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Eugene O'Neill

Eugene O'Neill est un dramaturge américain, né le 16 octobre 1888 à New York et mort le 27 novembre 1953 à Boston.  Il a révolutionné le théâtre américain en y introduisant des éléments du réalisme psychologique et en abordant des thèmes sombres et profonds liés à la condition humaine. Lauréat du prix Nobel de littérature en 1936 "pour pour sa capacité à représenter les défis existentiels et l'essence de la condition humaine", O'Neill est également le seul dramaturge américain à avoir remporté quatre prix Pulitzer pour ses Å“uvres. Il a introduit des thèmes et des techniques modernes qui ont ouvert la voie à des générations de dramaturges, de Tennessee Williams à Arthur Miller. 

O'Neill naît dans une famille d'acteurs. Son père, James O'Neill, est un acteur célèbre, notamment pour son interprétation du personnage d'Edmond Dantès dans Le Comte de Monte-Cristo. La famille d'Eugene mène une vie itinérante à cause des tournées de son père. Cela produit une enfance marquée par l'instabilité et l'isolement. Sa mère, Mary Ellen Quinlan, est dépendante à la morphine, une addiction qu'elle a développée après la naissance d'Eugene, et cette situation familiale troublée va devenir un thème central dans plusieurs de ses oeuvres. Eugene O'Neill fréquente plusieurs écoles privées, mais connaît une jeunesse rebelle, assombrie par l'alcoolisme et la dépression. En 1906, il s'inscrit à l'université de Princeton, mais il abandonne rapidement ses études. Dans les années qui suivent, il mène une vie mouvementée, travaillant comme marin et voyageant à travers le monde. C'est durant cette période d'errance qu'il contracte la tuberculose, ce qui l'oblige à passer plusieurs mois dans un sanatorium en 1912. Cette expérience devient un tournant dans sa vie, le poussant à se consacrer au théâtre.

O'Neill commence à écrire des pièces inspirées par le théâtre européen, en particulier par Henrik Ibsen, Anton Tchekhov et August Strindberg, dont le style réaliste et psychologique contraste avec le théâtre américain conventionnel de son époque. En 1916, il rejoint la Province Town Players, une compagnie théâtrale expérimentale qui l'aide à monter ses premières pièces. Il rencontre alors du succès avec des oeuvres comme Beyond the Horizon (Au-delà de l'horizon, 1920), qui lui vaut son premier prix Pulitzer, et Anna Christie (1922), un drame sur la rédemption et le pardon, pour lequel il remporte son second Pulitzer. L'oeuvre ultérieure d'O'Neill va être encore marquée par l'exploration de thèmes sombres comme la trahison, la culpabilité, la solitude et la lutte contre les forces destructrices de la vie. Il s'intéresse aussi aux conflits familiaux. Son style théâtral, basé sur le réalisme psychologique et un langage intense, est également influencé par les techniques expressionnistes et le symbolisme.

 â€¢ The Emperor Jones (L'Empereur Jones, 1920). - Cette pièce dépeint le colonialisme et le racisme à travers le parcours tragique de Brutus Jones, un homme noir autoproclamé empereur d'une île fictive, qui finit par sombrer dans la folie. L'oeuvre marque une étape importante dans la représentation des personnages noirs dans le théâtre américain.

• Desire Under the Elms (Désir sous les ormes, 1924). - Ce drame passionnel traite de la cupidité, de la jalousie et de l'inceste dans une famille de fermiers de la Nouvelle-Angleterre.

• Mourning Becomes Electra (Le Deuil sied à Électre, 1931). - Inspirée par l'Orestie d'Eschyle, cette pièce en trois parties adapte le mythe antique à une famille américaine du XIXe siècle. Elle aborde les thèmes de la vengeance et du destin et marque l'apogée de l'ambition théâtrale d'O'Neill.

•  The Iceman Cometh (Le marchand de glace est passé, 1939). - Dans cette oeuvre sombre, O'Neill dépeint un groupe d'alcooliques vivant dans l'illusion, jusqu'à ce que l'arrivée d'un personnage perturbe leur tranquillité. Cette pièce, une profonde réflexion sur le déni et la réalité, est aujourd'hui considérée comme l'une de ses plus grandes réussites.

• Long Day's Journey into Night (Long Voyage vers la nuit, 1956, publié après sa mort). -  Considérée comme son chef-d'oeuvre, cette pièce autobiographique examine les relations conflictuelles et tourmentées de la famille Tyrone, inspirée de la propre famille d'O'Neill. En dépeignant avec une brutalité honnête l'addiction de sa mère, l'alcoolisme de son frère et la lutte de son père, O'Neill livre une analyse bouleversante des dynamiques familiales. La pièce recevra un prix Pulitzer à titre posthume.

La vie personnelle d'O'Neill a été marquée par des relations tumultueuses et des difficultés émotionnelles. Il s'est marié trois fois et a eu plusieurs enfants, mais ses liens familiaux ont souvent été  tendus. Son fils, Eugene O'Neill Jr., se suicide en 1950, et sa fille, Oona O'Neill, coupe les ponts avec lui lorsqu'elle épouse Charlie Chaplin, ce qu'O'Neill désapprouve fortement. L'auteur lui-même a lutté contre l'alcoolisme et la dépression pendant la majeure partie de sa vie, et vers la fin, il souffre d'une dégénérescence neurologique, probablement la maladie de Parkinson, qui rend l'écriture de plus en plus difficile. Cette maladie le prive de sa passion pour l'écriture, et il passe les dernières années de sa vie dans un isolement grandissant.
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Dictionnaire biographique
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