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Edmond Nicolas
Laguerre est un mathématicien
né à Bar-le-Duc le 9 avril 1834,
mort à Bar-le-Duc le 141 août 1886. Il était encore
lycéen lorsqu'il donna en 1853, dans les Nouvelles Annales de
mathématiques, une élégante solution d'un problème
qui préoccupait alors les mathématiciens : celui de la transformation
des propriétés métriques angulaires. Il entra, la
même année, à l'Ecole polytechnique, en sortit dans
l'artillerie et tint successivement garnison à Metz,
à Mutzig, à Strasbourg,
employant les heures que lui laissait le service de sa batterie à
poursuivre ses recherches mathématiques.
En 1864, il fut nommé répétiteur à l'Ecole
polytechnique, en 1874, examinateur d'admission à la même
école. Le 11 mai 1835, l'Académie
des sciences de Paris l'élut membre
de sa section de géométrie en remplacement de Serret, et,
peu après, Bertrand lui confia la suppléance
de sa chaire de physique mathématique au Collège
de France.
L'un des fondateurs de la géométrie
moderne, Edmond Laguerre, dont la modestie égalait l'érudition,
n'a publié qu'une faible partie des résultats de ses travaux,
et ses plus belles découvertes sont même demeurées
assez longtemps ignorées du monde savant.
Il s'était tout d'abord appliqué
à représenter d'une façon concrète les points
imaginaires du plan et de l'espace, avait compris, le premier, le rôle
important de l'aire du triangle sphérique dans la géométrie
de la sphère et avait étendu à toutes les courbes
algébriques la théorie des foyers.
Il s'occupa ensuite de l'interprétation
des formes homogènes, imagina deux systèmes nouveaux de coordonnées,
dont l'un, appelé par lui équation mixte, met en évidence
les tangentes qu'on peut mener à la courbe d'un point extérieur.
Il signala en même temps plusieurs
propriétés nouvelles des courbes et des surfaces anallagmatiques,
étudia les lignes géodésiques et la courbure des surfaces
anallagmatiques, étendit aux fonctions
hyperelliptiques le théorème de Poncelet
et aux surfaces du second ordre celui de Joachimstahl et, habile analyste
au tant que profond géomètre,
développa dans un remarquable mémoire Sur les Systèmes
linéaires, publié en 1867 par le Journal de l'Ecole
polytechnique, tous les points essentiels de le théorie des
substitutions linéaires.
Un peu plus tard, il créa la géométrie
de direction. Puis, reprenant la question des équations
algébriques et jugeant insuffisantes les méthodes de Sturm
et de Newton, il simplifia encore la démonstration
de la règle des signes de Descartes,
l'appliquant d'ailleurs aux séries infinies
aussi bien qu'aux polynômes, et il trouva qu'il était préférable
de remplacer l'équation à résoudre par une équation
du deuxième degré, plutôt que par une du premier; il
donna en outre une méthode pour séparer et calculer les racines
imaginaires, approfondit la classification en genres des équations
transcendantes entières et, s'aventurant plus loin qu'on ne l'avait
fait avant lui dans l'étude des fractions continues algébriques,
démontra que d'une série divergente on peut déduire
une fraction continue divergente. Toute cette partie de son oeuvre est
le plus remarquable.
Citons enfin ses applications de la méthode
de Monge et du principe du dernier multiplicateur,
ses leçons du Collège de France sur l'attraction des ellipsoïdes,
dans lesquelles cette théorie est présentée sous un
jour tout nouveau.
Ses écrits comprennent environ cent
cinquante mémoires originaux parus dans les Nouvelles Annales
de mathématiques, dans les Comptes rendus de l'Académie
des sciences de Paris, dans le Bulletin de la Société
philomatique, dans le Bulletin de la Société mathématique,
dans le Journal de Liouville, etc. Il
a seulement publié à part : Note sur la résolution
des équations numériques (Paris, 1880, in-8); Théorie
des équations numériques (Paris, 1884, in-4); Recherches
sur la géométrie de direction (Paris, 1885, iii-8). En
1887, l'Académie des sciences a rendu à son oeuvre un hommage
posthume en lui décernant le prix Petit d'Ormoy. (L.
S.). |
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