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La mer de Marmara
(Propontide des Anciens) est petite une mer intérieure comprise
entre l'Europe et l'Asie,
reliant la Mer Noire et la Méditerranée
par l'intermédiaire des détroits du Bosphore
et des Dardanelles.
Elle mesure, de Gelibolu (anc. Gallipoli) à Körfez (Izmit),
280 km de long sur 80 de large; sa superficie est de 11,650 km² dont
182 pour les îles; la profondeur y atteint 1300 m. La température
de l'eau varie de +7°C en hiver à +
22°C en été. A l'Est, elle forme
le golfe d'Izmit; au Sud-Est, celui de Moudania.
- Cartes de la mer de Marmara. Cliquer pour afficher une carte plus détaillée. Les îles de la mer de MarmaraLa principale île est celle de Marmara, l'ancienne Proconèse, qui a donné son nom à la mer.Les autres îles de la mer de Marmara sont : à l'Est, les admirables îles des Princes (Büyukada-Maden, Sedef Adasi-Maden, Heybeliada, Burgazada, Kinaliada); plus à l'Ouest : Imrali; au Sud de l'île de Marmara : Ekinlik, Türkeli Adasi, Pasalimani; l'ancienne île d'Arktonnesos, voisine de Cyzique, est aujourd'hui reliée au continent et forme la presqu'île d'Erdek (ou du Kapidag), dominée par le Kapidag (ancien Dindyme), haut de 800 m. (A.-M.B.).Voici, selon Pline, quelles sont les îles de la Propontide. « En face de Cyzique, Élaphonnesus, d'où vient le marbre de Cyzique, appelée aussi Nébris et Proconnesus; puis Ophiuse, Acanthus, Phoebé, Scopelos, Porphyrione, Halone avec une ville; Delphacia, Polydora, Astacaeon, avec une ville; en face de Nicomédie, Demonnésos; au delà d'Héraclée, en face de la Bithynie, Thynias, que les barbares appellent Bithynia; Antiochia en face de l'île du Rhyndacus, Besbicus, de dix-huit mille pas de tour; Élaea, les deux îles Rhodussa, Érébinthodes, Mégalé, Chalcitis, Pityodes. » (Pline, V, 44)Marmara (île de Proconnèse). De toutes ces îles, dont plusieurs sont aujourd'hui inhabitées, oubliées et sans nom, la plus considérable est l'ancienne Proconnèse, que l'on appelle maintenant Marmora ou Marmara (130 km²), fertile en vignes, oliviers, blé. Scylax distingue Proconnèse d'Elaphonète, île voisine, plus petite et plus rapprochée de la côte. Strabon signale deux Proconnèses, l'ancienne et la nouvelle, mais on ne sait pas bien s'il entend parler de deux villes ou de deux îles différentes. Quoi qu'il en soit, l'île actuelle de Marmara est située à l'entrée de la Propontide, à qui elle a donné aujourd'hui son nom, et se présente sur la droite au navigateur qui débouche des Dardanelles, comme une masse de rochers escarpés. Cette île est assez fertile, mais peu habitée. Elle était renommée dans l'Antiquité pour ses abondantes carrières de marbre, qui fournirent à la construction de tant d'édifices, et d'où ou tira tout le marbre qui fut employé dans les monuments de Constantinople (Istanbul). Au VIIe siècle avant l'ère chrétienne, Proconnèse reçut une colonie milésienne, comme toutes les villes des côtes voisines, Cyzique, Priapus, Abydos, Percote, etc. Plus tard elle fut occupée par une colonie athénienne, dont l'établissement nous est attesté par le grand Etymologue. Après la répression de la révolte des Ioniens, Proconnèse fut prise et brûlée par les Phéniciens de la flotte de Darius. Après Les Guerres médiques, elle fit partie de l'empire maritime des Athéniens; mais son histoire se perd au milieu des événements généraux de l'histoire grecque. Proconnèse est le lieu de naissance d'Aristée, poète épique qui avait voyagé chez les Scythes et qui avait composé un poème en trois livres sur la guerre des Arimaspes avec les Gryphons, peuples du Nord de l'Europe au sujet desquels Aristée débita et accrédita beaucoup de fables. « Aristée de Proconnèse, fils de Caystrobius, dit Hérodote, écrit, dans son poème épique, qu'inspiré par Phébus, il alla jusque chez les Issédons; qu'au-dessus de ces peuples on trouve les Arimaspes, qui n'ont qu'un oeil; qu'au delà sont les Gryphons qui gardent l'or [...].Ce n'est pas tout, trois cent quarante ans après cette seconde disparition, Aristée vivait encore, et Hérodote retrouva la trace de son passage chez les Grecs d'Italie. « Les Mélapontins routent, dit-il, qu'Aristée leur ayant apparu leur commanda d'ériger un autel à Apollon, et d'élever près de cet autel une statue à laquelle on donnerait le nom d'Aristée de Proconnèse; qu'il leur dit qu'ils étaient le seul peuple des Italiotes qu'Apollon eût visité; que lui-même, qui était maintenant Aristée, accompagnait alors le dieu sous la forme d'un corbeau, et qu'après ce discours il disparut. Les Métapontins ajoutent qu'ayant envoyé à Delphes demander au dieu quel pouvait être ce spectre, la Pythie leur avait ordonné d'exécuter ce qu'il leur avait prescrit, et qu'ils s'en trouveraient mieux; et que sur cette réponse, ils s'étaient conformés aux ordres qui leur avaient été donnés. On voit encore maintenant sur la place publique de Métaponte, près de la statue d'Apollon, une autre statue qui porte le nom d'Aristée, et des lauriers qui les environnent. Mais en voilà assez sur Aristée. »Ce fut pendant le Moyen âge que Proconnèse prit le nom de Marmara ou Marmora, qu'elle donna aussi à la Propontide. On a pensé qu'elle fut ainsi appelée à cause de ses carrières de marbre. Selon d'autres, ce nom lui vint de Georges Marmora, prince de la famille des Comnènes, à qui la souveraineté de Proconnèse fut concédée en 1224 par Emmanuel Comnène, despote et duc de la Morée. Les lettres patentes contenant cette investiture méritent d'être rapportées. En voici la traduction telle qu'on la trouve dans le livre de Dapper (Description de l'Archipel). Emmanuel Comnène, par la grâce du Dieu tout-puissant duc du Péloponnèse, despote de Romanie et défenseur de l'empire des Grecs :
Selon Dapper, il y avait de son temps (XVIIe siècle) dans l'île de Marmara plusieurs couvents et ermitages qui auraient pu bien passer en Europe pour des abbayes et des prieurés. Ces couvents et ces ermitages étaient habités par des caloyers qui y observaient une discipline fort rigoureuse. Îles voisines
de Marmara.
Avésia, qui est la plus grande après Marmara. Elle a une ville principale du même nom, et deux autres bourgs, dont l'un s'appelle Aloni et l'autre Arabkioi, c'est-à-dire le bourg des Arabes, parce qu'il n'est habité que par des Arabes ou du moins par leurs descendants. Avésia doit être l'île Halone de Pline; elle est située à l'ouest de la presqu'île de Cyzique, en face d'Artaki. Elle est désignée sur plusieurs cartes sous le nom d'île Liman-Pacha. Coutalli, à l'ouest de la précédente, est d'une médiocre grandeur; elle a nu village du même nom. Gadaro, qui est la plus petite de toutes, a plusieurs villages et lieux habités, avec quelques couvents de caloyers. On y trouve en abondance du blé, du vin, des fruits, du coton, du bétail et des pâturages; la pêche y est aussi fort abondante. Cette mer entretient une grande quantité de poissons , dit Dappe; ce qui est un grand avantage pour les Turcs et pour les Grecs, qui se nourrissent beaucoup plus de poisson que de chair. On voit en été une grande quantité de ces poissons, et surtout de marsouins et de dauphins, nager par troupes au travers de la mer de Marmara pour se rendre dans la mer Noire, d'où ils reviennent pour passer l'hiver dans la mer de Marmara et la mer Egée. Plus loin, vers l'Est, l'on trouve l'île anciennement appelée Besbicus, aujourd'hui Kalolimni ou Calonimi. Pline la place à l'embouchure du Rhyndacus, et lui donne dix-huit mille pas de tour. Elle est vis-à-vis le cap Bouz-Bouroun, autrefois Posidium, qui sépare les deux golfes de Moudania et d'Ismid, autrefois golfe de Cia et golfe de Nicomédie. La mer jette sur les rivages de cette île et sur les côtes voisines une matière légère comme de l'écume, qu'on vendait fort cher à Venise et en plusieurs autres endroits. On trouve aussi cette écume de mer dans les îles voisines du détroit des Dardanelles, et les habitants d'Imbros et de Lemnos, toujours d'après Dapper, l'appellent en langue vernaculaire arkeli. Îles des
Princes.
Des hauteurs de Galata, du Champ des Morts par exemple, les îles des Princes terminent fort agréablement un point de vue admirable; et quoique placées une cinquantaine de kilomètres de distance, on les aperçoit distinctement. Elles sont au nombre de quatre principales, entourées d'autres petits îlots, qu'on ne voit pas de là. Proté, la première, appelée Tinaki par les Turcs, est couverte de bruyères et sans culture. Elle a environ trois milles de tour; son port est comblé, et la ville ainsi que deux monastères sont détruits. L'île a deux hauteurs, l'une au Nord, l'autre au midi. On y voit encore deux larges citernes, qui étaient à l'usage des couvents. Plus bas, vers le sud , sont les îlots
d'Oxya et de Platys. Oxya est un rocher pointu, plus élevé
que les collines d'Istanbul , et inaccessible dans la plus grande partie
de sa circonférence. On y voit des citernes, des traces d'antique
habitation; certains empereurs y construisirent un château, qui leur
servit plus d'une fois de retraite dans les troubles de leur capitale.
On y pêche en abondance des huîtres fort délicates.
L'île Antigoni est presque aussi stérile que Proté, elle est formée de rochers, qui sont couverts d'arbousiers, de romarins et du lada ou sestus, qui porte la gomme appelée ladanum. On y voit, sur une hauteur, des ruines considérables, parmi lesquelles on distingue des arcades et le dôme d'une grande église. Plus loin on trouve Kalké, anciennement Chalcitis, ainsi nommée à cause d'une mine de cuivre autrefois en grande estime pour la qualité du métal. Selon Aristote, il y avait dans le temple d'Apollon à Sicyone une statue faite de ce métal. Étienne de Byzance appelle cette île Démonésus, nom que quelques-uns donnent à tout le groupe, et il dit qu'on y trouve du borax, de l'or et le coronarium, qu'on employait beaucoup en collyre pour les yeux. Pierre Gilles, voyageur français qui visita le Levant par l'ordre de François ler, dit avoir vu à Kalké de grands morceaux de scories de cuivre et de borax, et conjecture qu'avec un examen attentif on retrouverait la mine d'or dont les anciens font mention. L'île de Kalké a trois grands monastères, qui étaient encore très florissants à la fin du XVIIIe siècle. Une température délicieuse, des vues variées à l'infini et toujours pittoresquesn étaient des motifs suffisants pour y attirer beaucoup de Grecs riches, qui venaient y habiter de fort beaux appartements dans les bâtiments des couvents, pendant le printemps et l'été. C'est dans cette île que l'empereur Manuel passait l'été avec sa nièce Théodora. L'abbé Sévin visita ces monastères en 1729 pour y rechercher des manuscrits; et quoiqu'il en ait trouvé plus de deux cents, aucun n'avait trente feuilles entières de suite. De la montagne où est situé le monastère de la Sainte-Trinité, on a une vue admirable sur la mer, terminée par tout l'ensemble d'Istanbul et du rivage opposé. La beauté de ce spectacle, surtout au coucher du soleil, est, dit Dallaway, au-dessus de toute expression par le discours et du pouvoir même du plus riche et du plus heureux pinceau. Près du grand monastère de Panagia, on remarque la tombe de sir Édouard Barton, le premier ambassadeur anglais à la Porte, envoyé par la reine Élisabeth Ire, qui mourut dans cette île, le 25 décembre 1597, à l'âge de trente-cinq ans. Dapper a re produit son épitaphe. Prinkipo est la plus grande des îles
de ce groupe et la plus éloignée vers le
Au commencement du XVIIIe siècle, sous Ahmet III, le vizir DjinAli-Pacha, homme violent, proposa d'obliger tous les ministres étrangers à faire leur résidence dans les îles des Princes, au lieu d'habiter Péra; mais il ne put remporter sur leur résistance. C'est avec des vues plus nobles et plus utiles que Raghib-Pacha, vizir de Mustapha III (1757), avait formé le projet d'établir un lazaret à Antigoni, où l'on aurait envoyé les malades attaqués de la peste, pour affaiblir les ravages de cette terrible maladie à Constantinople. Sa mort en 1765 a empêché l'exécution de ce plan. Par la suite les îles des Princes sont très fréquentées par les étrangers établis à Istanbul, qui y vont de temps en temps s'y divertir, ou s'y reposer du tracas des affaires. Tous les voyageurs s'empressent de visiter ce petit archipel, si gracieusement encadré entre les côtes de l'Europe et de l'Asie. Les roches Cyanées.
Ces deux groupes de rochers sont très rapprochés de chacun des deux continents, et sont séparés par un assez large intervalle, de sorte que s'ils offrent quelques dangers, ils ne sont pas un obstacle à la navigation. Les Cyanées d'Asie, qui sont près du Fanal, ne sont autre chose que les pointes d'une île ou d'un écueil séparé de la terre ferme par un petit détroit, lequel reste à sec quand la mer est calme et se remplit d'eau à la moindre bourrasque. Alors , dit Tournefort (Voyage au Levant, II), on ne voit que la pointe la plus élevée de l'écueil, les autres étant cachées sous l'eau, et c'est ce qui rend ce passage si difficile. Aussi le roi Phinée, que les Argonautes avaient délivré des harpies et qui leur donna une généreuse hospitalité, conseilla-t-il à Jason de ne passer à travers les Cyanées que par un beau temps : « Autrement, disait-il, votre navire Argo se briserait, fût-il de fer. »Malgré ces avertissements, les Argonautes coururent de grands risques dans ce passage. Leur vaisseau s'accrocha si fort sur ces rochers, qu'il fallut qu'Athéna descendît du ciel pour le pousser de la main droite dans l'eau, tandis qu'elle s'appuyait de la gauche contre les parois du rocher. Dans les fictions des poëtes, les
Cyanées n'offrent pas seulement les dangers des écueils ordinaires,
qui est de briser les navires que le vent ou les courants leur jettent.
Comme on les supposait flottant sous les eaux; ou se promenant le long
des côtes, s'entre-choquant les uns les autres, ce qui les avait
fait nommer Symplégades, il était presque impossible d'éviter
leur rencontre, et elles inspiraient un indicible effroi aux navigateurs.
Cette tradition sur la mobilité des Cyanées, qui devinrent
fixes après le passage des Argonautes,
peut n'être qu'un embellissement de le poésie, ou une exagération
des marins, qui aiment à en conter sur ce qu'ils ont vu et éprouvé,
ou bien le souvenir altéré de quelque révolution physique
qui aura pu remuer et déplacer ces écueils. Il y a encore
beaucoup d'autres explications probables. Voici celle de
« La fable, dit-il, rapporte que les Cyanées se heurtaient l'une l'autre : c'est que, séparées par un intervalle étroit , on ne les voit distinctes que de face en entrant dans le Pont-Euxin, et qu'elles semblent s'être réunies pour peu que les yeux aient pris une direction oblique. »Tournefort a une autre manière de se rendre compte de la fiction des poètes tout cela était fondé, selon ce voyageur, sur ce qu'on voyait paraître et disparaître les pointes de ces rochers, suivant que la mer les couvrait dans la tempête ou les laissait voir dans le calme. On ne publia qu'ils s'étaient fixés qu'après le voyage de Jason, parce qu'apparemment on les cotoya de si près, qu'on reconnut enfin qu'ils n'étaient pas mobiles. Les îles Cyanées d'Europe, de même que celles d'Asie, ne sont proprement qu'une île hérissée, dont les pointes paraissent autant d'écueils séparés lorsque la mer est fort agitée. Le bras de mer qui est entre cet îlot et le fanal d'Europe n'est que de trois cent cinquante pieds. Il est souvent à sec. Sur la plus haute des cinq pointes de cet écueil s'élève une colonne à qui on a donné sans raison le nom de Pompée. On reconnaît facilement que la base et le fût n'ont pas été faits l'un pour l'autre. La colonne a douze pieds de haut et se termine par un chapiteau corinthien. Quoique sur la base on lise cette inscription : CAESARI AUGVSTO E. CL. ANNIDIVS L. F. CLA FRONTO.ce n'est pas une raison suffisante de croire que ce monument était primitivement consacré à Auguste. Denys le Périégète nous apprend que les Romains avaient consacré sur les Cyanées un autel à Apollon. La forme de cette base, ses ornements qui sont des festons de laurier et des têtes de bélier, conviennent mieux à un autel qu'à un piédestal de colonne. Ce n'est que plus tard que ce monument aura changé de destination, et qu'il aura été surmonté d'une colonne élevée en l'honneur d'Auguste. Les poètes, comme Apollonius de Rhodes, Valerius Flaccus, Lucain, Martial , Ovide, ne voient dans les Cyanées ou les Symplégades que des rochers, concurrentia saxa. Les géographes, Strabon, Pline, Denys le Périégète, les appellent des îles; ce qui est également juste, selon le sens que l'on veut donner à ces deux dénominations. (L. Lacroix). |
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