| Charles de Sainte-Maure, marquis de Salles, puis marquis de Montausier, duc en 1665, né le 6 octobre 1610, mort le 17 novembre 1690. Il était d'une famille de Touraine qui, connue sous le nom de Précigny, avait pris le nom de Sainte-Maure au XIIe siècle et acquis Montausier au XIVe. Il se fit remarquer dès sa jeunesse par un caractère bourru et une gravité précoce. Il fut élevé à l'Académie protestante de Sedan. Il se distingua au siège de Casal en 1630; en 1635, il hérita du titré de son frère aîné, tué à Brisach; nommé maréchal de camp en 1638, lieutenant général en 1645, il resta fidèle au roi durant les troubles de la Fronde; il battit les révoltés à Montendre et délivra Cognac. En 1645, il avait été nommé gouverneur de la Saintonge et de l'Angoumois en remplacement du comte de Galard-Brassac, ancien ambassadeur (1579-1645), marié à sa tante, Catherine de Sainte-Maure (1587-1648), première dame d'honneur de la reine. Montausier, qui avait beaucoup de goût pour les gens de lettres, fréquentait l'hôtel de Rambouillet depuis 1631; il s'y lia avec Guez de Balzac, Ménage, Chapelain, comme plus tard il accorda sa protection à Boileau et à Racine. Il affichait pour Mlle de Rambouillet un amour dont, après quatorze ans, elle couronna la constance. Il se convertit avant de se marier. Il avait eu la galanterie de faire faire pour elle un magnifique album où, sur chaque page, était une fleur dessinées par le peintre Robert; au-dessous de chacune de ces fleurs, l'un des principaux auteurs de l'époque avait écrit un madrigal inédit, transcrit par le calligraphe Jarry : c'est la fameuse Guirlande de Julie. Le manuscrit de cette fameuse Guirlande, après avoir été entre les mains de l'abbé de Rothelin et de M. Rose, fut acheté par le duc de La Vallière quil la transmit à ses héritiers. Une copie en a été publiée en 1784 à Paris par Didot et en 1824 à Montpellier par Amoreux. Montausier se fit, par la brusquerie de ses manières, qu'on qualifiait d'austérité, une grande réputation à la cour de Louis XIV : il aimait beaucoup les cris et les discussions violentes. Tout le monde le reconnut dans le Misanthrope de Molière. Très pieux, il lut la Bible entière un nombre de fois considérable. Ses vertus ne l'empêchèrent pas de tolérer la complaisance de sa femme pour Mme de Montespan. Chevalier des ordres du roi en 1662, il fut chargé, en 1664, d'aller recevoir à la frontière le cardinal Chigi, légat du pape. II fut fait duc et pair en 1665. Il prit part à l'expédition de Franche-Comté (1668). Nommé la même année gouverneur du dauphin, il s'astreignit à ne presque jamais quitter ce prince et s'adjoignit Bossuet et Huet comme précepteurs; par sa dureté, il ne réussit qu'à le rebuter et à le dégoûter de toute étude. C'est sous sa direction que fut entreprise la collection d'éditions latines Ad usum Delphini. En 1679, il quitta ses fonctions et fut nommé premier gentilhomme et grand maître de la garde-robe du dauphin. Fléchier a écrit son Oraison funèbre; c'est un de ses meilleurs morceaux. Garat composa en 1781 un Éloge de Montausier, qui fut couronné par l'Académie française. (L.D). | |
| Julie-Lucine d'Angennes, marquise de Rambouillet et de Pisany, duchesse de Montausier, née en juin 1607, morte le 15 novembre1671, avait été l'une des plus célèbres précieuses. Epouse du précédent, elle était fille du marquis de Rambouillet et de Catherine de Vivonne. Elle avait beaucoup d'esprit, quoique maniéré. Gouvernante des enfants de France de septembre 1661 à septembre 1661, elle fut nommée première dame d'honneur le 1er août 1664; à ce titre, elle n'eut pas les scrupules de Mme de Navailles qui l'avait précédée dans cette charge et ferma les yeux sur les intrigues du roi avec les filles d'honneur dont elle avait la garde. Lorsque Mme de Montespan s'enfuit de la maison de son mari, c'est chez Mme de Montausier qu'elle trouva asile; M. de Montespan lui fit à cette occasion une scène terrible qui scandalisa toute la cour. Le duc et la duchesse de Montausier n'eurent qu'une fille, mariée en 1664 à Emmanuel de Crussol, duc d'Uzès. Une autre branche de la maison de Sainte-Maure-Montausier a produit Léon, comte de Jonzac, lieutenant général, chevalier des ordres (mort en 1677). D'un cousin germain du duc de Montausier, naquit Charles de Sainte-Maure-Montausier, vice-amiral de France en 1703. (L. Delavaud). |