Herman Melville

La vie de Melville.
Herman Melville est issu d'une une famille bourgeoise. Son père, Allan Melville, était un homme d'affaires qui connut des difficultés financières et mourut prématurément en 1832. Après la mort de son père, Melville dut interrompre ses études pour subvenir aux besoins de sa famille. Il travailla comme commis et instituteur avant de se tourner vers la mer. En 1839, Melville s'engagea comme matelot sur un bateau marchand, ce qui marqua le début de son lien avec la mer, qui allait profondément influencer son écriture. En 1841, il s'embarqua sur un baleinier, l'Acushnet, pour une expédition qui dura plusieurs années. Cette expérience maritime, riche en aventures et en découvertes, allait fournir la matière de plusieurs de ses premiers romans.

Melville débuta sa carrière littéraire en s'inspirant de ses voyages en mer. Son premier roman, Typee (1846), est un récit semi-autobiographique qui relate son séjour parmi les indigènes des îles Marquises, après s'être enfui d'un baleinier. Ce livre connut un succès immédiat et fut suivi par Omoo (1847), une suite de Typee basée sur ses expériences à Tahiti. Ces premiers romans furent bien accueillis par le public et lui valurent une certaine notoriété.

En 1851, Melville publia son chef-d'oeuvre, Moby Dick, un roman complexe et philosophique qui explore la lutte entre l'homme et la nature à travers l'histoire du capitaine Achab et sa quête obsessionnelle pour tuer le grand cachalot blanc, Moby Dick. Le livre fut mal reçu par la critique et le public à sa sortie. Les lecteurs s'attendaient à un roman d'aventure classique, mais Moby Dick allait bien au-delà, avec des thèmes métaphysiques, des digressions sur la chasse à la baleine et une structure narrative audacieuse. Le rejet de Moby Dick fut un coup dur pour Melville, qui voyait déjà ses ventes décliner. Ses oeuvres suivantes, comme Pierre ou les Ambiguïtés (1852), furent également des échecs commerciaux et critiques. En dépit de ces échecs, Melville continua à écrire, mais se tourna progressivement vers des poèmes et des récits plus courts.

Face à l'échec commercial de ses oeuvres, Melville dut trouver des moyens de subsistance. En 1866, il accepta un poste d'inspecteur des douanes à New York, qu'il occupa pendant près de 20 ans. Il continua d'écrire, notamment de la poésie, mais son travail ne recevait que peu d'attention. Il mourut le 28 septembre 1891 dans une relative obscurité. À sa mort, il laissait inachevé un roman, Billy Budd, marin, qui ne fut publié qu'en 1924. Ce livre, avec d'autres de ses oeuvres, contribua à la redécouverte de Melville au début du XX^e siècle, période où ses écrits furent réévalués par la critique. Mais avant cela, des auteurs tels que William Faulkner, Joseph Conrad et même des philosophes comme Albert Camus se sont inspirés de ses romans. Son analyse des profondeurs de l'esprit humain et sa réflexion sur la société, la nature et l'obsession ont marqué des générations d'écrivains. Aujourd'hui, Melville est reconnu comme l'un des plus grands écrivains américains, et Moby Dick est considéré comme un roman fondamental de la littérature mondiale. 

Moby Dick.
Moby Dick, publié en 1851, est un récit épique qui aborde de nombreux thèmes complexes à travers l'histoire du capitaine Achab et sa quête obsessionnelle pour traquer un grand cachalot blanc nommé Moby Dick. 

Le roman est raconté par un jeune marin nommé Ishmaël, qui s'engage à bord du Pequod, un baleinier commandé par le capitaine Achab. Ishmaël, d'abord attiré par la mer par soif d'aventure, découvre bientôt que le Pequod n'est pas un simple bateau de pêche à la baleine. Le capitaine Achab, mystérieux et obsédé, révèle rapidement que son objectif principal n'est pas la chasse à la baleine ordinaire, mais de trouver et de tuer une créature bien spécifique : Moby Dick, une baleine blanche gigantesque.

Moby Dick avait autrefois attaqué le navire d'Achab, lui faisant perdre une jambe. Depuis lors, Achab est habité par une rage irrationnelle et une obsession vengeresse de tuer la baleine, qu'il perçoit comme une incarnation du mal. Au fil de leur voyage, Achab devient de plus en plus consumé par cette quête, au mépris des avertissements de son équipage et des dangers évidents. Finalement, lorsque le Pequod croise Moby Dick, une bataille féroce s'ensuit. Le roman se termine tragiquement : le Pequod est détruit, Achab est tué, et seul Ishmaël survit pour raconter l'histoire. 

Thèmes principaux.
Le roman décline plusieurs thèmes, parmi lesquels :

• L'obsession et la folie. - Le personnage du capitaine Achab incarne l'obsession dévorante. Sa quête de vengeance contre Moby Dick va au-delà de la simple revanche; elle devient une croisade personnelle qui le pousse à défier la nature, la raison et même Dieu. Cette obsession conduit non seulement à sa propre destruction, mais aussi à celle de son équipage.

• Le mal et l'inconnu. - Moby Dick, la baleine blanche, représente pour Achab un mal absolu. Cependant, le roman explore l'idée que le mal est souvent perçu de manière subjective. Est-ce la baleine qui est maléfique, ou est-ce l'obsession d'Achab qui en fait une telle créature? Melville utilise la figure de Moby Dick pour symboliser l'inconnu et l'insondable, la force de la nature que l'humain e ne peut contrôler ni comprendre.

• L'humain contre la nature. - Moby Dick décrit la lutte de l'humain contre la nature dans sa forme la plus brute. La mer, omniprésente dans le roman, est un personnage à part entière, symbolisant l'immensité, la puissance et l'indifférence de la nature. La lutte entre Achab et la baleine incarne cette opposition, dans laquelle la nature finit par triompher de l'arrogance humaine.

• La camaraderie et la diversité. - Le Pequod est un microcosme de l'humanité, avec un équipage international composé de personnages issus de cultures et d'origines diverses. Melville met en scène des relations d'amitié et de camaraderie entre ces hommes, notamment entre Ishmaël et Queequeg, un harponneur polynésien. À travers ces interactions, l'auteur dépeint la diversité humaine et les relations interculturelles.

• Le destin et la fatalité. - Tout au long du roman, Achab semble destiné à rencontrer sa fin tragique. Le roman abonde en symboles de présages, de rêves prophétiques et de superstitions qui renforcent l'idée que son sort est scellé. La lutte entre la volonté humaine et une force inévitable est centrale dans Moby Dick, avec Achab comme figure tragique.

Certaines des digressions les plus notables concernent la baleine elle-même. Melville consacre de longs passages à la classification des espèces de baleines, à des observations sur leur comportement, et à des réflexions métaphysiques sur la nature de l'animal. Ces sections, bien que déroutantes pour certains lecteurs, participent à la construction de l'univers symbolique du roman.

Symbolisme de Moby Dick.
La baleine blanche, Moby Dick, est sans doute l'un des symboles les plus célèbres de la littérature. Elle peut être interprétée de plusieurs manières : pour Achab, elle est l'incarnation du mal et de la souffrance qu'il a subies. Pour d'autres, elle représente la nature dans toute sa puissance et son mystère. Moby Dick peut aussi symboliser Dieu, le destin ou l'infini, des concepts que l'humain ne peut ni comprendre ni maîtriser.