| Giovanni Pico Della Mirandola (Jean Pic de la Mirandole, en Français) est savant italien, né sur le domaine de Mirandola dans le duché de Ferrare, le 24 février 1463, mort à Florence le 17 novembre 1494. Troisième fils de Jean François, seigneur de la Mirandole et de Concordia Il appartenait à une famille noble et riche qui prétendait descendre de Constantin. Dès son enfance, il se distingua par sa mémoire prodigieuse. A l'âge de dix ans, il s'était placé au premier rang des orateurs et des poètes de son temps. A quatorze ans, il vint à Bologne où il consacra deux années à l'étude des Décrétales. Mais ces études d'érudition le dégoûtèrent. C'est de la nature entière qu'il voulait pénétrer les secrets, et il ne prétendait à rien moins qu'à acquérir la science universelle. Dans ce dessein, il voyagea sept ans, parcourant les universités d'Italie et de France et collectionnant une riche bibliothèque. Il savait, outre le grec et le latin, l'hébreu, le chaldéen et l'arabe. Une lettre à Ermolao Barbare, publiée en 1485, montre que contrairement à ses contemporains, il ne sacrifiait pas la scolastique à l'humanisme. Au terme de ces studieuses pérégrinations, il vint à Rome en 1486. C'est là qu'il provoqua les docteurs de tout ordre à discuter publiquement avec lui neuf cents propositions De omni re scibila (Conclusiones philosophicae, cabalisticae et theologicae, Rome, 1486, in-fol.), empruntées à tous les domaines de la philosophie et de la théologie. Personne ne se risqua à disputer contre le célèbre érudit. Mais quelques propositions furent dénoncées comme hérétiques au pape Innocent VIII qui interdit la discussion (bulle du 4 août 1487). Treize de ces thèses furent soumises à une commission spéciale et condamnées. Pico soutenait, entre autres propositions, que le Christ n'est pas réellement descendu aux enfers mais seulement quoad effectum, qu'un péché mortel limité dans le temps ne comporte pas un châtiment éternel, qu'aucune science mieux que les sciences magique et cabalistique n'est propre à prouver la divinité de Jésus-Christ, etc. Pour se défendre, il écrivit en hâte son Apologia (1489, in-fol.), dédiée à Laurent de Médicis, chef-d'oeuvre d'argumentation subtile. Pico dut attendre jusqu'en 1493 la bulle d'Alexandre VI qui l'acquittait du chef d'hérésie. Averti par la persécution, il renonça à toute étude autre que la littérature sacrée et brûla la plupart de ses poésies de jeunesse. Il quitta Rome et se rendit à Florence où l'attiraient les noms de Politien et de Marsile Ficin. Ses dernières années furent consacrées aux pratiques de dévotion. Un an avant sa mort, il donna tous ses biens aux pauvres. Il se proposait de parcourir le monde pieds nus en prêchant la parole de Dieu. Mais la fièvre l'enleva à l'âge de trente et un ans. Savonarole fit revêtir son cadavre de l'habit de l'ordre des frères prêcheurs dans lequel Pico avait ardemment désiré entrer. - Pic de la Mirandole. Pic de la Mirandole avait encore écrit : Heptaplus, id est de Dei creatoris opere (1489), traduit en français par Nicolas Le Fèvre de la Borderie (Paris, 1578, in-fol.), ouvrage singulier dans lequel l'auteur, avec une subtilité poussée jusqu'à l'extravagance, cherche à résoudre le problème sur lequel toute la scolastique du Moyen âge avait échoué, la réconciliation de la théologie et de la philosophie. Il y interprétait le récit biblique de la création an moyen de la cabale et du néo-platonisme. Le De Ente et Uno opus, in quo plu, rimi loti in Moise, Platone et Aristotele explicantur (1491), est une tentative de conciliation entre Platon et Aristote. Le commentaire en trois livres : Sopra una canzone dello amore celeste e Divino composta di Girolamo Benivieni (date incertaine, réédité à Florence, 1519, in-8, Venise, 1521, in-8, dernière édition 1734), est une insupportable dissertation sur l'amour, suivie d'une analyse vers par vers du poème de Benivieni. On a publié après sa mort : Aureae ad familiares epistolae (Paris, 1499, in-4; Venise, 1529, in-8; 1682, in-8); une poésie latine, Elegia deprecatoria ad Deum (Paris, 1620, in-4). Le neveu de Pico, Giovanni-Francesco Pico, a publié les oeuvres complètes de son oncle (Bologne, 1496, in-fol. ; Venise, 1498, in-fol. ; Strasbourg, 1504, in-fol. ; Bâle, 1557, 1573, 1601, in-fol.), avec une notice biographique. Cette dernière fut traduite en anglais en 1510 par Thomas More, en même temps que quelques lettres et poèmes. Cette traduction a été réimprimée à la suite d'une étude de J. Rigg sur Pico (Londres, 1890, in-4). On a aussi retrouvé quelques sonnets italiens de Pico. La seule originalité de ce savant est d'avoir été un véritable scolastique en pleine floraison de l'humanisme. Il est plein des écrivains sacrés, autant que des Grecs et des Latins, et dépasse en subtilité les plus serrés des disputeurs du Moyen âge. Mais ce riche esprit n'a, en fait, rien produit. Il ne manquait pas de sens philosophique, mais la méthode qui organise le savoir lui a totalement manqué. (Th. Ruyssen).- | |