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Moore (Sir
Jonas), mathématicien né à Whitbee (Lancashire) le 8 février
1617, mort à Godalming (comté de Surrey) le 27 août 1679. D'abord précepteur
du jeune duc d'York, puis professeur de mathématiques
à Londres, il devint sous Charles II
inspecteur général de l'artillerie et fut fait chevalier. Il était membre
de la Société royale de Londres à partir
de 1674. C'est lui qui fit élever l'observatoire de Greenwich (1675) et
y fit placer Flamsteed comme astronome. Il
fut aussi le fondateur d'une école de mathématiques au Christ's Hospital
de Londres, dont il était gouverneur.
Jonas Moore est l'auteur de plusieurs ouvrages
posthumes : New system of mathematics (Londres, 1681, 2 vol. in-4),
où il applique toute une méthode nouvelle d'enseignement
des mathématiques; General Treatise of Artillery (Londres, 1683,
in-8); A Mathematical compendium (4e
édit., Londres, 1705, in-12), etc. ( L. S.). |
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Moore (Thomas),
célèbre poète né à Dublin le 28 mai 1779,
mort à Sloperton Cottage le 25 février 1852. Fils d'un épicier-marchand
de vin, qui n'était pas bien riche, il reçut pourtant une excellente
éducation. Après avoir terminé ses études à l'université de Dublin,
il vint à Londres pour s'inscrire au barreau (1799). Dès 1793, il avait
débuté dans les lettres en donnant des vers, Lines to Zelia et
A Pastoral Ballad, Ã une revue irlandaise l'Anthologie Hibernica.
Il publia une traduction d'Anacréon (Londres,
1800), brillante à la vérité, mais fort infidèle, et qu'il avait dédiée
au prince de Galles.
Remarquable musicien, chanteur agréable,
aimable et spirituel, Thomas Moore s'était glissé dans la haute société
et il obtint en 1803 un emploi dans l'administration des Bermudes. Le poète
ne pouvait se plier à la besogne bureaucratique. Il mit à sa place un
sous-ordre qui par la suite commit des malversations, et il fut obligé
d'en rembourser le montant, obligation qui pesa durement sur sa vie entière.
Il revint à Londres et désormais consacra tout son temps à la poésie
et aux visites : son aménité, sa conversation bienveillante le faisaient
rechercher de tout le monde. En 1806, il donne ses Odes and Epistles,
que Jeffrey critique âprement. Il en résulte une polémique, puis un
duel ridicule entre l'auteur et son critique, - duel interrompu par la
police, qui ne put trouver trace de balles dans les pistolets des deux
adversaires!
Thomas Moore n'avait pas trouvé sa véritable
voie. Il s'y engagea, avec ses Irish Melodies (1807), que sir John
Stevenson mit en musique et qui obtinrent un succès considérable. Il
y poétisait l'Irlande, ses légendes, ses vieux saints, ses luttes contre
l'oppresseur, ses paysages, avec une intensité d'accent, une émotion
vibrante qui ont rendu populaires ces chants courts et amoureusement ciselés.
Il s'y engagea encore en donnant libre essor, dans ses Lampoons,
à de redoutables facultés satiriques qu'on n'eut point soupçonnées
chez cet homme aimable. On appelait alors lampoons des sortes de
pamphlets,
virulents, parfois grossiers, parfois indécents, toujours méchants, que
les partis politiques se lançaient à la tête en guise d'arguments. Moore,
libéral avancé, poursuivit de railleries mordantes le prince régent
qui avait renié les idées libérales de sa jeunesse et Castlereagh,
cet Irlandais persécuteur de l'Irlande. Réunis en volume, sous le titre
de The Twopenny Post Bag (1813), ces lampoons, la perfection du
genre, furent vendus à milliers d'exemplaires.
-
Thomas
Moore.
Cependant Moore avait épousé, en 1811,
une jeune actrice Bessie Dyke, qui fut pour lui la plus charmante et la
meilleure des femmes. Il renonça, non sans peine, à sa brillante vie
de salons et cacha son bonheur en province. En 1817, il publiait Lalla
Rookh. Ce poème oriental - dont l'orientalisme est de même nature
que celui de Victor Hugo - et dont Taine
a dit justement :
«
Il n'y a guère ici que des décors et de la mise en scène; les sentiments
sont factices; ce sont des sentiments d'opéra, »
L'ouvrage, au demeurant, passa pour un chef-d'oeuvre,
et mit Moore sur le pied de Walter Scott et de
Byron, sans doute parce qu'il était « une
grande machine décorative appropriée à la mode », et fut traduit
dans toute l'Europe. Thomas Moore était célèbre. Il donna coup sur coup
: National Airs (1815); Sacred Songs (1816), qui furent aussi
populaires que les Mélodies irlandaises; The Fudge family in
Paris ((1817), roman extrêmement spirituel et amusant; The Fudges
in England, Fables for the Holy Alliance (1823). Il était venu
à Paris en 1817, il y revint en 1819, fit avec lord John Russell un voyage
en Italie où il rencontra Byron. Il était lié depuis longtemps avec
Byron qui lui fit alors cadeau de ses fameux Mémoires. Il ne revint
en Angleterre qu'en 1822. Il avait composé entre temps un poème, The
Loves of the Angels, sur le même thème que la Chute d'un ange
de Lamartine, un roman dans le genre antique,
qui est plein d'erreurs et d'anachronismes,
The Epicurean (1827), un autre roman laborieux, The Memoirs of
Captain Rock (1824), une excellente Vie de Sheridan (1825).
Byron étant mort
(avril 1821), Thomas Moore dut songer à la publication de ses mémoires.
Il les avait vendus depuis 1821 à l'éditeur Murray. Cédant à diverses
considérations, il les racheta et les brûla. Il est peu d'événements
littéraires qui aient donné lieu à plus de polémiques. Moore consacra
à son illustre ami la meilleure biographie qui ait jamais été faite
: Memoirs of the life of lord Byron (Londres, 1830). Ses derniers
travaux furent des études historiques relatives à l'Irlande : Memoirs
of lord Edward Fitzgerald (Londres, 1831, 2 vol.); Travels of an
Irish gentleman in search of religion (1833, 2 vol.); History of
Ireland (1835, 4 vol.). Il finit tristement. Il avait perdu ses cinq
enfants qu'il chérissait, et il tomba dans une sorte de torpeur, voisine
de l'idiotie. On lui a élevé des statues à Glasgow et à Dublin. (R.
S.). |