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Napoléon Ier
L'Empire. La Grande Armée
Aperçu

Origines, enfance et jeunesse
Campagne d'Italie
Expédition d'Égypte

Le Consulat

L'empire, la Grande Armée

Campagnes de 1805, 1806, 1807
Les Affaires d'Espagne
La Campagne de 1809
Le mariage autrichien

L'Empire à son apogée
Le Régime totalitaire

« Les grands travaux »

La Campagne de Russie
La Campagne d'Allemagne
La Campagne de France

Les Cent-Jours

Sainte-Hélène

Appréciation générale

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Le sacre.
La vague de répression qui avait inauguré 1804 et avait atteint son paroxysme avec l'exécution du duc d'Enghien, le 20 mars, fut la préface logique de l'Empire, que dès 1802 Napoléon Bonaparte avait pour ainsi dire annoncé en faisant prévoir au Sénat, au moment où il lui apportait le Consulat à vie, « des institutions qui mettraient la France à l'abri des caprices du sort et des incertitudes de l'avenir ». Le sénatus-consulte du 28 floréal an XII (18 mai 1804), suivi d'un plébiscite dont les résultats furent proclamés le 15 brumaire an XIII, fit du premier consul l'empereur héréditaire des Français, par la grâce de Dieu et par la volonté nationale. Il n'y avait eu quelque opposition qu'au Tribunat. Le souverain pourvut à la nomination de quatre des grands dignitaires : ce furent Joseph Bonaparte, grand électeur; Cambacérès, archichancelier d'empire; Lebrun, architrésorier; Louis Bonaparte, connétable; deux des grandes dignités restèrent vacantes pour Lucien et Jérôme, s'ils se réconciliaient avec leur frère. Puis quatorze maréchaux d'empire furent désignés: Jourdan, Masséna, Augereau, Brune, Berthier, Lannes, Ney, Murat, Bessières, Moncey, Mortier; Soult, Davout, Bernadotte.

Les généraux en non-activité, Kellermann, Lefebvre, Pérignon, Sérurier, déjà sénateurs, furent nommés maréchaux honoraires. Les grands officiers militaires furent : Gouvion Saint-Cyr, colonel général des cuirassiers; Marmont, des chasseurs; Baraguey d'Hilliers, des dragons; Junot, des hussards. L'amiral Bruix devint inspecteur général pour les côtes de l'Océan, et le vice-amiral Decrès pour les cotes de la Méditerranée. Quant à la maison civile, Fesch, déjà cardinal, fut grand aumônier; Talleyrand, grand chambellan, Berthier, grand veneur; Caulaincourt, grand écuyer; Duroc, grand maréchal du palais. L'étiquette fut rétablie sous les auspices d'un grand maître des cérémonies, le comte de Ségur; toutefois, la noblesse d'empire ne fut organiquement constituée avec l'obligation de majorats, que par le décret du 11 mars 1808.

Un emprunt plus important encore à l'Ancien régime fut le sacre de l'empereur (2 décembre 1804). De l'étonnement de ses compagnons d'armes, il n'eut grand souci; il fut, plus sensible, comme le témoignent ses lettres à Fouché, aux moqueries du peuple parisien. Consalvi et Caprara firent entendre au pape  Pie Vll, d'abord indigné du rôle qu'on voulait lui faire jouer, qu'il y gagnerait l'a restitution des Légations et la proclamation du catholicisme comme religion d'État en France. L'empereur n'entendait pas d'ailleurs aller à Rome, mais faire venir le pontife à Paris. Pie VII crut que Napoléon se refuserait au baisement de mains; il déclara qu'il s'y soumettrait. Il fut entendu aussi que la femme de Talleyrand ne serait pas présentée. Le sacre eut lieu à Notre-Dame, avec un grand éclat, non sans beaucoup de froissements d'amour-propre dans la famille et la cour impériales. Au moment solennel, Napoléon saisit la couronne des mains du pape, la mit sur sa tête; et couronna lui-même l'impératrice. Il n'entendait devoir au pape qu'un surcroît de légitimité, le respect des catholiques, et même certaines garanties morales contre les attentats politiques, mais non pas une autorité qu'il avait conquise lui-même. La République italienne fut transformée (mars 1805) en royaume d'Italie. Les Italiens auraient volontiers accepté un prince français, et, pour la forme, la couronne fut offerte à Joseph Bonaparte; mais celui-ci la refusa par ordre, et Napoléon la prit pour lui-même à Milan. Eugène Beauharnais, fils de Joséphine, fut créé vice-roi. Le Corps législatif italien n'eut même pas le droit de discuter le budget, il fut traité comme une simple chambre d'enregistrement-:

« Vous n'avez que des loi locales, disait l'empereur aux députés, il vous faut des lois générales. »
 Il écrivait à Eugène :
« Si la loi sur l'enregistrement n'est pas votée, je la prendrai de ma propre autorité; et, tant que je serai roi, le Corps législatif ne sera pas réuni. »
La Grande Armée; la Marine.
Dès la rupture de la paix d'Amiens, les préparatifs militaires  et maritimes, du «-camp de Boulogne » suspendus après cette paix, furent repris. Il s'agissait, non de vaisseaux de ligne, mais de chaloupes canonnières, de bateaux plats, de péniches, etc., destinés au transport des troupes, qui devaient opérer un débarquement en Angleterre. Le succès était si improbable, que beaucoup d'historiens, de marins ont cru à une feinte, à un stratagème gigantesque. La flottille de 1801 avait été deux fois inutilement attaquée par Nelson, des batteries côtières suffisant à la défendre, vu le faible tirant d'eau de ses unités; d'un autre côté, vu leur grand nombre, il fallait plus d'une marée pour sortir des petits ports situés entre Calais et la Somme, et ou les mouillages à l'ancre n'étaient guère sûrs. En 1804, plus de 1200 bâtiments du même genre, construits un peu partout sur les voies fluviales du versant de la Manche (80 chaloupes canonnières à Paris), furent ainsi rassemblés à Boulogne, Etaples, Wimereux, Ambleteuse; 150000 hommes, la « Grande Armée », furent campés à proximité et  employés avec ostentation aux travaux de fortifications, de terrassements, d'approfondissement des ports. 500 bouches à feu couronnèrent les falaises, la « côte de fer ». 
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Proclamation de la Grande Armée

« Soldats,

Je suis content de vous; vous avez à la journée d'Austerlitz justifié tout ce que j'attendais de votre intrépidité; vous avez décoré vos aigles d'une immortelle gloire. Une armée de cent mille hommes, commandée par les empereurs de Russie et d'Autriche, a été, en moins de quatre heures, ou coupée ou dispersée ; ce qui a échappé à votre feu s'est noyé dans les lacs.

Quarante drapeaux, les étendards de la garde impériale de Russie, cent-vingt pièces de canon, vingt généraux, plus de trente mille prisonniers, sont le résultat de cette journée à jamais célèbre. Cette infanterie tant vantée, et en nombre supérieur, n'a pu résister à votre choc, et désormais vous n'avez plus de rivaux à redouter. Ainsi, en deux mois, cette troisième coalition a été vaincue et dissoute. La paix ne peut être éloignée; mais, comme je l'ai promis avant de passer le Rhin, je ne ferai qu'une paix qui nous donne des garanties et assure des récompenses à nos alliés.

Soldats, lorsque le peuple français plaça sur ma tête la couronne impériale, je me confiai à vous pour la maintenir toujours dans ce haut état de gloire qui seul pouvait lui donner du prix à mes yeux; mais, dans le même moment, nos ennemis pensaient à l'avilir; et cette couronne de fer, conquise par le sang de tant de Français, ils voulaient m'obliger à la placer sur la tête de nos plus cruels ennemis : projets téméraires et insensés, que, le jour même de l'anniversaire du couronnement de votre empereur, vous avez anéantis et confondus! Vous leur avez appris qu'il est plus facile de nous braver et de nous menacer que de nous vaincre.

Soldats, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous ramènerai en France : là, vous serez l'objet de mes tendres sollicitudes. Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire : « J'étais à la bataille d'Austerlitz, » pour que l'on vous réponde : « Voilà un brave! »
 

(Napoléon IerProclamation après Austerlitz, 12 frimaire an XIV, 
3 décembre 1805).
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Mais quant à la marine proprement dite, son infériorité venait d'être démontrée par l'issue de l'expédition d'Égypte. Les cadres d'officiers, singulièrement diminués par l'émigration, n'avaient pas eu le temps de se renouveler. Les matelots, fournis en principe par l'inscription maritime, mais en fait par la « presse-», mode de recrutement fort redouté des populations de l'intérieur, n'étaient pas suffisamment exercés aux manoeuvres, ni même habitués à la haute mer. Défendre le littoral français, tel était, d'après les amiraux eux-mêmes, le seul rôle possible des vaisseaux français, et cela pour longtemps. Cependant, pour opérer une descente en Angleterre, il était peu raisonnable de compter soit sur un calme qui immobiliserait la flotte anglaise, soit sur une tempête qui la chasserait du détroit, soit sur la nuit ou sur la brume. Napoléon pensa peut-être que, grâce à une combinaison stratégique analogue à celles qui, sur terre, lui avaient déjà réussi, il pourrait éloigner momentanément les forces maritimes de l'Angleterre et en amener de supérieures dans la Manche. Villeneuve, avec l'escadre de Toulon, reçut l'ordre de rallier à Cadix la flotte de l'Espagne (amiral Gravina), qui venait de s'allier avec la France; l'escadre de Rochefort (Missiessy) et celle de Brest (Gantheaume) devaient les rejoindre. Ces quatre escadres devaient se porter du côté des Antilles, mais uniquement afin d'y attirer Nelson : pendant ce temps, la Grande Armée franchirait le détroit. Villeneuve réussit à tromper la surveillance de Nelson : dans la Méditerranée; mais il se fit battre par Calder à la hauteur du cap Finisterre et revint à Cadix, où il fut Bloqué (22 juillet). L'escadre de Brest ne put sortir. Celle de Rochefort fit une brillante expédition contre les Antilles anglaises c'est la seule qui ait entièrement réussi pendant les vingt années des deux guerres maritimes, avant et après le traité d'Amiens. (H. Monin).
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Dictionnaire biographique
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