| Lambert le Tort (en ancien français Lamberz li Tors).. - Trouvère du Moyen âge, un des auteurs du poème en vers dodécasyllabiques d'Alexandre le Grand. Nous ne savons de lui que ce qui est dit dans trois vers de cette oeuvre : La verté de l'estoire, si com li rois la fist, Uns clers de Chastiaudun, Lamberz li Tors, escrist, Qui del latin la traist et en romans la mist. Un mauvais manuscrit, utilisé par Fauchet au XVIe siècle, porte Li Cors, au lieu de Li Tors, si bien que notre poète est souvent appelé, mais à tort, Lambert le Court. C'était un clerc de Châteaudun : nous devons nous contenter de ce maigre renseignement biographique. Il écrivait, selon toute vraisemblance, vers 1170, et sa part dans le Roman d'Alexandre est limitée à ce que Paul Meyer appellait la troisième branche, qui comprend la poursuite et la mort de Darius, la descente d'Alexandre au fond de la mer, l'expédition contre Porus, les merveilles de l'Inde, la seconde défaite et la soumission de Porus, le voyage aux bornes d'Hercule, le duel d'Alexandre et de Porus, l'épisode de la reine Candace et du duc de Palatine, la prise de Babylone, la guerre contre les Amazones et la trahison d'Antipater et de Divinuspater. Lambert le Tort a laissé de côté l'enfance et les premiers exploits d'Alexandre parce qu'ils formaient le sujet d'un poème en vers décasyllabiques, par le clerc Simon, qu'il s'est proposé de continuer, non de faire oublier. Mais son oeuvre n'a pas été l'objet du même respect qu'il avait témoigné à celle de son devancier. Vers 1190 un autre poète, Alexandre de Bernay, remania et interpola la troisième branche. Paul Meyer incline à croire que Lambert le Tort avait poussé l'histoire d'Alexandre jusqu'au récit de sa mort, et que la fin de son poème a été arbitrairement supprimée pour faire place à l'oeuvre soit d'Alexandre de Bernay, soit d'un autre poète contemporain de ce dernier, Pierre de Saint-Cloud. Ainsi l'oeuvre de Lambert le Tort ne nous est parvenue ni dans son texte authentique, ni dans son étendue primitive. (Ant. T.). | |