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Namibie
Republic of Namibia

22 00 S, 17 00 E
La Namibie est un Etat de l'Afrique Australe, riverain de l'Océan Atlantique et frontalier avec l'Angola, la Zambie, le Botswana et l'Afrique du Sud. C'est une république indépendante depuis 1990, et divisée administrativement en 13 régions (Caprivi, Erongo, Hardap, Karas, Khomas, Kunene, Ohangwena, Okavango, Omaheke, Omusati, Oshana, Oshikoto, Otjozondjupa). La capitale, Windhoek, à l'intérieur; sur la côte, Lüderitz, Walfish Bay et Swakopmund, sont les principales agglomérations de ce pays d'une superficie de 825,418 km², mais peuplé seulement de 2,6 millions d'habitants (2025).
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Carte de la Namibie.
Carte de la Namibie. Source : The World Factbook.
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Géographie physique de la Namibie

La Namibie possède une gĂ©ographie physique dominĂ©e par l'ariditĂ©, une variĂ©tĂ© de paysages dĂ©sertiques et semi-dĂ©sertiques, ainsi qu'une topographie contrastĂ©e influencĂ©e par son histoire gĂ©ologique ancienne. 

Grandes régions géomorphologiques.
Le pays s'étend depuis la côte atlantique à l'ouest jusqu'aux frontières intérieures avec le Botswana, l'Angola, la Zambie et l'Afrique du Sud. Cette configuration donne naissance à trois grandes unités géomorphologiques : le désert côtier du Namib, le plateau central, et le bassin du Kalahari à l'est.

Désert du Namib.
À l'ouest, le désert du Namib s'étale en un long ruban de 50 à 160 kilomètres de largeur, longeant l'océan Atlantique. Il s'agit d'un désert hyperaride, vieux de plus de 55 millions d'années, considéré comme le plus ancien du monde. Il est structuré en plusieurs sous-zones : les dunes mobiles du Namib central (notamment à Sossusvlei), les plaines graveleuses du Namib septentrional, et la zone montagneuse au sud (les montagnes du Naukluft). Ce désert présente des dunes parmi les plus hautes au monde (plus de 300 mètres de hauteur). L'aridité y est renforcée par le courant de Benguela, qui refroidit les masses d'air et empêche les précipitations, tout en générant des brouillards côtiers fréquents. Le climat y est extrêmement sec, avec des précipitations inférieures à 20 mm/an dans certaines zones, mais avec de fortes amplitudes thermiques et un ensoleillement très intense.

Plateau central.
En progressant vers l'intérieur, on accède au plateau central, qui couvre la plus grande partie de la Namibie. Cette région s'élève en moyenne entre 1000 et 2000 mètres. Il s'agit d'un socle ancien formé de roches précambriennes très stables (gneiss, granit, quartzites), traversé par des chaînes montagneuses résiduelles. Le plateau présente un relief disséqué, des inselbergs (collines isolées) et des vallées érodées. Parmi les formations notables, on retrouve le massif du Brandberg, le point culminant du pays avec 2573 mètres, et les monts Erongo. Cette zone connaît un climat semi-aride avec des précipitations plus régulières (250 à 500 mm/an) concentrées en été austral. Les sols y sont généralement pauvres, peu profonds, mais permettent la présence d'une savane arbustive caractéristique.

Bassin du Kalahari.
À l'est, la Namibie plonge progressivement dans le bassin du Kalahari, qui occupe une large portion orientale du pays. Contrairement au Namib, le Kalahari n'est pas un désert vrai mais une région de sols sablonneux rouges, recouverts de savanes sèches. L'altitude y diminue progressivement (environ 900 à 1 200 mètres) et les reliefs sont plus doux. Ce bassin reçoit des précipitations plus importantes, bien que toujours irrégulières (300 à 600 mm/an), ce qui permet le développement de sols plus profonds et de végétation herbacée ou arbustive adaptée à la sécheresse. Le Kalahari est constitué principalement de dunes stabilisées, disposées en longues bandes parallèles.

Bande de Caprivi.
Dans l'extrême nord-est, la bande de Caprivi rompt radicalement avec l'aridité dominante. Cette région étroite et allongée, bordée par l'Angola, la Zambie et le Botswana, est influencée par les grands fleuves d'Afrique australe, notamment l'Okavango, le Kwando, et le Zambèze. Elle se situe à une altitude relativement basse (900 à 1100 mètres) et bénéficie d'un climat subhumide, avec des précipitations atteignant jusqu'à 1000 mm/an. Cette zone présente des plaines alluviales, des marécages et des forêts-galeries, contrastant fortement avec le reste du pays.

Hydrographie.
Le réseau hydrographique namibien est principalement endoréique, avec très peu de cours d'eau pérennes. Les rivières permanentes se trouvent surtout à la périphérie du pays (Okavango, Zambèze, Kunene, Orange) et forment les principales frontières naturelles. L'intérieur est caractérisé par des rivières intermittentes (appelées rivières éphémères) comme le Swakop, le Kuiseb, ou le Fish River, qui ne coulent que brièvement après les pluies. Le Fish River Canyon, formé par l'érosion fluviale, constitue l'un des plus grands canyons d'Afrique, s'étendant sur 160 km de long et jusqu'à 550 mètres de profondeur.

Géologie.
La Namibie repose sur le craton du Kalahari, l'une des plus vieilles masses continentales du monde, formée au Précambrien. L'histoire géologique du pays a été ponctuée par plusieurs orogenèses, une activité volcanique ancienne, et l'ouverture de l'océan Atlantique lors de la dislocation du Gondwana. Cette stabilité tectonique est à l'origine de la rareté des tremblements de terre mais aussi de la faible régénération des sols. Le sous-sol est riche en ressources minières : diamants alluvionnaires le long de la côte, uranium dans le désert du Namib, cuivre, plomb, zinc, or, et terres rares dans les massifs anciens.

Namibie : le désert du Namib de l'espace.
Le désert du Namib vu depuis l'espace. - La couleur orange du sable, qui s'accentue au fil du
temps, au fur et à mesure que fer contenu dans le sable est oxydé, indique que le désert du Namib
est très ancien. On considère mĂŞme que c'est le plus vieux dĂ©sert du monde. Les vents cĂ´tiers 
y crĂ©ent les dunes de sable les plus hautes  du monde : certaines atteignent 300 m de hauteur.

Biogéographie de la Namibie

La Namibie est à la croisée de plusieurs régions biogéographiques. Cette position hybride explique la coexistence d'espèces d'origines très diverses et de nombreuses formes endémiques. Le pays abrite environ 4000 espèces de plantes vasculaires, dont plus de 700 endémiques, et plus de 200 espèces de mammifères. Les amphibiens et reptiles montrent également des taux élevés d'endémisme, notamment dans les régions montagneuses et désertiques. L'aridité durable et la faible densité humaine ont permis une conservation relative des écosystèmes. Environ 43 % du territoire est aujourd'hui sous statut de protection (parcs nationaux comme Etosha, Namib-Naukluft, Bwabwata, et conservancies communautaires). Ces dernières jouent un rôle clé dans la gestion durable de la biodiversité et la cohabitation entre humains et faune sauvage.

Le désert du Namib est caractérisé par des dunes géantes, des plaines graveleuses et des broussailles xérophiles. L'aridité extrême (moins de 25 mm de pluie par an dans certaines zones) a favorisé l'apparition d'espèces hautement spécialisées, comme le coléoptère Stenocara, qui collecte l'eau de la brume marine, ou la plante endémique Welwitschia mirabilis, une relique du Jurassique capable de vivre plus d'un millénaire. La présence du courant froid de Benguela le long de la côte permet la formation de brouillards côtiers, qui constituent une source majeure d'humidité pour la vie végétale et animale dans cette zone hyperaride.

À l'intérieur des terres, le plateau central namibien reçoit davantage de précipitations et héberge une mosaïque de savanes arborées et de steppes sèches. Cette région abrite une faune abondante avec des espèces emblématiques comme l'oryx gazelle, le zèbre des montagnes, la girafe d'Angola, le guépard et le léopard. Les sols ferrugineux et volcaniques du plateau permettent une diversité végétale marquée, dominée par des acacias, des buissons épineux et des herbacées annuelles qui poussent après les pluies. Des chaînes de montagnes comme le Khomas Hochland et le Brandberg introduisent également des microclimats qui favorisent des espèces endémiques locales.

À l'est, le désert du Kalahari, plus sablonneux et recevant légèrement plus de pluie, présente une savane sèche caractérisée par des dunes stabilisées, des bosquets d'acacias, et une faune adaptée à la vie en milieu aride, comme le suricate, le ratel, et de nombreuses espèces de reptiles et d'oiseaux. Le Kalahari joue un rôle important pour la biodiversité grâce à sa productivité saisonnière et ses points d'eau temporaires.

Dans le nord-est du pays, la bande de Caprivi offre un contraste frappant. Elle se situe dans la zone biogéographique afrotropicale humide, influencée par les systèmes fluviaux du Zambèze, de l'Okavango et de la Kwando. Ce corridor étroit, au climat subhumide, abrite des forêts galeries, des zones humides, et des savanes plus luxuriantes. On y trouve une grande concentration de biodiversité, notamment des hippopotames, des buffles, des éléphants et une riche avifaune. Cette région est également intégrée dans le réseau de conservation transfrontalier Kavango-Zambezi (KAZA), l'une des plus grandes zones protégées du monde.

Géographie humaine de la Namibie

Population
La Namibie, avec une population estimée à environ 2,6 millions d'habitants, est l'un des pays les moins densément peuplés du monde, avec une densité moyenne d'environ 3 habitants par kilomètre carré. Cette rareté de la population s'explique par l'aridité dominante, l'histoire de la colonisation, et les mouvements migratoires liés aux activités pastorales et minières. La majorité de la population se concentre dans le nord du pays, notamment dans la région d'Ohangwena, Omusati, Oshana et Oshikoto, où l'environnement est plus favorable à l'agriculture de subsistance. En revanche, les vastes régions du sud et de l'ouest, comme le désert du Namib et le Karas, sont très peu peuplées.

L'urbanisation s'accélère : environ 54 % de la population vit en milieu urbain, un chiffre en constante augmentation. La capitale, Windhoek, est le principal centre urbain, suivie de Walvis Bay, Swakopmund et Oshakati. L'urbanisation rapide entraîne des problèmes d'infrastructures, de logement, de chômage urbain et d'expansion des bidonvilles. En dépit de cela, les zones rurales restent fortement peuplées et dépendent majoritairement de l'agriculture de subsistance et de l'élevage.

La population namibienne est jeune : environ 36 % des habitants ont moins de 15 ans et plus de 60 % ont moins de 30 ans. Le taux de fécondité est estimé à environ 3 enfants par femme, en baisse par rapport aux décennies précédentes, mais encore élevé comparé aux moyennes mondiales. L'espérance de vie moyenne s'élève à environ 64 ans. Elle a connu une amélioration après une période de stagnation due à l'épidémie de VIH/sida. Cette pandémie, bien que contenue, continue d'affecter significativement la structure sociale et sanitaire du pays.

Sur le plan social, la Namibie est marquée par de profondes inégalités héritées du régime de l'apartheid, qui a officiellement pris fin avec l'indépendance en 1990. Le pays reste l'un des plus inégalitaires au monde, avec un indice de Gini élevé (environ 0,57). Les inégalités se manifestent notamment dans la répartition des terres, l'accès à l'éducation, la santé, et l'emploi. La réforme agraire, amorcée après l'indépendance pour redistribuer les terres accaparées par la minorité blanche, progresse lentement et reste un enjeu politique majeur.

Le système éducatif namibien a connu des améliorations importantes depuis l'indépendance, avec un taux d'alphabétisation qui avoisine les 90 % chez les jeunes. L'enseignement est gratuit et obligatoire jusqu'au secondaire inférieur, mais la qualité de l'éducation varie selon les régions et les groupes sociaux. Le secteur de la santé est confronté à des défis, notamment en matière de mortalité maternelle, de soins en milieu rural, et de prise en charge des maladies chroniques.

Le rôle des femmes dans la société namibienne évolue, avec une représentation politique relativement forte au sein du parlement (près de 44 % de femmes députées) et un cadre législatif favorable à l'égalité des sexes. Toutefois, la violence domestique et les inégalités économiques persistent, surtout dans les zones rurales.

Enfin, les modes de vie traditionnels, notamment chez les San, les Himba ou les Nama, coexistent avec les dynamiques de modernisation. Ces groupes minoritaires, généralement marginalisés, conservent des pratiques culturelles propres, mais sont exposés à la pression sociale, économique et environnementale croissante. La reconnaissance de leurs droits fonciers, culturels et linguistiques reste un enjeu politique et juridique de premier plan.

Quelques-unes des principales villes de la Namibie

• Windhoek, la capitale de la Namibie, est située au centre du pays, à une altitude d'environ 1700 mètres. C'est la ville la plus peuplée et le centre administratif, économique et politique du pays. Elle se distingue par son architecture mêlant influences coloniales allemandes et constructions modernes, ainsi que par son rôle dans les services gouvernementaux et les entreprises multinationales. Windhoek est également un pôle éducatif et médical, qui accueille l'Université de Namibie et les principaux hôpitaux nationaux. La ville est relativement propre et bien organisée, avec des infrastructures bien développées par rapport à d'autres régions du pays.

• Swakopmund, située sur la côte atlantique, est une station balnéaire très prisée, connue pour son style architectural germanique distinctif, hérité de la période coloniale. C'est une ville touristique qui attire pour ses plages, ses sports extrêmes comme le quad dans les dunes ou le parachutisme, et ses musées. Swakopmund bénéficie aussi d'un climat plus frais grâce au courant de Benguela, ce qui la rend agréable en été. Elle représente également un point d'entrée vers le désert du Namib, notamment la célèbre zone de Sandwich Harbour et les dunes de Walvis Bay à proximité.

• Walvis Bay, à environ 30 kilomètres au sud de Swakopmund, est le principal port maritime de la Namibie et un centre économique important. Grâce à sa position stratégique, il joue un rôle important dans le commerce international et la logistique pour le pays et ses voisins enclavés comme le Botswana et le Zimbabwe. La ville est aussi connue pour son lagon, riche en oiseaux marins, notamment les flamants roses. Elle est en pleine croissance grâce à des investissements portuaires et à son industrie de la pêche, particulièrement prospère.

• Lüderitz, située plus au sud sur la côte, est une ville isolée mais riche en histoire. Elle a été un point clé lors de la colonisation allemande et conserve une atmosphère unique avec ses bâtiments colorés de style art nouveau. C'est le point de départ pour visiter Kolmanskop, une ville fantôme engloutie par le désert, témoin de la ruée vers les diamants du début du XXe siècle. Bien que peu peuplée et économiquement moins dynamique que les autres villes côtières, Lüderitz attire des visiteurs en quête d'histoire et de paysages surréalistes.

• Oshakati est la plus grande ville du nord de la Namibie, dans la rĂ©gion d'Oshana. Elle est le coeur Ă©conomique 

et administratif du nord, avec une population majoritairement ovambo. C'est une ville en rapide expansion, avec des centres commerciaux, des infrastructures modernes et un marché très animé. Oshakati joue un rôle stratégique pour la distribution de marchandises vers les régions rurales avoisinantes et abrite plusieurs institutions d'éducation et de santé.

• Rundu, sur les rives de l'Okavango à la frontière avec l'Angola, est une autre grande ville du nord. Elle est connue pour sa culture riche et ses marchés traditionnels, ainsi que pour son rôle comme centre administratif de la région de Kavango-Est. Rundu est en pleine croissance démographique et urbaine, mais fait face à des défis d'infrastructures. Sa proximité avec la rivière Okavango en fait une base pour le tourisme écologique et les croisières fluviales.

• Katima Mulilo est la principale ville de la région de Zambezi, dans l'extrême nord-est du pays. Située sur le fleuve Zambèze, elle est proche de plusieurs frontières internationales (Zambie, Botswana, Zimbabwe). C'est un important carrefour pour le commerce régional et une passerelle vers les chutes Victoria. Son climat humide contraste avec le reste du pays, et elle est essentielle pour le transport de marchandises entre la Namibie et les pays voisins.

• Gobabis, à l'est de Windhoek, est un centre agricole clé, spécialisé dans l'élevage bovin. Elle est également un point d'entrée vers le Botswana et un maillon important de la Trans-Kalahari Highway. Ville relativement calme, Gobabis joue un rôle logistique et pastoral important, notamment avec ses installations d'abattage et d'exportation de viande.

• Keetmanshoop, dans le sud, est un centre administratif pour la région de Karas. Elle est le point de passage principal vers le Fish River Canyon, l'un des plus grands canyons du monde. Keetmanshoop est aussi connue pour sa proximité avec les forêts d'arbres à carquois (quiver trees) et son rôle historique dans la colonisation allemande. Elle est un pôle de transport essentiel reliant le sud à Windhoek.

• Ondangwa, proche d'Oshakati, est une autre ville du nord dynamique, historiquement importante dans l'histoire missionnaire et coloniale. Elle connaît un développement rapide, notamment en termes de commerce, de transport et d'éducation, et constitue un centre pour les activités gouvernementales régionales dans le nord de la Namibie.

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groupes ethnolinguistiques.
La Namibie est un pays multilingue et multiethnique. Cette diversité est organisée autour de trois grandes familles linguistiques : les langues bantoues, les langues khoïsan, et les langues indo-européennes, chacune représentant des groupes ethnolinguistiques aux caractéristiques sociales et géographiques spécifiques.

La Constitution namibienne garantit la libertĂ© linguistique, mais seule l'anglais est reconnue comme langue officielle, dans un souci d'unification post-indĂ©pendance.  L'allemand, bien qu'historiquement influent, est aujourd'hui marginalisĂ© sur le plan institutionnel. Des tensions persistent quant Ă  la reprĂ©sentation Ă©quitable de tous les groupes dans les institutions, notamment dans l'accès Ă  l'Ă©ducation, Ă  la terre, et aux fonctions publiques. Toutefois, des efforts sont entrepris pour prĂ©server les langues et traditions locales Ă  travers des programmes Ă©ducatifs, mĂ©diatiques et culturels.

Ovambo.
Le groupe le plus important est celui des Ovambo, qui représentent environ 50 % de la population namibienne. Ils sont principalement installés dans les régions du nord, notamment Omusati, Ohangwena, Oshana et Oshikoto. Leur langue, l'oshivambo, comporte plusieurs variantes comme le Kwanyama et le Ndonga. Les Ovambo sont traditionnellement des agriculteurs et éleveurs, organisés autour d'un système clanique. Ils ont joué un rôle central dans le mouvement d'indépendance de la Namibie, notamment à travers le SWAPO, dont ils restent la base sociopolitique dominante.

Kavango.
Les Kavango vivent principalement le long du fleuve Okavango dans le nord-est, et représentent environ 9 % de la population. Ils parlent le rukwangali, le gciriku et d'autres langues kavango orientales. Ce groupe se distingue par sa structure sociale matrilinéaire et son économie fondée sur l'agriculture de subsistance et la pêche. Leur habitat linéaire le long des cours d'eau reflète une forte dépendance aux ressources fluviales.

Khoekhoe.
Les Damara et les Nama, regroupés ordinairement dans la catégorie des Khoekhoe, sont des locuteurs du khoekhoegowab, une langue khoïsan à clics. Les Damara, bien qu'assimilés culturellement aux Nama, ont une origine linguistique complexe. Ces deux groupes représentent chacun environ 7 % et 5 % de la population. Ils sont concentrés surtout dans le centre et le sud du pays. Leur langue à clics constitue un patrimoine culturel distinctif. Historiquement pasteurs, les Nama ont été fortement touchés par la colonisation allemande, notamment lors du génocide de 1904-1908.

Herero. Himba.
Les Herero, qui reprĂ©sentent environ 7 % de la population, sont une population bantoue pasteur originaire d'Afrique centrale. Leur langue, l'otjiherero, est apparentĂ©e aux autres langues bantoues. InstallĂ©s principalement dans les rĂ©gions centrales (Otjozondjupa, Omaheke), ils ont conservĂ© une culture pastorale forte. Leurs vĂŞtements traditionnels influencĂ©s par les missionnaires allemands (robes longues et couvre-chefs en cornes) sont devenus emblĂ©matiques. Comme les Nama, ils ont Ă©galement Ă©tĂ© victimes du gĂ©nocide colonial allemand. Les  Himba, quant Ă  eux sont un peuple semi-nomade et pasteur bantou, proche des Herero et cĂ©lèbres pour leurs pratiques esthĂ©tiques uniques : les femmes se recouvrent le corps d'un mĂ©lange d'ocre rouge et de beurre pour se protĂ©ger du soleil et conserver une beautĂ© symbolique. 

Lozi.
Les Capriviens ou Lozi, installés dans la bande de Caprivi (région de Zambezi), parlent le siLozi, une langue bantoue d'origine barotsé. Ce groupe (environ 4% de la population totale) est lié historiquement au royaume de Barotseland en Zambie. Leur culture est marquée par l'influence des royaumes fluviaux, une forte identité régionale, et une pratique du christianisme associée à des rituels traditionnels.

San.
Les San ou Bushmen, représentant une petite fraction de la population (moins de 1 %), sont les plus anciens habitants de la région. Ils vivent principalement dans les régions désertiques orientales (Otjozondjupa, Omaheke, Kavango) et parlent plusieurs langues khoïsan distinctes, comme le Juǀ'hoan et le !Kung. Ils sont traditionnellement chasseurs-cueilleurs, bien que leur mode de vie soit de plus en plus marginalisé. Les San souffrent d'un accès limité aux services publics et de pressions sur leurs territoires traditionnels.

Tswana.
Les Tswana (ou Setswana), présents dans l'extrême est, sont culturellement liés à leurs voisins du Botswana. Leur langue, le setswana, est reconnue localement et parlée dans les populations frontalières. Ils sont engagés dans des activités agricoles et commerciales régionales.

Autres groupes.
Parmi les autres groupes, on trouve des Namibiens d'origine européenne, principalement des Afrikaners (parlant l'afrikaans), des Allemands (germanophones), et des Anglais (anglophones). Les Blancs représentent environ 6 % de la population. L'afrikaans reste très largement compris et parlé, même parmi les populations noires, en raison de son usage historique comme langue administrative et commerciale sous la domination sud-africaine. L'allemand est encore parlé dans les régions de Khomas, Erongo et Karas, et est associé à une culture distincte, notamment dans l'éducation et le commerce.

Enfin, de petites populations asiatiques, notamment indiennes et chinoises, sont présentes en Namibie, concentrées dans les centres urbains comme Windhoek et Walvis Bay. Elles jouent un rôle significatif dans le commerce et l'importation.

Culture.
Les traditions orales sont fondamentales pour la transmission du savoir culturel. Les contes, les proverbes, les chansons et les récits historiques sont encore très présents dans les populations rurales, perpétués lors de veillées ou d'événements communautaires. Les anciens jouent un rôle central dans cette transmission, et leur parole est hautement respectée dans la hiérarchie sociale traditionnelle.

La musique et la danse sont au coeur des expressions culturelles. Chaque groupe possède ses rythmes, instruments et styles. Les tambours, les percussions, les flûtes et les arcs musicaux accompagnent les danses lors des cérémonies de mariage, d'initiation, de guérison ou de récolte. Des styles contemporains comme le kwaito, l'afrobeat et le hip-hop sont également très populaires parmi les jeunes, fusionnant les traditions locales avec les sons modernes venus d'Afrique du Sud ou des États-Unis. Le festival annuel Namibia Music Awards met en valeur ces talents émergents.

L'artisanat occupe une place importante dans la vie culturelle. Les femmes Himba créent des bijoux en perles et en métal, les San fabriquent des objets utilitaires et décoratifs à partir de matériaux naturels comme le bois, les œufs d'autruche ou les peaux tannées. Les tissus traditionnels, les poteries, les gravures rupestres (notamment à Twyfelfontein, site classé par l'Unesco) et les peintures sont autant d'expressions de la créativité locale. Le marché artisanal de Windhoek et les centres communautaires jouent un rôle dans la valorisation de ces savoir-faire.

La religion majoritaire est le christianisme, reprĂ©sentĂ© Ă  plus de 90 %, dominĂ© par les confessions luthĂ©rienne, catholique et anglicane, hĂ©ritage des missions chrĂ©tiennes. L'influence religieuse est forte dans les structures communautaires et l'Ă©ducation, bien que certaines pratiques traditionnelles subsistent.  Les rituels traditionnels liĂ©s Ă  la fertilitĂ©, Ă  la chasse, Ă  la pluie ou Ă  la protection des esprits restent courants, particulièrement dans les zones rurales ou dans les populations semi-nomades. Le syncrĂ©tisme religieux est courant, mĂŞlant rituels chrĂ©tiens et pratiques ancestrales

Les vêtements varient considérablement selon les groupes. Les Himba et les San portent des habits fonctionnels adaptés à leur environnement désertique, habituellement symboliques dans leur ornementation. Les Nama et les Herero arborent des costumes très distinctifs lors des fêtes ou cérémonies – les robes volumineuses à crinoline pour les femmes Herero en sont l'exemple le plus visible. En milieu urbain, les vêtements occidentaux dominent, mais l'attachement aux tenues traditionnelles reste fort pour les occasions spéciales.

Les fêtes culturelles sont nombreuses, notamment le Herero Day à Okahandja, qui rend hommage aux chefs ancestraux tués lors des guerres coloniales contre les Allemands. Le Wêreldfees et le Windhoek Carnival célèbrent quant à eux l'héritage germanique à travers la musique, la bière, et les défilés costumés. Les fêtes chrétiennes sont également largement observées, comme Noël et Pâques, souvent en famille et avec des repas partagés à base de viande, de maïs, de haricots et de bières locales.

La gastronomie namibienne est un mélange d'aliments traditionnels et de cuisine européenne. Le braai (barbecue) est une institution sociale partagée, tout comme la bière artisanale namibienne, très appréciée, notamment la Windhoek Lager. Les plats typiques incluent le pap (bouillie de maïs), la viande séchée (biltong), les haricots, les potjiekos (ragoûts cuits au feu de bois) et, dans certaines régions, les insectes comme les mopanes.

L'éducation à la culture est de plus en plus promue par les politiques publiques et les musées comme le Musée national de Namibie ou le musée de l'indépendance de Windhoek. Des efforts sont également faits pour valoriser les langues et coutumes minoritaires, notamment par des programmes éducatifs bilingues et des festivals interculturels.

Economie.
L'économie de la Namibie combine un secteur moderne orienté vers l'exportation – notamment les mines et l'agriculture commerciale – avec un secteur informel et traditionnel qui regroupe une grande partie de la population rurale. La Namibie est classée comme pays à revenu intermédiaire, mais demeure marquée par des inégalités économiques et sociales considérables, héritées de l'époque coloniale et de l'apartheid.

Le secteur minier constitue l'épine dorsale de l'économie namibienne. Il représente environ 10 % du produit intérieur brut, et une part bien plus importante des exportations. La Namibie occupe en Afrique le quatrième rang des exportateurs de minéraux (hors produits pétroliers). Le pays est le cinquième producteur mondial d'uranium, grâce à des mines comme Husab et Rossing, et il possède aussi d'importantes ressources de diamants, extraits à la fois sur terre (district de Pomona) et en mer par la société Namdeb (partenariat entre le gouvernement et De Beers). D'autres ressources minières comprennent l'or, le fer, le cuivre (Grootfontein), l'étain, le zinc, l'argent et le tungstène, et les terres rares, qui suscitent un intérêt croissant dans les marchés mondiaux.

L'agriculture emploie environ 25 % de la population active, bien qu'elle ne contribue qu'à une petite portion du PIB. Elle est divisée entre agriculture de subsistance dans les zones rurales, touchées par la sécheresse et la faible fertilité des sols, et agriculture commerciale dans le centre et le sud du pays. L'élevage bovin et ovin y domine, et la viande namibienne, en particulier le boeuf, est certifiée pour l'exportation vers des marchés comme l'Union européenne. La dépendance à l'égard des précipitations irrégulières et les effets croissants du changement climatique représentent toutefois un défi majeur pour la sécurité alimentaire.

La pêche est un autre pilier économique, notamment grâce aux eaux froides et riches du courant de Benguela. Le port de Walvis Bay est la base des activités halieutiques, qui englobent la capture et la transformation de poissons comme le merlu, la sardine, le maquereau et d'autres espèces destinées à l'exportation. Le secteur est strictement réglementé pour éviter la surexploitation, mais il reste vulnérable aux variations climatiques marines et à la concurrence internationale.

Le secteur des services, qui représente plus de 60 % du PIB, comprend les télécommunications, la finance, le commerce, l'éducation, et surtout le tourisme. Ce dernier est en plein essor, porté par les paysages spectaculaires du désert du Namib, du parc national d'Etosha, de la bande de Caprivi et de la Skeleton Coast. La Namibie se signale par son tourisme durable et ses initiatives de conservation communautaire. Toutefois, les événements mondiaux comme la pandémie de covid-19 ont mis en lumière la fragilité de ce secteur très dépendant des visiteurs internationaux.

L'industrialisation reste limitée, malgré les efforts du gouvernement pour encourager la transformation locale des matières premières. L'économie dépend encore largement des exportations de ressources brutes. Le pays tente de diversifier ses activités industrielles dans des secteurs comme l'agroalimentaire, la fabrication légère, la logistique et plus récemment, l'énergie verte. La stratégie Harambee Prosperity Plan II prévoit notamment des investissements dans l'hydrogène vert et les énergies renouvelables pour attirer des capitaux étrangers et renforcer l'indépendance énergétique.

La Namibie entretient des relations commerciales étroites avec l'Afrique du Sud, son principal partenaire économique, qui fournit la majorité de ses importations, allant des produits manufacturés aux carburants. Elle est aussi membre de la Southern African Customs Union (SACU), qui facilite le commerce régional. Le pays bénéficie de ports maritimes modernes comme Walvis Bay, qui sert de point de transit pour les pays voisins enclavés comme le Botswana et la Zambie.

Le chômage est l'un des défis structurels les plus graves. Il affecte environ 33 % de la population, et davantage encore chez les jeunes. L'économie formelle n'absorbe pas suffisamment la main-d'oeuvre, et beaucoup de Namibiens se tournent vers l'économie informelle ou migrent vers les zones urbaines, souvent sans perspectives stables. Cette situation est aggravée par une répartition inégalitaire des terres et des ressources économiques.

La politique fiscale repose sur des recettes provenant principalement de la SACU, des taxes minières et des impôts sur les entreprises. Le gouvernement namibien maintient une politique de dépenses sociales qui vise à réduire la pauvreté, améliorer l'éducation et renforcer les services de santé, mais il fait face à une dette publique croissante. L'endettement, bien qu'encore soutenable, s'est accru à la suite de la pandémie et des pressions budgétaires croissantes.

Enfin, le pays présente des perspectives intéressantes dans le domaine des énergies renouvelables, en particulier l'énergie solaire et l'hydrogène vert. Le gouvernement a signé plusieurs accords internationaux pour le développement de projets dans ce domaine, notamment dans la région de Tsau //Khaeb, avec l'ambition de devenir une future plaque tournante énergétique pour l'Afrique australe et au-delà.

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