| Montreuil (Pierre de), dit aussi Pierre de Montereau, maître d'oeuvre et sculpteur né vers la fin du XIIe siècle et mort à Paris le 17 mars 1264. On devait à cet architecte laïque le réfectoire de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés et la grande chapelle dédiée à la Vierge et appelée Sainte-Chapelle de Notre Dame, véritable petite église à une seule nef, dans l'enceinte de l'abbaye : ces deux édifices, de style gothique et élevés, le premier, de 1239 à 1244. et le second, vers 1250, furent détruits en 1794. Seule, la porte de la chapelle de Notre-Dame, qui avait été recueillie par Alexandre Lenoir dans le musée des monuments français, existe encore à l'état de morceaux, dans les réserves de la basilique de Saint-Denis. Mais l'oeuvre maîtresse de Pierre de Montreuil est la Sainte-Chapelle du Palais de Justice de Paris, chapelle à deux étages superposés et construite de 1245 à 1248, par ordre de saint Louis (Louis IX) et en vue d'y conserver les reliques de la passion du Christ. La tombe de Pierre de Montreuil, sur laquelle il était représenté tenant une règle et un compas, et la tombe de sa femme Agnès, existaient dans la chapelle de Notre-Dame de l'abbaye de Saint-Germain des Prés, et leurs épitaphes, souvent reproduites, ont été publiées dans l'Histoire de l'Abbaye Saint-Germain des Prés de dom Bouillard. (Charles Lucas). | |
| Montreuil (Gerbert de), poète du XIIIe siècle. Son principal ouvrage est le Roman de la Violette, poème d'environ 6700 vers (octosyllabes à rimes plates), qu'il dédia à Marie, comtesse de Ponthieu, fille de Guillaume III, au service de laquelle il était probablement attaché; il y met en scène l'histoire d'une femme dont la vertu est l'objet d'une gageure et qui, odieusement calomniée, finit, après bien des aventures, par faire reconnaître son innocence, légende, grecque d'origine, qui se retrouve notamment dans le Roman du comte de Poitiers, le conte de Floire et Jeanne, le miracle d'Ot et Bérangier, une nouvelle de Boccace (Décaméron, Il, 9) et la Cymbeline de Shakespeare. Ce poème, par l'élégante facilité du style, le naturel des sentiments, la vérité des descriptions, est une des oeuvres les plus agréables du XIIIe siècle; l'auteur a cru lui donner un attrait de plus en intercalant dans son récit, à l'exemple de celui de Guillaume de Dole, des fragments de chansons courtoises et des chansons à danser se rapportant plus ou moins étroitement à son sujet. Le Roman de la Violette, qui ne nous est parvenu sous sa forme originale que dans trois manuscrits, a été mis en prose au XVe siècle par au anonyme, qui a dédié son oeuvre à Charles Ier, comte de Nevers, qui succéda très jeune à son père Philippe Il en 1414; c'est sur cette version en prose, plusieurs fois imprimée aux XIVe et XVe siècles, que se fonde la version allemande de Mme H. de Chézy, l'opéra d'Eurianthe de la même (musique de Weber, 1823) et l'imitation française du comte de Tressan (Bibliothèque des romans, juillet 1780, t. II). Gerbert de Montreuil est aussi l'auteur d'une longue continuation du Perceval de Chrétien de Troyes. Un Gerbert se donne comme auteur d'un Serventois sur la décadence des moeurs courtoises, mais il n'est nullement certain qu'il soit identique au précédent. (A. Jeanhoy). |
| Montreuil (Eudes de), maître d'oeuvre, sculpteur et ingénieur militaire français, mort à Paris en 1289. Peut-être fils ou parent du précédent, Eudes de Montreuil, après avoir accompagné saint Louis (Louis IX) en Palestine (Les Croisades) où il construisit la citadelle de Jaffa, fit élever à Paris de nombreux édifices, parmi lesquels l'église avec l'hospice des Quinze-Vingts, l'église des Chartreux, l'église des Cordeliers, la chapelle de l'Hôtel-Dieu, l'église de Sainte-Catherine du val des Écoliers, l'église des Blancs-Manteaux et l'église des Mathurins. On attribue aussi à Eudes de Montreuil, qui appartenait encore en 1285 à la maison royale de Philippe III, la construction du portail principal et des premières travées de la nef de l'église de Mantes (Yvelines). E. de Montreuil avait sculpté pour son tombeau un bas-relief où il s'était représenté entre ses deux femmes et tenant de la main droite une équerre; ce bas-relief fut détruit dans l'incendie qui consuma l'église des Cordeliers le 15 novembre 1580. (Charles Lucas). |
| Montreuil ou Montereul (Mathieu de), poète né à Paris en 1611, mort à Aix le 21 août 1691. Secrétaire de D. de Cosnac, évêque de Valence et archevêque d'Aix, greffier de l'université (1690). Ses poésies spirituelles et agréables le rapprochent de Voiture. Son frère Jean de Montreuil, né à Paris en 1643, mort à Paris le 27 avril 1651, servit dans la diplomatie et fut notamment résident en Écosse (1645). Il devint ensuite secrétaire du prince de Conti, et bien qu'il n'eût rien écrit, ou plutôt rien publié, il fit partie de l'Académie française, dès sa fondation. |