'en tenir aux lumières naturelles de la raison, les philosophes anciens et modernes se sont perdus dans des spéculations aventureuses sur la nature de l'être, la valeur ontologique des idées, et autres problèmes tout aussi indifférents aux véritables intérêts et à la félicité de l'humain. Ils sont allés chercher bien loin ce qui est près d'eux et en eux-mêmes, la croyance invincible à la réalité du monde extérieur, à l'existence de l'âme et à celle de Dieu. Aussi de toutes ces discussions chimériques ne sont sortis et ne pouvaient sortir que le doute et l'incrédulité. Le matérialisme, l'idéalisme, le scepticisme se succèdent avec une désespérante régularité dans l'histoire; et quant aux rares systèmes que pourrait accepter la foi du genre humain, ils sont embarrassés d'un tel appareil de démonstrations et de formules qu'ils nuisent plutôt qu'ils ne servent à la défense et à la propagation de la vérité. Quel moyen reste-t-il donc d'échapper à d'aussi tristes conséquences? Il faut répond Oswald, en finir avec toutes ces ambitieuses recherches qu'on a décorées du beau nom de métaphysique, et s'attacher fermement aux seules données du sens commun. Sans doute le sens commun lui-même peut être altéré par les préjugés, l'éducation, la coutume; mais il ne cesse pas d'aspirer et revient toujours au vrai. Rien ne saurait prévaloir contre son témoignage, comme rien ne saurait le remplacer. On ne discute pas l'évidence; elle est. On ne démontre pas les principes; ce sont eux qui servent à démontrer. Veut-on établir scientifiquement l'existence et les attributs de la Divinité, la responsabilité morale de l'humain, on est bien près de les compromettre l'une et l'autre. Pour croire à l'existence de Dieu, il suffit de regarder autour de soi : Coeli enarrant gloriam Dei. Pour croire à la moralité du genre humain, il suffit d'interroger la conscience. Ce sont là des faits, disons mieux, des dogmes au-dessus de tout raisonnement, et qu'on doit accepter avec une respectueuse humilité, comme les fondements impérissables de notre bonheur en ce monde et dans l'autre. Tel est, en résumé l'ouvrage d'Oswald. Il est écrit d'un style emphatique et déclamatoire, et ne fait qu'exagérer la donnée première de la philosophie de Reid. Oswald ne se contente pas d'en appeler au sens commun pour corriger et redresser la science; il s'en prend à la science elle-même, qu'il proscrit comme inutile et dangereuse. C'est, sous une autre forme, la thèse de Huet et de tous les adversaires de la philosophie et de la raison. J. Priestley a fait un examen de l'ouvrage d'Oswald. (A. B.). | |