| Mihály Lieb, dit Munkacsy est un peintre hongrois, né à Munkacs le 10 octobre 1844, mort en 1900. Apprenti menuisier, il fut amené à la peinture par un portraitiste de passage à Gyula, se forma seul, peignant des scènes de la vie rurale et des portraits; la société artistique de Pest acheta une Idylle paysanne qui le fit remarquer (1865). Il vint à l'Académie de Vienne, mais dut, faute d'argent, retourner à Pest; de là il passa à Munich ou il fut protégé par Fr. Adam, peintre de batailles, obtint trois fois le premier prix d'un concours institué par le ministère des cultes de Hongrie, ce qui lui fournit le moyen d'aller à Düsseldorf (1868), où il reçut les conseils de Knaus et de Vautier. Cette influence se marque dans Pâques, l'Enrôlement, le Fiancé. - Munkacsy (autoportrait, 1875). Il alla à Paris où il exposa au Salon de 1870 le Dernier Jour d'un condamné, qui lui valut la célébrité; il peignit ensuite Episode de la Guerre de Hongrie (1871), En route pour l'école (1871), Politique à la cuisine, le Tailleur ivre, des portraits, des paysages. En janvier 1872, il se fixa à Paris; de ce temps datent les Rôdeurs de nuit et le Mont-de-Piété (S. de 1874), Héros de village (1875); ces oeuvres ont beaucoup de caractère, sont largement peintes, mais dans un ton sombre, uniforme et avec une sorte de prédilection pour la laideur. Mais, à partir de 1870, Munkacsy passe de la peinture de la vie populaire à celle des salons; son coloris s'échauffe et s'éclaire à l'école des impressionnistes; il simplifie le dessin et le modelé. L'Intérieur d'atelier (1876), le Récit de chasse (1877) marquent cette évolution. Il aborda ensuite la peinture historiques. A l'Exposition universelle de 1878 il remporte la suprême récompense avec Milton aveugle dictant le Paradis perdu à ses filles, d'une tonalité grise, et Recrues hongroises. Il produit ensuite son oeuvre la plus fameuse, le Christ devant Pilate (1881); puis le Christ au Calvaire (1884). Ces tableaux sont remarquables par leur expression dramatique et la vigueur du coloris. - Le Christ devant Pilate, par Munkacsy (1881). Munkacsy laisse de côté la convention et le sentiment religieux pour traduire ces scènes comme des événements historiques, se préoccupant de la réalité ethnographique; les comparses et spectateurs du drame prennent presque autant d'importance que le Christ. Le Christ devant Pilate fut vendu 120.000 dollars pour l'Amérique, qui acheta aussi 50.000 dollars le dernier des quatre grands tableaux historiques de Munkacsy, les Derniers Moments de Mozart (1886). Il se tourna ensuite vers la peinture décorative en tons tout à fait clairs, costumant ses personnages à la mode du XVIIe siècle. Dans cette manière, on peut citer le Triomphe des Arts (plafond pour le musée d'histoire de l'art à Vienne), quelques scènes de la vie de salon, l'Air favori (1891), plusieurs portraits de dames. Il a aussi peint ceux du cardinal Haynald et de Liszt et des paysages. Il fut anobli par l'empereur d'Autriche. A partir de 1896 une cruelle maladie a arrêté sa production et l'a privé de sa raison. (GE). | |