| Milon (Titus Annius Papianus Milo), célèbre agitateur romain, né à Lanuvium, dans le Latium, mort près de Thurii (Lucanie) en 48 av. J.-C. Il était fils de plébéiens obscurs, C. Papius Celsus et Annia. Sa jeunesse fut vraisemblablement très orageuse, car, lorsqu'il parut sur la scène publique, il était criblé de dettes. Sans nom, sans passé, sans talent, mais d'un orgueil et d'une ambition démesurés, il convoita, pour se tirer d'embarras, quelque magistrature lucrative et, comme il fallait débuter par le tribunat, chercha auprès du parti oligarchique (les optimates) l'appui nécessaire, en mettant son audace et une bande de gladiateurs qu'il avait embauchés au service de Cicéron, dont Pompée venait de se rapprocher (58), mais que continuait à poursuivre, dans son exil, la haine implacable du démagogue P. Clodius. Celui-ci avait, lui aussi, ses mercenaires et était soutenu en outre par la populace. Il y eut une série de rencontres; mais Milon, justifiant son surnom, cher alors aux gladiateurs, sut conserver l'avantage le jour des comices; il se rendit maître du Forum, fut élu tribun (57), et, le 4 août, fit voter, par les mêmes moyens, le rappel de Cicéron. La même année, il épousa la fille de Sylla, Fausta, que, peu après, raconte-t-on, il surprit en adultère avec l'historien Salluste. Cependant la lutte continuait dans Rome, où aucun des partis n'avait désarmé; les émeutes succédaient aux émeutes et chaque jour le sang coulait, tandis que, également impudents, Milon et Clodius, les auteurs de tous les attentats, s'accusaient mutuellement de violences et de brigandages et invoquaient l'un contre l'autre les interdits de vi armata. L'année 53 fut particulièrement terrible. Milon briguait le consulat, Clodius la préture. Acharnés à empêcher leur élection réciproque, ils faisaient, à chaque réunion des comices; disperser l'assemblée par leurs mercenaires et cette ère d'anarchie aurait peut-être encore longtemps duré si Milon, en se rendant à Lanuvium, ne s'était rencontré, sur la voie Appienne, avec Clodius, accompagné d'une faible troupe. La sienne était très supérieure, il assaillit son rival et le fit égorger (20 janvier 52). A la nouvelle du meurtre, la populace romaine se souleva; le sénat la fit refouler, puis une réaction se produisit, et Milon qui, un instant indécis, avait repris courage, allait peut-être se voir élire consul, lorsque Pompée, qui en avait pris ombrage, se fit conférer par le sénat un sorte de dictature (25 février) et fit rendre aussitôt trois lois dirigées contre Milon. Malgré Cicéron, malgré les optimates, celui-ci fut mis en jugement (4 avril). Cicéron, effrayé par l'appareil militaire qu'avait déployé Pompée, ne sut prononcer que quelques mots. Milon, déclaré coupable, s'exila de luimême à Marseille, où il reçut quelque temps après de Cicéron la magnifique harangue (pro Milone) qui l'eût peut-être fait absoudre, mais que l'illustre orateur ne composa malheureusement qu'après coup, dans le silence du cabinet. Rome ne pouvait, il est vrai, que gagner à cet éloignement. Du reste, il se prolongea. En 49, Milon, qui avait laissé un million de dettes et dont les biens avaient été vendus, fut exclu de l'amnistie générale. En 48, il profita de la préture d'un de ses amis, Coenus, pour se faire rappeler. Mais tous deux tentèrent, en l'absence de César, de soulever en faveur de Pompée le Samnium et le Bruttium, et Milon, poursuivi en Lucanie par le préteur Q. Pedius, périt obscurément sous les murs d'une petite ville, près de Thurii. (L. S.). |