| La Maison de Montmorency est une ancienne et célèbre famille de France, remonte à Bouchard Ier, puissant seigneur de Montmorency, au milieu du Xe siècle, qui épousa la fille de Thibaut Ier, dit le Tricheur, comte de Chartres et de Blois. Bouchard Ier eut trois fils, Bouchard Il, continuateur de la maison de Montmorency, Thibaut, surnommé File-étoupe, tige des seigneurs de Montlhéry, et Albéric, seigneur de Villers en Anjou. Les seigneurs de Montmorency étaient qualifiés premiers barons chrétiens et premiers barons de France. Cette maison brille d'un vif éclat dans l'histoire de la royauté française, et a produit un grand nombre de connétables, de maréchaux et d'hommes illustres. Gui, fils du connétable Matthieu II de Montmorency et de sa seconde femme, Emme de Laval, héritière de la maison de Laval, fut la tige de la branche de Montmorency-Laval, fondée en 1230 et éteinte en 1851, dans la personne d'E. A., duc de Laval, qui avait épousé en 1802 M. A. de Béthune de Sully, veuve du comte de Charost, et en 1833 A.-N.-Constance de Maistre, fille de l'illustre comte Joseph de Maistre. Le quinzième descendant de Bouchard Ier, Jean II, seigneur de Montmorency, mourut en 1447, et la branche principale de la maison de Montmorency se subdivisa alors en trois branches. Jean et Louis, nés du premier mariage de Jean II, fondèrent, le premier la branche de Nivelle, puis de Horn, éteinte en 1570, et le second celle de Fosseux, qui, devenue l'aînée de toute la maison en 1570, et ducale en 1632, s'est éteinte en 1862 dans la personne d'A.-L.-Raoul-Victor, duc de Montmorency. Guillaume, issu du second mariage de Jean II, reçut de son père, qui était mécontent de ses deux frères aînés, la baronnie de Montmorency, et fut la tige de la branche en faveur de laquelle cette baronnie fut érigée en duché-pairie, en 1551. Cette branche s'éteignit en 1632. De la branche de Fosseux sont sorties plusieurs autres branches, celle de Lauresse, celle de Wastines, éteinte en 1813, et celles d'Hauteville, de Hallot et de Bouteville. Cette dernière se transforma en branche de Luxembourg, en 1661, par le mariage de François-Henri de Montmorency, comte de Bouteville, avec la dernière héritière de la branche des ducs de Piney de la maison de Luxembourg. - François-Henri de Montmorency. Cette branche s'est éteinte, en 1861, dans le rameau de Montmorency-Luxembourg, par la mort du duc Charles de Luxembourg, ancien capitaine des gardes du corps du roi sous Louis XVIII et Charles X. Elle subsiste (en 1863) dans le rameau de Luxembourg-Beaumont, dans la personne d'A. E. L. J. duc de Beaumont, prince de Luxembourg, né en 1802, et dans celle de son frère A. C. M. H. de Luxembourg, prince de Tingry, né en 1804. Matthieu Ier de Montmorency, cinquième descendant de Bouchard ler, fondateur de la maison de Montmorency, épousa en premières noces Aline, fille naturelle de Henri Ier, roi d'Angleterre, et en secondes noces Adélaïde de Savoie, veuve de Louis VI, roi de France. Il fut connétable de France sous Louis VII, eut part à l'administration du royaume, sous la régence de Suger, pendant l'absence du roi, parti pour la seconde croisade, et mourut en 1160. Matthieu II de Montmorency, surnommé le Grand, petit-fils du précédent, se distingua par sa bravoure en 1214, à la bataille de Bouvines, où il enleva douze aigles impériales. Le roi Philippe Auguste, le voyant tout couvert de blessures, voulut qu'il ajoutât douze alérions à ses armes. Montmorency marcha ensuite contre les Albigeois, fut fait connétable en 1218, et eut le premier, en cette qualité, le commandement des armées. Il continua de se montrer un des premiers hommes de guerre de son temps lorsque Louis VIII entreprit de chasser les Anglais de France et de soumettre les Albigeois. Il servit fidèlement la reine Blanche pendant la minorité de saint Louis, et mourut en 1250, au retour d'une expédition heureuse en Bretagne. Il tenait par ses alliances à tous les souverains de l'Europe. Il fut marié deux fois, et le fondateur de la branche de Montmorency-Laval naquit de son second mariage. Anne de Montmorency, né en 1493, fut élevé avec François Ier, et fit ses premières armes à Marignan en 1515. Héritier de la bravoure de ses pères, il se signala par soit intrépidité à la journée de la Bicoque, où il fut blessé, et fut nommé maréchal en 1522. Fait prisonnier avec le roi à la bataille de Pavie en 1525, et rendu bientôt à la liberté, il devint grand maître de France et gouverneur du Languedoc. Il prit part à l'administration du royaume avec la même habileté qu'il avait montrée sur le champ de bataille et dans les missions diplomatiques dont il avait été chargé. Ses services furent récompensés en 1538 par l'épée de connétable. Mais il fut disgracié, à ce qu'il paraît, pour s'êètre porté garant de la parole donnée et ensuite éludée par Charles-Quint de rendre le Milanais, et il se retira à Chantilly en 1541. Henri II, parvenu au trône en 1547, le rappela à la direction des affaires, et érigea la baronnie de Montmorency en duché-pairie en 1551. Montmorency perdit en 1557 la bataille de Saint-Quentin, et y fut fait prisonnier. Le honteux traité de Cateau-Cambrésis mit fin à sa captivité en 1559. Sous François II, il fut éloigné de la cour par Catherine de Médicis, qui ne l'aimait pas. Il y reparut à l'avènement de Charles IX, et forma un triumvirat avec le duc de Guise et le maréchal de Saint-André. Il fut fait prisonnier encore une fois en 1562, à la bataille de Dreux, qu'il gagna contre les protestants. Il enleva Le Havre aux Anglais en 1563. Il fut blessé mortellement, en 1567, en gagnant sur les huguenots la bataille de Saint-Denis. C'était un homme d'un esprit droit et de moeurs austères. Il eut cinq fils l'aîné, François, fut fait maréchal de France en 1559, en dédommagement de la charge de grand maître de France, qui lui fut ôtée pour être donnée au duc de Guise; le deuxième, Henri, nommé gouverneur du Languedoc en 1563 et maréchal en 1567, fut chef du parti dit des Politiques. Il montra un grand zèle pour le service de Henri IV, qui le fit connétable en 1593, et mourut en 1614. Henri Il, duc de Montmorency, fils de Henri, deuxième fils du connétable Anne de Montmorency, né à Chantilly en 1595, eut pour parrain Henri IV, qui ne l'appelait jamais que son fils. Il fut nommé amiral de France par Louis Xll à l'âge de 17 ans. Il se signala par sa bravoure dans les guerres contre les protestants, et ensuite en Piémont. Vainqueur au combat de Veillane en 1630, il fut fait maréchal de France. Il eut le tort d'accueillir dans le Languedoc, dont il était gouverneur, Gaston, duc d'Orléans, révolté contre le roi Louis XIIl, son frère. Blessé grièvement et fait prisonnier en 1632 dans une rencontre avec les troupes royales à Castelnaudary, il fut conduit à Toulouse, où il fut condamné à mort par le parlement, en 1632. La nation entière, pleine d'admiration pour ses vertus chevaleresques, demanda vainement sa grâce. La politique de Richelieu s'attachait impitoyablement à courber la noblesse sous le sceptre absolu de la royauté, et la plus puissante famille de France vit périr sur l'échafaud le dernier rejeton de sa plus illustre tige. Matthieu-Jean-Félicité, vicomte, puis duc de Montmorency-Laval, issu de la branche de Laval de la maison de Montmorency, naquit à Paris en 1767, entra jeune au service militaire, et fit les campagnes de la guerre d'Amérique. Il en rapporta des idées libérales qui influèrent sur sa conduite, lorsque, nommé député de la noblesse aux états généraux, il siégea à l'Assemblée nationale. Ses opinions se rectifièrent quand il se démarqua des idées qu'il avait adoptées. Obligé de quitter la France, il trouva un asile à Coppet en Suisse chez madame de Staël, avec laquelle il se lia. Rentré en France en 1795, il tourna toutes ses pensées vers la religion chrétienne. Il fut suspect sous Napoléon Ier à cause de ses rapports avec madame de Staël. Nommé en 1814 chevalier d'honneur de la duchesse d'Angoulême, il l'accompagna à Bordeaux et à Gand en 1815. Il fut fait pair de France cette même année par Louis XVIII, et devint ministre des affaires étrangères en 1821. Il représenta la France avec Chateaubriand au congrès de Vérone, fut créé duc, et donna sa démission en 1822, parce qu'il soutenait contre Villèle la nécessité de l'intervention en Espagne. Il fut nommé gouverneur du duc de Bordeaux par Charles X, et mourut subitement, lorsqu'il était en prières dans l'église de Saint-Thomas d'Aquin, le vendredi saint 1826. | |