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Fortunio Liceti (Fortunius Licetus) est un érudit italien, né à Rapallo, dans l'Etat de Gênes, le 3 octobre 1577, mort à Padoue le 16 mai 1657. Né avant terme et élevé avec des précautions extraordinaires, ce fut un enfant célèbre. En 1599, il perdit son père qui était médecin, mais, dès l'année suivante, muni du double doctorat de philosophie et de médecine, il allait enseigner la logique à Pise. Appelé à Padoue en 1609, il eut le plus grand succès dans l'enseignement de la philosophie d'Aristote, se laissa gagner en 1637 par les offres de l'université de Bologne, puis ramener à Padoue comme professeur de médecine théorique (1645). Ses ouvrages, pleins d'érudition, témoignent souvent d'une crédulité singulière. Plusieurs eurent un grand succès, et, en particulier, les recherches de Liceti comme antiquaire ont encore de la valeur. En astronomie, il a tenté d'accorder les doctrines d'Aristote aux découvertes des astronomes de son temps. Quelque mots sur les ouvrages astronomiques de Liceti, analysés par Delambre : De novis astris et cometis • Que les astronomes n'ont pu se tromper, quand ils ont conclu du défaut de parallaxe des comètes;Dans cette double persuasion, l'auteur va s'efforcer de tout expliquer, sans porter atteinte aux principes posés par Aristote. Le premier livre est en grande partie historique, l'auteur y recueille tout ce qu'on a dit sur les comètes. Dans le second il veut prouver qu'Aristote n'a pas dit qu'il ne pût se former ou se dissiper rien dans le ciel, mais seulement que les astres aussi anciens que le monde ne sont sujets à aucune corruption et ne peuvent périr. (En ce cas, il aurait pu en dire autant de la Terre). Les astres nouveaux se forment par condensation et non par une création proprement dite, qui les tirerait du néant (on commence à reproduire cette idée de Liceti). Aristote rapporte que deux parhélies vus au Soleil levant, ont duré jusqu'au coucher du Soleil dans le Bosphore. Louis Colombus croyait les nouvelles étoiles (Novae, Supernovae) aussi anciennes que le monde, et qu'elles devenaient viables, quand une partie d'une sphère plus dense venait à passer au-dessous, et qu'elle en grossissait l'image. Artémidore croyait que les étoiles nouvelles n'étaient visibles que dans le périgée de leur épicycle; en ce cas, elles auraient dû avoir un mouvement. Puteanus croyait les comètes formées de la matière des taches du Soleil. Tout le second livre est employé à réfuter ces idées et beaucoup d'autres de même genre, rapportées par Képler et Tycho Brahé. Dans le troisième, il propose ses conjectures sur la formation des comètes et des étoiles nouvelles. Dans le quatrième, il répond aux objections qu'on lui a faites. Longues discussions de peu d'intérêt. Dans le cinquième, au chap. XII, il parle de trois étoiles nouvelles vues auprès de Cassiopée. Au chapitre XIX, il parle de Vénus qui, à en croire Varron, avait changé son cours. C'est une chose qui est arrivé souvent, qu'on ait pris pour Vénus un astre nouveau ou une planète qui, dans quelque circonstance paraît plus brillante qu'on ne la voit ordinairement. Le reste du cinquième livre est une espèce de concordance entre Aristote et l'astronomie. Si les principes de ce philosophe peuvent se concilier avec les démonstrations astronomiques, on peut en féliciter les partisans d'Aristote; mais ses opinions ne peuvent rien ajouter à la force des démonstrations. Le sixième livre est une epèce de supplément aux cinq premiers. L'auteur y revient sur quelques points déjà traités. De Regulari motu minimaque parallaxi Cometarum disputationes. De Terra unico centro motus singularum coeli partium. De Lune sub obscura luce prope conjonctiones et in eclipsibus. Cette zone est d'environ 16'' de hauteur; vue de la Terre, elle ne peut être que de 5"; elle doit être éclairée très obliquement et très faiblement, et ne nous renvoyer que peu de rayons; elle doit donc être difficilement aperçue, d'autant plus que nous ne voyons pas un hémisphère entier. Si nous pouvions voir la Lune réellement en conjonction, et on ne la voit ainsi que dans les éclipses totales de Soleil, nous n'apercevrions rien de cette zone; car nous ne verrions pas même toute la partie obscure. Liceti ne fait aucun de ces raisonnements, il se borne à dire que la lumière qu'on voit dans les deux cas qu'il considère, est la lumière propre de la Lune. Vitellon croyait que la lumière du Soleil pénètre tout le corps de la Lune, Alpétragius en disait autant de Vénus et de Mercure; il expli quait ainsi pourquoi, comme on le croyait alors, ces planètes n'éclipsaient jamais le Soleil. D'autres veulent que cette lumière cendrée et celle des éclipses, soit la lumière propre de la Lune, et Liceti se range à cette opinion. D'autres voulaient qu'elle vint de Vénus ou des étoiles. Maestlin et Galilée avaient dit comme Léonard de Vinci, que c'est la lumière du Soleil réfléchie par la Terre et renvoyée par la Lune. Liceti affirme, on ne sait pourquoi, que la Terre est peu propre a réfléchir la lumière. Il attribue de même à l'éther réfléchissant les rayons du Soleil, la lumière que nous envoie encore la Lune éclipsée. Il prétend que le centre de la Lune est plus brillant que les bords; Képler a trouvé précisément le contraire dans la chambre obscure, pour ne rien dire des raisons qui démontrent a priori ce que l'expérience atteste. Le second livre est un procès qu'il soutient contre Galilée devenu aveugle. Galilée avait autrefois observé une éclipse dans laquelle la Lune avait totalement disparu, ce qui est assez rare; il en avait conclu que la Lune n'avait pas de lumière propre; il ne voyait que la Terré qui pût produire la lumière cendrée. Liceti l'avait combattu, Galilée avait répliqué, et Licetis cherche de nouveau à le réfuter; mais si faiblement et si longuement, que l'on perd patience. Dans le troisième livre, il examine les idées de Gassendi qui s'était déclaré pour Galilée; il disserte de nouveau sur son éther. Il veut prouver que la lumière du Soleil, réfractée par l'atmosphère terrestre, ne peut éclairer la Lune, parce que les rayons doivent sortir ou parallèles ou si peu convergents, qu'ils doivent se réunir bien au-delà de l'orbite de la Lune. Cette dissertation n'a pas moins de 464 pages, et Aristote y est sonvent cité comme une autorité presque irréfragable. (Delambre). |
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