| Wilhelm Ostwald est un chimiste né à Riga (Lettonie) le 21 août 1853, et mort à Grossbothen, près de Leipzig, en 1932. II fit ses études à l'Université de Dorpat (Tartu), fut nommé en 1882 professeur au Polytechnicum de Riga, en 1888 professeur de chimie physique à l'Université de Leipzig, et en 1898 directeur de l'Institut électrochimique fondé dans cette ville. Ostwald n'a publié que peu de recherches originales. Son principal travail dans cette voie est une longue série de mesures sur les conductibilités électriques des acides organiques dissous dans l'eau, qui parut d'abord dans le Journal fur praktische Chemie. Il s'est consacré surtout à la vulgarisation des idées du physicien Arrhenius (l'un de ses éltudiants les plus connus avec Nernst), d'après lequel, les corps dissous dans l'eau seraient dissociés électrolytiquement, c.-à-d. décomposés, même en l'absence de tout courant électrique, en ions, éléments hypothétiques auxquels on a attribué successivement toutes les propriétés jadis prêtées aux atomes en y joignant celles qui résulteraient de leurs charges électriques. Ostwald s'est distingué par la vivacité des polémiques qu'il a soutenues pour défendre cette théorie, tant dans son journal que dans les discours qu'il a prononcés à ce sujet dans de nombreux congrès scientifiques, en Allemagne, en Angleterre et en Amérique. Il a également dirigé dans cette voie les travaux des nombreux élèves de son laboratoire de Leipzig. En 1889, il a fondé, avec la collaboration du chimiste Van t'Hoff, le Journal fur physikalische Chemie qui s'occupera surtout des mesures de physico-chimie, c.-à-d. des études sur les équilibres chimiques, sur les conductibilités électriques, sur les constantes diélectriques, les indices de réfraction, les chaleurs de formation des composés minéraux et organiques, ainsi que de la détermination des poids moléculaires par les méthodes cryoscopique et diellioscopique de Raoult. A partir de 1889, il a commencé la publication de la collection des Classiques des sciences exactes; c'est la réédition des mémoires les plus importants de Berthollet, Davy, Faraday, Helmholtz, etc. Son principal ouvrage est le Lehrbuch. der allgemeinen Chemie (1re éd., 1885-87, 2 vol. ; 2e éd., 1891-99, 3 vol.), vaste compilation où se trouvent résumées les nombreuses recherches faites principalement pendant une trentaine d'années pour mettre en lumière les relations qui unissent les propriétés physiques des corps à leur constitution chimique. Ostwald a reçu le prix Nobel en 1909 pour ses travaux sur les équilibres chimiques. Cette date marque aussi un tournant dans ses activités. Ils se tourne désormais essentiellement vers la philosophie. A partir de l''année suivante, et pendant huit ans, il présidera ainsi la Deutsche Monistbund (Ligue moniste allemande), étant également, entre 1912 et 1915, le directeur de l'organe de cette ligue, Das monistische Jahrhundert. Ostwald défend un monisme naturaliste proche de celui de zoologiste Haeckel, mais contrairement à celui-ci qui faisait de la matière le principe unique de la réalité, Ostwald donne ce rôle à l'énergie, dont il fait la cause véritable de toute chose. " L'énergie, note à ce sujet Ferrater Mora, est une constante ontologique qui se modifie et se transforme en de multiples apparences. Les différentes réalités - mécanique, psychique, thermique, électrique, chimique, magnétique - sont pour Ostwald des formes différentes de l'énergie, laquelle reste toujours constante dans le système de l'univers." Ostwald a cependant admis que ce point de vue se heurtait certaines difficultés. Ainsi il est des réalités qui ne semblent pas pouvoir se ramener à l'energie. C'est le cas de celles qu'abordent les "sciences de l'ordre", c'est-à-dire la logique, les mathématiques, la cinématique, etc. En fait, explique Ostwald, le problème ne tient pas aux choses elles-mêmes, mais seulement à la manière dont nous organisons les connaissances. Et le chimiste-philosophe de proposer une classification des sciences en forme de pyramide. A sa base se trouvent les sciences de l'ordre, au-dessus les sciences proprement énergétiques (mécanique, physique, chimie), et au sommet, les sciences du vivant (physiologie, psychologie, sociologie). Une telle articulation des concepts le conduit à conclure que le progrès de l'humantité consiste pour l'essentiel à accumuler un maximum d'énergie, pour se doter d'un maximum de puissance, condition de la liberté et du bonheur. (D. B.). | |