| Christian Sörensen, dit Longomontanus est un astronome danois né à Lumborg (ou Laëngsberg), dans le Jütland, le 4 octobre 1562 mort à Copenhague le 8 octobre 1647. Le nom sous lequel il est connu désigne de fait le village où il naquit d'une famille de laboureurs. On a fait Longomontanus l'auteur du système mi-parti de ceux de Copernic et de Tycho Brahé; en effet, il admet le mouvement diurne de la Terre, quoiqu'il rejète le mouvement annuel : Raimond Ursus a eu la même idée. Il s'en fallait d'ailleurs de peu que Longomontanus ne fût copernicien : il emprunte de Copernic l'explication de la précession ou du mouvement apparent des étoiles; il donne au système de Copernic l'épithète d'admirable, et se contente d'appeler nouveau celui Tycho. Son tort fut d'avoir voulu prolonger le règne des méthodes surannées : par exemple, il semble n'avoir pas senti l'avantage des logarithmes dont un long exercice lui avait appris à se passer. Il fut envoyé d'abord à l'école du lieu, où il apprit à lire et à écrire. Ayant eu, à l'âge de huit ans, le malheur de perdre son père, il alla chez un de ses oncles qui continua de le faire étudier : mais comme ses parents n'avaient pas le moyen de le soutenir dans ses classes, il fut obligé de revenir chez sa mère, qui lui permit de partager son temps entre la lecture et les travaux de la campagne. La jalousie que ses frères conçurent contre lui, l'ayant déterminé à s'enfuir secrètement, il vint en 1577, à Wibourg (Viborg), où il demeura onze ans, travaillant une partie de la nuit pour se procurer du pain, et suivant les leçons des professeurs, pendant le jour. - Longomontanus (1562-1647). Il se rendit ensuite à Copenhague; et il y acquit, en peu de temps, l'estime des membres de l'université, qui le recommandèrent à Tycho Brahé : cet astronome l'accueillit avec bonté, et le retint près de lui depuis 1589 jusqu'à 1597, dans l'île de Hven, où il avait établi son observatoire. Longomontanus lui fut très utile pour ses calculs et ses observations astronomiques; et Tycho Brahé s'attachant de plus en plus a un jeune homme dont il prévoyait les succès, l'emmena à Wandenbourg, quand il se retira dans cette ville, et de là au château de Benach près de Prague, que l'empereur Rodolphe Il lui avait donné. Cependant Longomontanus lui ayant témoigné le désir de retourner au Danemark, il ne voulut pas s'y opposer, et lui donna un certificat dans les termes les plus honorables. Il visita, en revenant, les lieux illustrés par le séjour qu'y avait fait Copernic. A son arrivée à Copenhague, il trouva un protecteur dans le chancelier Christian Friis de Borrebye, qui lui donna un emploi honnête dans sa maison : il fut nommé, en 1603, recteur du gymnase de Wibourg, et, deux ans après, professeur de mathématiques à l'académie de Copenhague, emploi auquel il bornait toute son ambition, et qu'il remplit pendant quarante ans , de la manière la plus consciencieuse. Le roi ajouta à son traitement les revenus d'un canonicat du chapitre de Lund. Longomontanus mourut à Copenhague, le 8 octobre 1647. Il avait eu de son mariage avec une soeur de Gaspard Bartholin, deux fils, auxquels il eut le chagrin de survivre, et deux filles. Longomontanus a publié plus d'une quinzaine d'ouvrages, dont certains sont philosophiques ou chronologiques. On se contentera de citer : • Cyclometria verè et absolutè in ipsâ naturâ circuli cum rectilineo inventa, etc., Copenhague, 1612; Hambourg, 1627, et Paris, 1664, in-4°; la seconde édition est due aux soins de George-Louis Froben, savant libraire de Hambourg : mais c'est par erreur que , dans son Diarium biographicum, Witte attribue cet ouvrage à Froben , qui déclare lui-même qu'il le tenait d'un disciple de Tycho Brahé. • Astronomia Danica in duas partes tributa, etc., Amsterdam, 1622), in-4°; 1630, 1640, 1663, in-fol. Cet ouvrage est composé d'après les observations de Tycho. Longomontanus y a exposé les systèmes de Ptolémée, de Copernic et de Tycho Brahé avec la pensée de les concilier. Il admet la rotation de la Terre autour de son axe. « Les hypothèses que Longomontanus y emploie sont proprement celles de Tycho [...]; et il montre assez peu de discernement, en préférant ces hypothèses à celles que Kepler avait déjà établies si solidement; aussi cet ouvrage n'a-t-il pas joui long temps de quelque réputation parmi les astronomes.» (Montucla, Histoire des mathématiques, t. II, p. 333). • Pentas problematum philosophiae, Copenhague, 1623, in-4°. • Inventio quadraturae circuli, ibid. 1634 , in-4°. Longomontanus s'imaginait avoir trouvé la quadrature du cercle : ce fut eu vain que J. Pell, mathématicien anglais et d'autres savants, cherchèrent à lui prouver qu'il se trompait; toutes les représentations ne purent le ramener. Dans tous les écrits qu'il a publiés ensuite, Longomontanus revient sur cette prétendue découverte, qu'il défendit avec une sorte de fureur, contre ceux qui tentaient de le dissuader : on doit dire, à sa décharge, avec Montucla, qu'il était alors tombé dans une espèce d'enfance. Il mourut persuadé de la réalité de sa découverte. Longomontanus eut aussi la faiblesse de croire aux jours et même aux nombres malheureux, et resta fidèle aux croyances astrologiques; au surplus, il a traité la gnomonique, et notamment la description des arcs des signes, d'une manière qui lui est propre et qui ne manque pas d'adresse. (W-s). | |