| Henry Mürger est un poète et romancier, né à Paris le 24 mars 1822, mort à Paris le 28 janvier 1861. Comme romancier, c'est un fantaisiste plein de verve et avec un vrai talent : sans avoir une grande portée, ses oeuvres offrent beaucoup d'agrément et de vérité dans les peintures. Fils d'un concierge allemand qui exerçait encore la profession de tailleur, il se sentit du goût pour la peinture, n'y réussit pas, et bien qu'ayant reçu une instruction rudimentaire se tourna vers la littérature. Ses débuts furent rudes. L'académicien de Jouy, qui habitait la maison surveillée par son père, lui avait procuré une place de lecteur auprès du comte Tolstoï, aux modestes appointements de 40 F par mois. Il essaya, dans des poésies pleines de sentiment, de dépeindre toutes les misères, toutes les déceptions d'une telle existence et, enfant du peuple, il prit tous ses sujets, puisa toutes ses inspirations dans le milieu médiocre où il végétait. La Via Dolorosa, poème dont des fragments parurent en 1843 dans un journal, est continuée par les Scènes de la vie de Bohème publiées en 1848, au jour le jour, dans le Corsaire. Ces descriptions de moeurs alors peu connues du grand public et dont le décousu, la vulgarité, étaient habilement dissimulés par l'auteur sous les voiles de cette espèce de sentimentalisme, toujours en éveil, et sous les apparences d'une liberté d'allures qui ne manquait pas de fierté, plurent infiniment. Mürger devint célèbre. La Vie de Bohème, représentée au théâtre des Variétés le 22 novembre 1849 et ou Mlle Thuillier incarna réellement le rôle de Mimi, fut pour lui l'occasion d'un triomphe. Mürger avait fait sa percée dans la littérature, il collabora à l'Evénement, au Dix Décembre, entra à la Revue des Deux Mondes (1851), fut décoré. Mais il ne put jamais échapper à l'influence de cette bohème qui lui avait servi de marchepied et jusqu'à son dernier jour il ne put rien créer en dehors de l'inspiration qui lui avait valu ses premiers succès. Il a été un des précurseurs de l'école réaliste, bien que ses créations soient infiniment plus poétiques que réelles, et qu'on ait pu dire avec justice que Champfleury a étudié la bohème et que Müger l'a chantée. Ses principaux ouvrages sont : le Pays latin (Paris, 1851); Scènes de la Bohème (1851); Scènes de la vie de jeunesse (1851); le Bonhomme Jadis, comédie représentée en 1852 à la Comédie-Française; Propos de ville et propos de théâtre (1853); Scènes de campagne (1854); Ballades et fantaisies (1854); les Buveurs d'eau (1855); le Dessous du panier (1855); le Roman de toutes les femmes (1854); le Dernier Rendez-vous (1856); les Vacances de Camille (1837); Madame Olympe (1859); le Sabot rouge (1860); le Serment d'Horace, comédie en un acte, jouée au Palais-Royal en 1861; les Nuits d'hiver. Poésies complètes (1861); le Roman d'un capucin (1868); le Souper des funérailles (1873); Dona Sirene (1874); les Roueries de l'ingénue (1874). Le Pays latin, sous la forme d'un drame en cinq actes a été mis au théâtre par Dunand-Mousseux en 1864. La Vie de Bohême a eu des représentations innombrables. Giacomo Puccini l'a transformée en comédie lyrique qui, traduite en français, a été jouée à l'Opéra-Comique le 13 juin 1898. On a dressé à Mürger, dans le jardin du Luxembourg, le 28 juin 1895, un modeste buste, oeuvre de H. Bouillon. (R. S.). | |