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Bulwer-Lytton
(Edward George Earle Bulwer, lord Lytton) est un écrivain
né à Heydon-Hall (Norfolk) le 25 mai 1803, mort à Torquai le 18 janvier
1873. Fils aîné du général William-Earle Bulwer et d'une mère très
riche, de la famille Lytton, établie à Knebworth, il fut élevé par
sa mère, puis à l'université de Cambridge,
où son poème Sculpture lui valut la médaille d'or du chancelier
(1825). II avait déjà publié Ismael (1820) et donna ensuite Weeds
and Wild Flowers (1826); O'Neill, or the Rebel (1827), pastiches
de Byron, et un roman ,
Falkland. Il conclut avec Rosina Wheeler (ci-dessous) un mariage
mal assorti (1827) d'où naquit un fils et une fille. Ils se brouillèrent,
et sa femme le diffama en d'intéressants romans. En 1828, Edward Bulwer
renonce à l'anonymat et fait paraître Pelham, or the Adventures of
a gentleman, dont le succès fut retentissant. Sa froide ironie et
son cynisme firent grand effet. Il voyageait et prenait goût à la littérature
allemande. Il publie ensuite The Disowned (1829); Devereux
(1829); Paul Clifford (1830) et une satire politique, The Siamese
Twins (1831). Le bourg de Saint-Ives l'élut à la Chambre des communes
où il s'unit au parti libéral pour la réforme électorale; celle-ci
supprime son siège, mais il est élu par la ville de Lincoln
(1832-41).
Au couronnement de la reine Victoria
(1838), il reçoit le titre de baronnet et la chevalerie héréditaire,
en récompense des services rendus au cabinet libéral de lord Melbourne
pour son pamphlet The Crisis. Il produit alors un curieux roman
criminel, Eugene Aram (1832), remplace Campbell
comme éditeur du New Monthly Magazine, rédige de pénétrants
articles de critique, réunis ensuite sous le titre de The Student
(1831). Alors paraissent England and the English (1833). Il revient
au roman dans The Pilgrims of the Rhine (1833), puis, après un
voyage en Italie, écrit ses deux chefs-d'oeuvre : The Last Days of
Pompei (Les Derniers jours de Pompéi,
1834) et Rienzi (1835); une mauvaise pièce The Duchess of La
Vallière (1836); un roman imité de Goethe,
Ernest Maltravers (1837), dont Alice (1838) forme la suite;
il y expose sa philosophie; Athens its Rise and Fall (1837) est
un magnifique exercice de rhétorique. Bulwer obtient enfin de brillants
succès au théâtre avec The Lady of Lyons (1838) et Richelieu
(1839) qui sont restés au répertoire, avec Money (1840) dont la
vogue fut inépuisable, et The Sea-Captain (1839), remanié sous le titre
de The Rightful Heir (1869). De la même époque datent ses romans
: Leila or the Siege of Granada (1840); Night and Morning
(1841); Zanoni (1842).
Sur ces entrefaites sa vie fut modifiée
par son échec aux élections de 1842 et par la mort de sa mère (1843)
qui lui laissa une grande fortune. C'est alors qu'il prit le nom de Bulwer-Lytton.
Il mène une vie retirée qui fut décisive pour son évolution. Il s'adonne
au roman historique, laissant peu de place à la fantaisie : The Last
of the Barons (1844) décrit la guerre
des Deux Roses; Harold (1845), la conquête normande;
il revient au roman avec Lucretia or the Children of Night (1846).
Il aborde tous les genres de poésie dans Eve and the ill-omened Marriage
(1842), psychologie personnelle; Poems and Ballads (1844), traduction
de Schiller; The New Timon, a romance of
London (1846), satire; King Arthur (1846), poème héroïque.
Il fonde à Knebworth un asile pour les littérateurs et artistes âgés
(Guild of literature and art, 1851), disparu en 1879. Pour cette fondation,
il fait jouer la comédie, Not so bad as we seem (1851). Il devint
alors collaborateur anonyme du Blackwoods Magazine; abordant enfin
dans le roman la description de la société contemporaine, il remporte
un véritable triomphe dans The Caxtons (1850), roman domestique
qui évoque le souvenir de L. Sterne. Il continue dans My Novel
(1852). A la même époque, il revenait à la politique et, dans sa Letter
to John Bull (8 livraisons, 1850), il passait aux torys. Ceux-ci l'élurent
député du comté d'Hertford (1852). Il s'attacha au parti de lord
Derby et obtint d'éclatants succès oratoires. Dans le ministère
Derby, il tint en 1858-59 le portefeuille des colonies. Ce fut lui qui
constitua la colonie de Colombie
britannique et abolit le monopole de la Compagnie de la baie d'Hudson
( Histoire du Canada ).
Edward Bulwer-Lytton inclina alors vers
le spiritisme ,
très à la mode à cette époque et qui imprègne ses romans What will
he do with it? et A Strange Story (1861). Il compose aussi :
Saint-Stephens, longue satire politique, et un grand nombre d'articles
de revues dans Blackwoods Magazine, Westminster Review et
Quarterly Edinburgh. Les principaux furent réunis sous le titre
de Caxtoniana (1864, 2 vol.), Miscellaneous prose works (1868,
3 vol.) et Essays (1875). Il écrit The Lost Tales of Miletus
(1866), traduit les odes
d'Horace (1869), publie une comédie, Walpole
(1869), et, sous le voile de l'anonyme, The Coming Race, fantaisie
utopique
sur les progrès de la science. Il avait pris rang dans la Chambre des
pairs avec le titre de lord Lytton de Knebworth (1866); il y plaida la
cause de la liberté de la littérature et de la librairie et appuya les
réformes irlandaises de Gladstone. Il fut
enseveli à l'abbaye
de Westminster.
Après sa mort, on a édité ses deux
derniers romans : Kenelm Chillingty et The Parisians, puis
un troisième inachevé, Pausanias the Spartiate
(1876); ses discours avec une introduction de son fils (1874, 2 vol.);
Pamphlet and sketches (1875). Une édition générale de ses oeuvres
parut sous le titre d'édition de Knebworth (1874, 38 vol., souvent rééd.).
Son fils a publié sa biographie sous ce titre Life, letters and literary
remains of lord Lytton-Bulwer (1883, 2 vol.).
Lytton-Bulwer (ou Bulwer Lytton) est un
des principaux écrivains anglais du XIXe siècle,
un des plus laborieux et des plus féconds; son érudition superficielle,
sa philanthropie, ses tendances germanophiles et antifrançaises plaisaient
fort à ses compatriotes. Ses romans sont amusants et ont été traduits
en plusieurs langues. L'originalité lui manque cependant.
(A19). |
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