| Michel de Notredame ou de Nostredame, dit Nostradamus est un médecin, écrivain et astrologue né à Saint-Rémy-de-Provence le 14 décembre 1503, mort à Salon-de-Provence le 2 juillet 1566. D'une ancienne famille juive, qui se convertit au christianisme quelques années après sa naissance, il avait pour grands-pères deux médecins, dont l'un fut conseiller du roi René, et pour père un notaire. Son grand-père maternel lui enseigna les éléments du grec et du latin; il fut mis ensuite au collège d'Avignon et, ses classes terminées, il alla étudier la médecine à Montpellier. Il y était encore lorsqu'une terrible épidémie de fièvre pestilentielle vint désoler le Sud-Ouest de la France; pendant quatre ans (1525-1529), il séjourna dans les principales villes, à Narbonne, à Toulouse, à Bordeaux, donnant ses soins aux malades, et, à son retour à Montpellier, se fit recevoir docteur. Peu après, on le trouve établi à Agen, où l'avait appelé Scaliger et où il se maria. Il eut deux enfants, mais il les perdit tout jeunes, ainsi que leur mère, et pour calmer sa douleur se mit à voyager; il parcourut ainsi, pendant une douzaine d'années, la Guyenne, le Languedoc, l'Italie, la Provence; en 1544, il se remaria avec une jeune fille très riche, Pons Jumel, et se fixa à Salon. En 1545, une nouvelle épidémie de peste éclata. A Aix-en-Provence et à Lyon, où elle sévit surtout, et où il fut successivement mandé par délibérations solennelles des autorités, il fit preuve d'un réel dévouement et employa, paraît-il, avec un grand succès, un remède secret, dont il était l'inventeur. La jalousie de ses confrères et leurs attaques l'obligèrent à vivre très retiré. Cette solitude exalta-t-elle son esprit au point qu'il crut en possession d'un moyen pour prédire l'avenir, ou comprit-il, connaissant la crédulité de son époque, qu'il lui serait aisé de conquérir, s'il parvenait à se faire passer pour prophète, la considération et les honneurs? Aujourd'hui, on tendrait sans doute à être moins sévère, en voyant en lui simplement un homme de la Renaissance, nourri des idées (et des errements) de son temps, et qui avait une conception cyclique du temps : ce qui est arrivé arrivera de nouveau; il suffit donc, pensaient-on alors, de projeter l'histoire passé dans le futur pour écrire l'histoire de l'avenir. Quoi qu'il en soit sur ce point, qui a été très discuté, il se mit, dès 1550, à écrire dans un style énigmatique, et en quatrains, pour leur donner une allure plus prophétique, toute une série de prédictions, dont il publia à Lyon, en 1555, les sept premières Centuries. La vogue de ce recueil fut considérable. Tout le monde prit parti pour ou contre Nostradamus, et Catherine de Médicis, qui avait dans l'astrologie une confiance aveugle, l'appela à la cour, ou il fut l'objet des distinctions les plus flatteuses. En 1558, il donna une nouvelle édition de son recueil, augmenté de trois centuries et, l'année suivante, la mort de Henri II, blessé dans un tournoi, vint mettre le comble à sa réputation. On voulut voir, en effet, la prédiction de cet événement dans le 35e quatrain de sa première centurie : Le lyon jeune le vieux surmontera En champ bellique par singulier duelle; Dans caige d'or les yeux luy crèvera Deux classes une, puis mourir; mort cruelle. Retourné à Salon, Nostradamus y reçut en 1564 la visite de Charles IX, qui le nomma son médecin ordinaire. Mais nul n'est prophète dans son pays et il était traité comme un imposteur par ses compatriotes. Il mourut à l'âge de soixante-trois ans et fut enterré dans l'église des frères mineurs. - Nostradamus, peint par César de Nostredame. Le bruit courut bientôt qu'il s'était fait enfermer tout vivant dans un caveau, avec une lampe, du papier, de l'encre, des plumes, et qu'il continuait à y écrire ses prophéties. Parmi les nombreuses satires qui furent dirigées contre celles-ci, on cite surtout ce joli distique, attribué tour à tour à Jodelle, à Bèze et à Utenhove : Nostra damus cum falsa damus. non fallere nostrum est, Et cum falsa damus, nil nisi nostra damus. Il convient de mentionner également une autre satire en vers due à Conrad Badius : les Vertus de notre maître Nostradamus (Genève, 1562). Les Centuries ont eu de nombreuses éditions; les plus recherchées sont, outre les deux premières, les suivantes : Lyon, 1605; Leyde, 1650; Amsterdam, 1657. De nombreux commentaires en ont été donnés. On attribue encore à Nostradamus : Traité des fardements (Lyon, 1552; réimpr., Poitiers, 1556); le Remède très utile contre la peste et toutes fièvres pestilentielles (Paris, 1564); Opuscule de plusieurs exquises receptes (Lyon, 1572). Il a enfin publié, à partir de 1550 et jusqu'à sa mort, un Almanach, qui fut contrefait de son vivant et qui, continué sous son nom après sa mort, rivalisa longtemps, dans la faveur populaire, avec, celui de Mathieu Laensberg. La Bibliothèque nationale a de lui de nombreuses lettres inédites (Correspondance. de Peiresc, suppl. franç., n° 986, et fonds latin, n° 8589). (L. S.). | |