| Tommaso di Giovanni Guidi, Tommaso Cassai, ou, selon les sources, Tommaso di Ser Giovanni di Mone (?), dit Masaccio est un peintre italien, né à Castel Giovanni, dans le val d'Arno, en 1402, mort en 1429. Les débuts de ce maître, dont la carrière devait être si courte, mais si brillante, et dont l'oeuvre inaugura une ère nouvelle dans l'histoire de la peinture italienne, furent singulièrement précoces. On croit qu'il se forma à l'école de Masolino da Panicale, et, ce qui n'est pas douteux, c'est que leurs deux existences furent étroitement unies : le nom de Masolino a été bien souvent prononcé à côté du sien, et maintes fois les critiques ont confondu leurs ouvrages. Masaccio avait tout au plus dix-neuf ans lorsqu'il se fit inscrire à la corporation des Speziali, dont faisaient partie ensemble des ouvriers, des marchands, des apothicaires et des artistes, et qui avait compté Orcagna parmi ses membres. Puis, l'on perd sa trace, durant une période de trois ans : du 7 janvier 1424, date de son affiliation aux Speziali, jusqu'à son entrée (1424) dans l'association des peintres de Florence, que devint le jeune artiste? Il est assez probable qu'il se rendit à Rome : certaines fresques d'une chapellede la basilique Saint-Clément, oeuvres de sa jeunesse sans doute, paraissent l'attester : elles représentent d'une part le Christ crucifié entre les deux larrons, et, sur le mur opposé, l'Histoire de sainte Catherine; et déjà la recherche du dessin vrai, de l'anatomie exacte, de la composition savamment ordonnée, y éclatent, en même temps qu'une aspiration bien marquée vers la nature et la réalité, regardées sans parti pris. Depuis plus d'un siècle, à force de jurer sur la parole du maître, les « Giottesques » ne faisaient plus que répéter fastidieusement les mêmes types et les mêmes gestes : il appartenait à Masaccio de doter de ressources nouvelles, inconnues à ses devanciers, la peinture de son temps. De retour à Florence, il trouva bien vite un digne emploi de ses brillantes facultés. Les recherches de Gaetano Milanesi ont établi qu'à partir de 1425 Masaccio fut appelé à continuer, dans l'église des Carmes, la décoration de la chapelle des Brancaccci, commencée deux ans auparavant par Masolino da Panicale. Ici se pose une question souvent débattue : quelle est exactement la part de Masaccio dans les fresques de cette chapelle, et quelle est celle qui revient à son maître? Que notre artiste ait exécuté les peintures qui ont pour sujet : Adam et Eve chassés du paradis, Jésus commandant à saint Pierre de payer le tribut, un des groupes de la Résurrection du fils du roi, Saint Pierre assis dans la chaire et les trois autres fresques où l'on voit le même saint guérissant les malades avec son ombre, baptisant les nouveaux chrétiens, distribuant des aumônes aux pauvres, - c'est ce que nul n'a jamais contesté. Mais ne convient-il pas de faire à notre artiste une part encore meilleure dans cette vaste décoration, d'une importance si capitale pour l'histoire de l'art italien? Nous n'oserions l'affirmer, et c'est, semble-t-il, à Masolino que reviendrait l'honneur d'avoir peint Adam et Eve sous l'arbre du fruit défendu, la Prédication de saint Pierre, plus un grand compartiment qui comprend deux parties : Saint Pierre guérissant le boiteux et la Résurrection de Tabitha. D'autres fresques sont dues à un troisième collaborateur, Filippino Lippi. - Adam et Eve chassés du Paradis, par Masaccio. Masaccio travailla aux fresques de l'église des Carmes jusqu'en 1427. Il a laissé encore une peinture placée à Santa Maria Novella : le Christ crucifié avec la Vierge et saint Jean l'Évangéliste; mais cet ouvrage a beaucoup souffert des injures du temps. Néanmoins, il est impossible de ne pas être frappé, en l'examinant, de la beauté de l'encadrement architectural : preuve évidente que ce réaliste acharné, ce naturaliste convaincu était capable de rendre hommage à la supériorité de l'architecture antique dont Brunellesco lui avait révélé les mérites, comme Donatello lui avait ouvert la voie de l'observation exacte et des investigations sincères. Quant aux peintures du Carmine, elles ont été comme une école ou tous les peintres du XVe siècle sont venus chercher une leçon, où trouver des figures nues qui offrent une correction plus parfaite, un relief plus saisissant, un sentiment plus net de la réalité vivante, que le groupe d'Adam et Eve chassés du paradis? et quel maître avant Raphaël sut témoigner d'une science plus accomplie, d'une méthode de composition plus habile et plus naïve à la fois que l'auteur de la fresque qui met en action, au milieu d'un vaste paysage, le Christ ordonnant à saint Pierre de payer le tribut? L'ardent rénovateur ne termina past les peintures de la chapelle Brancacci; parti pour Rome, il y mourut, peu de temps après, en proie à de cruels embarras d'argent. On sait pourtant que d'autres travaux importants lui furent commandés; par malheur ils ont disparu. (Gaston Cougny). | |