| Martial (M. Valerius Martialis) est un poète latin, né à Bilbilis (près de la ville actuelle de Calatayud), dans le Nord de l'Espagne, vers l'année 40, mort vers 103 (Pline, Epist., III, 21). La vie de Martial ne nous est guère connue que par ses oeuvres. Nous ne savons rien de sa première jeunesse. Il vint tenter fortune à Rome vers la fin du règne de Néron, sans doute en 64. D'après son propre témoignage (Epigram., X, 103; XII, 31 et 34), il y resta trente-quatre ans, ne s'éloignant guère de la capitale, sauf pour quelques mois de séjour en Cisalpine vers 87. Il paraît avoir débuté dans les lettres, sous les auspices de ses compatriotes, les Sénèque, dont il se fit le client. Il arriva à la célébrité sous la dynastie des Flaviens. De Titus et de Domitien, il reçut divers privilèges : le rang de tribun, les droits des chevaliers et le jus trium liberorum (Epigram., 11, 92; III, 95; IX, 98, etc.). Il était en relations d'amitié avec la plupart des gens de lettres du temps, Quintilien, Pline le Jeune, l'avocat Regulus, Juvénal, Silius Italicus, Valerius Flaccus, et il leur a dédié plusieurs de ses pièces (id., II, 90 et 93; VII, 63 et 91; X, 19; XII, 18, etc.). Sa réputation s'étendait jusqu'aux bords du Danube, en Gaule et en Bretagne (XI, 3). Mais son succès enrichissait surtout ses libraires, et lui-même n'en tirait que de maigres profits : il vivait presque uniquement des libéralités de ses nombreux patrons. À la fin du règne de Domitien, il avait acquis cependant une certaine fortune; il possédait une maison à Rome et une petite villa dans la Sabine, à Nomentum (II, 38; IX, 98). Cela ne I'empêcha pas de retomber dans la misère; et, quand il voulut quitter l'Italie, il ne put payer ses frais de route que grâce à la générosité de Pline (Epist., III, 21). En effet, l'âge venant, Martial s'était lassé de cette existence précaire qu'il avait toujours menée à Rome. D'ailleurs, il se sentait dépaysé dans la société nouvelle qui se formait autour de Nerva. Vers 98, il se décida donc à regagner l'Espagne. A Bilbilis, sa ville natale, on l'accueillit en enfant prodigue. Des admirateurs de son talent s'entendirent pour le mettre à l'abri du besoin. Une dame du nom de Marcella lui fit don d'une maison de campagne (Epigram., XII, 31). Il y passa les dernières années de sa vie, très heureux d'abord de cette paisible existence, si nouvelle pour lui, mais bientôt hanté par le souvenir et le regret de Rome (XII, 21). L'oeuvre complète de Martial a été conservée. Elle représente plus de 1500 petites pièces en 15 livres : 1 livre Sur les Spectacles; 12 livres d'Épigrammes; et 2 livres de distiques intitulés Xenia (cadeaux) et Apophoreta (étrennes). L'histoire de ces poésies est assez bien connue, grâce aux renseignements de toutes sortes qu'elles renferment. Martial les a toutes publiées lui-même, et il aime à parler de ses libraires, Atrectus, Secundus ou Tryphon. Tout au commencement du règne de Domitien, il donna le livre des Spectacles; dans les années qui suivirent, les Xenia et les Apophoreta; et de 85 à 98 environ, les onze premiers livres des Épigrammes, publiés séparément, presque un par an. Le livre XII des Épigrammes, où le poète parle beaucoup de l'Espagne, ne parut qu'après le retour à Bilbilis, en 101 ou 102. L'oeuvre entière est pleine de vie et d'intérêt. Dans le genre littéraire où il s'est volontairement confiné, Martial occupe le premier rang. On pourrait presque dire qu'il a inventé l'épigramme, au sens ou nous l'entendons; du moins l'a-t-il rendue plus vive et plus nerveuse; et il a fait entrer presque tous les sujets dans le cadre de ces petites pièces mordantes, toujours aiguisées en pointe. Il s'y montre tout entier, avec ses qualités et ses défauts. Il était bon, mais d'un caractère faible, et résigné à tout pour vivre, comme le montrent toutes les flatteries dont il a accablé Domitien (IV, 1; V, 1; VII, 1-2; 5-8; VIII, 1; IX, 4, etc.). De plus, le ton licencieux de ses poésies prouve assez qu'il fréquenta souvent de bien mauvaises sociétés. Mais, si l'on passe condamnation sur ce défaut de sens moral, on n'a plus guère qu'à louer dans l'oeuvre de Martial. Il a beaucoup d'esprit, de la verve, de l'imagination, le coup d'oeil juste, un vrai sentiment de la nature, une bonhomie malicieuse qui s'attaque aux vices en ménageant les personnes (Epigram., I, praefat.; VII, 12). Avec cela, un style très naturel, jamais alourdi ou gâté par la rhétorique du temps; des trouvailles d'expression, te sens artiste et une grande variété de rythmes. Il aime à regarder autour de lui dans tous les mondes, saisit aussiôt le trait caractéristique et rend à merveille ce qu'il a vu. Aussi trouve-t-on chez lui, sinon de vrais tableaux de moeurs, du moins une foule de croquis pittoresques et amusants, la chronique scandaleuse de la société romaine sous Domitien. Très apprécié déjà du public et des lettrés de son temps, Martial a toujours conservé beaucoup d'admirateurs. Il a été très lu et souvent cité par les grammairiens des derniers siècles de Rome. On a continué de transcrire ses oeuvres dans les couvents du Moyen âge. Aussi possédons-nous de nombreux manuscrits des Epigrammes. Depuis la Renaissance, Martial a toujours été l'un des plus souvent imprimés, des plus lus et des plus goûtés parmi les auteurs latins. (Paul Monceaux). | |
| Martial d'Auvergne, connu aussi sous le nom de Martial de Paris, poète et littérateur né vers 1440, mort en 1508. D'une famille probablement originaire de l'Auvergne, il fut notaire apostolique au Châtelet et pendant cinquante ans procureur au Parlement. Parmi ses ouvrages qui eurent le plus de succès il faut citer : Arrêts d'amour (Paris, 1528, plusieurs fois réimprimés), où sont raillés avec beaucoup d'esprit les ridicules de la vie galante; Vigiles du roi Charles VII, à neuf psaumes et neuf leçons, contenant la chronique et les faits advenus durant la vie dudit roi (Paris, 1490, 1493, in-fol.; 1505, 1528, in-8). Cet ouvrage renferme six à sept mille vers de mesures différentes. - Fragment des Vigiles « Il n'est tel plaisir Que d'être à gésir Parmy les beaux champs L'herbe verd choisir, Jouer qui a loisir Et prendre bon temps; Voyre à toutes gens, Bourgoys ou marchands, Pour eux rassaisir. Car petits et grands En vivent plus d'ans Selon leur désir. Mieux vaut la liesse, L'accueil et l'adresse, L'amour et simplesse Des bergiers pasteurs, Qu'avoir à largesse Or, argent, richesse Ne la gentillesse De ses grands seigneurs; Car ils ont douleurs Et des maulx greigneurs, Mais pour nos labeurs Nous avons sans cesse, Les beaulx prés et fleurs, Frutaires odeurs, Et joye à nos coeurs, Sans mal qui nous blesse.-» (Martial d'Auvergne). | Les Poésies de Martial d'Auvergne ont été recueillies et publiées à Paris (1724, 2 vol. in-8). Cette édition est regardée comme fautive. |